1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Bénin : les raisons des violences

17 juin 2019

Le calme est revenu à Savè et à Tchaourou, la ville natale de l’ancien président Thomas Boni Yayi. Des analystes établissent des liens entre ces tensions et les differends entre Patrice Talon et son prédécesseur.

https://p.dw.com/p/3Kbay
Benin,  Krawalle in Cotonou
Image : Getty Images/Y. Folly

"Nous glissons vers l'ethnocentrisme et le régionalisme" (Martin Assogba)

Le calme semble revenu dans le centre du Bénin, ce lundi 17 juin, après une semaine d'affrontements violents entre les forces de l'ordre et des partisans de l'ancien président Boni Yayi. La semaine dernière des violences avaient éclaté à Tchaourou, la ville natale de l'ancien président, après l'arrestation de deux personnes accusées de violences électorales lors des législatives du 28 avril. Des violences avaient aussi eu lieu à Savè, où des soldats auraient tiré à balles réelles. On dénombre au moins deux morts coté civils. Aujourd'hui une médiation des cadres de la région est en cours pour apaiser les tensions. 

Comment expliquer les violences ? 

Lorsqu’il était aux commandes du Bénin, Thomas Boni Yayi avait accusé Patrice Talon, son ex-allié et prospère homme d’affaire d’avoir tenté de l’empoisonner. Même si les deux hommes se sont réconciliés, le président de l'Ong Alcrer (association de lutte contre le racisme, l'ethnocentrisme et le régionalisme) estime que c’est ce différend qui est à l’origine des tensions actuelles. "Ça devient comme une question de personnes entre ces deux personnalités là. Ce n'est plus une question politique", estime-t-il. "Vous voyez que l'ancien président  est supporté quasiment par sa zone de naissance. Déjà, nous glissons vers l'ethnocentrisme et le régionalisme", craint Martin Assogba.

"La crise au Bénin est politique et non ethno régionaliste " Gilles Olakounlé Yabi, fondateur et directeur du West Africa Citizen Think Tank (WATHI).

Il ajoute que le fait que l’ancien président Thomas Boni Yayi n’ait pas la possibilité de quitter son domicile de Cotonou est une preuve supplémentaire de l’inimitié entre les deux hommes qui a pour conséquence l’exacerbation de cette crise politique. Pour leur part, les avocats Thomas Boni Yayi ont dénoncé un "assassinat politique", perpétré par le président Patrice Talon contre son adversaire.

Conséquences de la crise post-électorale

Victor Topanou : "il s'agit exclusivement des conséquences de la crise post-électorale"

"Dire que c'est simplement les relations personnelles difficiles entre les deux hommes qui conduisent à ça, je ne pense pas. Il s'agit exclusivement des conséquences, des éléments de la crise post-électorale", rétorque Victor Topanou, politologue et professeur de sciences politiques à la faculté de droit et de sciences politiques de l’université d’Abomey-Calavi au Bénin.

 

Appels à la retenue

À l'instar des leaders religieux, le représentant résident de la Fondation allemande Friedrich Ebert à Cotonou appelle les différentes parties à la retenue. "J'espère que les différentes parties vont essayer de se retrouver et de voir comment trouver une solution à cette crise politique qui est un danger pour la paix sociale dans le pays", confie Hans-Joachim Preuss.

"Cette crise politique est un danger pour la paix sociale" - Hans-Joachim Preuss

Acteur principal dans la réconciliation entre Patrice Talon et Thomas Boni Yayi, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara a dépêché, à Cotonou, le 12 juin dernier, un médiateur pour tenter de résorber cette crise. Il s’agit de Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence. Cette visite est intervenue deux jours avant celle effectuée à Abidjan par Pascal Koupaki, ministre d’État et secrétaire général de la présidence béninoise, et Aurélien Agbenonci, ministre des Affaires étrangères.

Selon les autorités béninoises, 50 policiers ont été blessés à Tchaourou et à Savé lors des affrontements qui ont opposé la semaine dernière les partisans de l'ex-président aux forces de l’ordre.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona