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Bradley Manning, condamné pour l'exemple

Anne Le Touzé22 août 2013

La presse allemande commente la condamnation à 35 ans de prison du jeune militaire américain à l'origine du scandale Wikileaks. Celui-ci a été reconnu coupable d'avoir divulgué des milliers de documents confidentiels.

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Bradley Manning est prêt à purger sa peine au nom de l'idéalisme
Bradley Manning est prêt à purger sa peine au nom de l'idéalismeImage : Reuters

Le parquet militaire avait requis 60 ans de réclusion. La Süddeutsche Zeitung estime que la sentence est brutale, même si elle est bien inférieure à la peine requise par le parquet militaire. L'administration de Barack Obama a obtenu le signal qu'elle voulait. Qui trahit des secrets, trahit son pays. Qui trahit son pays, passe le restant de ses jours en prison. Le journal résume : aux États-Unis, ceux qui osent alerter l'opinion publique d'éventuelles dérives de l'État sont traités de la même façon que les meurtriers.

Die Welt relativise. Même s'il devait purger la totalité de sa peine, Bradley Manning n'aurait que 54 ans à sa sortie. Il aurait donc encore la moitié de sa vie à passer en liberté. La justice américaine ne pouvait pas le relaxer car cela aurait sapé l'autorité des États-Unis. Mais Bradley Manning, tout comme Edward Snowden, auraient dû, s'ils soupçonnaient des pratiques illégales, s'adresser en priorité au parlement et non à un groupe internet où à un État étranger. La confiance dans les institutions, explique Die Welt, est un élément essentiel d'une démocratie qui fonctionne.

La prison Abu Ghraib de Bagdad, tristement célèbre depuis les photos de torture de prisonniers par des soldats américains
La prison Abu Ghraib de Bagdad, tristement célèbre depuis les photos de torture de prisonniers par des soldats américainsImage : picture-alliance/dpa/dpaweb

Le cas de Bradley Manning est sensible, reconnaît la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il faut juger différemment les informations divulguées par le soldat. D'un côté, il y a celles qui mettent en danger des camarades encore au combat. Ou encore celles, contenues dans les câbles diplomatiques, qui portent atteinte à l'image des États-Unis. Mais dans le cas de crimes perpétrés par des soldats américains, comme le bombardement manifestement arbitraire de civils depuis un hélicoptère, peut-on être sûr que cette affaire aurait été révélée au public par un autre biais ?

La plupart des crimes évoqués dans les documents transmis par Bradley Manning à Wikileaks n'ont pas été l'objet d'enquêtes, rappelle die tageszeitung. Et lorsqu'il y en a eu, comme dans le cas des tortures à la prison irakienne d'Abu Ghraib, les responsables ont tous été relâchés après de courtes peines. Lorsque l'on commet un crime en uniforme, on est donc protégé, mais si on révèle ce crime au public, on est condamné. Ce n'est pas du droit, c'est la perversion du droit. Les États-Unis ne sont pas une dictature, mais ils se comportent comme tel lorsqu'il s'agit de couvrir des crimes perpétrés au service de l'État...