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Tabou peine à se reconstruire après la crise de 2010

Julien Adayé
17 juin 2019

Située dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, à 400 kilomètres d’Abidjan et proche de la frontière du Libéria, la ville de Tabou et sa région se sont vidées de leur population durant la crise post-électorale de 2010.

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Elfenbeinküste Symbolbild zur Arbeit der DW Akademie
Image : DW/E.Ern

'’Les élections à venir me font peur, la même situation peut se reproduire" (Habitant de la ville de Tabou)

Mais depuis deux ans, de nombreux exilés reviennent du Libéria où ils avaient fui et s'efforcent de se réinsérer dans la société ivoirienne. 

C’est avec des chants et des acclamations que les enfants du village de Ranuinké, situé seulement à un kilomètre du Libéria, ont accueilli la délégation des bailleurs de fonds et des ONG qui ont contribué au retour des populations et à la reconstruction de leur village.

Pour faciliter leur réinsertion, les femmes du village ont été regroupées dans un projet dénommé AGR - activités génératrices de revenus. Mariette explique que c’est ce qui leur permet de se prendre en charge. ’’Si on travaille pendant deux mois, on perçoit chacune une aide de 30.000 francs CFA. C’est ce qui nous sauve actuellement. C’est comme ça qu'on se débrouille et ça nous aide beaucoup,’’ conclut-elle.

Afrika Fischerei l Mitarbeiterinnen in der Côte d'Ivoire
Image : USCOFEP Côte d'Ivoire

L’Allemagne a pour sa part injecté deux millions d’euros dans le financement de projets visant à accueillir les personnes rentrés du Libéria.

Craintes de dérapage en 2020

En visitant la savonnerie des femmes de Ranuinké, Michael Grau, ambassadeur d’Allemagne en Côte d’Ivoire, a insisté sur la reconstruction économique de la région. ’’L’activité économique est un élément de ce projet. C’est intéressant de voir la façon dont les femmes s’investissent. C'est là un petit indice de croissance économique parce que les résultats des ventes de savon ont permis d’acheter une broyeuse,’’ confie Mr. Grau

Mais à l’approche de la prochaine élection présidentielle, ces anciens exilés du Libéria voisin, qui ont vécu et subi les conséquences de la guerre, redoutent que le pays sombre dans une nouvelle crise post-électorale. ‘’ 2020 c’est maintenant. Mais je pense que par rapport à ce que nous avons vécu les années passées, nous avons conscience de l’importance de ne plus commettre les mêmes erreurs et d’être toujours dans la paix, souligne cet habitant de Tabou dont le concitoyen partage les mêmes craintes ‘’les élections à venir me font peur. Parce qu'on a vécu une situation similaire dans le passé et on croit que cela peut se reproduire. Mais je ne veux pas que la même chose se répète pour les élections à venir.’’

La reconstruction de Tabou et sa région semble difficile après la crise de fin 2010 et début 2011. Car cette localité manque de tout ou presque. Les infrastructures routières sont très dégradées et les centres de santé demeurent sommaires.

Il n'existe par ailleurs aucun lieu de divertissement ni de véritables possibilités d’emplois pour les jeunes.

Tabou prendra donc encore du temps pour renaitre alors que cette localité était, avant la crise, un des plus beaux sites touristiques de la Côte d’Ivoire.