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Côte d'Ivoire : un parti d'ex-combattants voit le jour

Julien Adayé
7 août 2019

Des ex-combattants proches d'Alassane Ouattara mais aussi de Laurent Gbagbo se retrouvent dans le même parti politique.

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Elfenbeinküste Yamoussoukro City
Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

Ecoutez le reportage de notre correspondant...

C'est pour tenter d'éviter une nouvelle crise et que les ex-combattants ne soient manipulés et utilisés par des hommes politiques, que Babily Dembélé a lancé le Congrès ivoirien pour le développement et la paix (CIDP) qui réunit des ex-combattants proches du président Alassane Ouattara mais aussi de son prédécesseur Laurent Gbagbo

Cet homme d'affaires veut participer à la réconciliation dont on parle tant dans le pays :
"Nous sommes dans un cadre de réconciliation des Ivoiriens. Vous avez vu, ce sont bien deux protagonistes, c’est-à-dire les deux groupes opposés qui ont fait la guerre dans ce pays. Les pro-Ouattara et les pro-Gbagbo. Finalement, après plusieurs négociations, la Côte d’Ivoire étant une et indivisible, nous avons décidé de parler de paix et de réconciliation.’’

Demander pardon
Si abandonner les armes et venir à la vie civile est à saluer, Désirée Douaty, présidente de l’Association des femmes et familles des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire, souhaite qu’avant toute chose ces ex-combattants demandent pardon publiquement à la nation. Pour elle, cela constituerait un gage de crédibilité.

"Il y a eu beaucoup de meurtrissures, il y a eu beaucoup d’orphelins et de victimes. Je salue déjà le fait qu’ils laissent tomber les armes mais ce serait bien qu’ils présentent solennellement leurs excuses au peuple ivoirien. Tout le monde fait des erreurs et tout le monde a droit au pardon mais pour obtenir le pardon, il faut faire les pas justes. J’espère qu’ils feront ces pas dans les jours à venir."

Dans le milieu politique ivoirien, tout le monde n’apprécie pas l’arrivée de ces ex-combattants. Joël N’Guessan, du parti au pouvoir le RHDP, estime qu'ils devraient plutôt bénéficier d'une insertion socio-professionnelle :

"C'est leur droit de faire de la politique. Mais ce que je leur souhaite c’est de créer les activités pour se mettre au travail, qu’ils créent des activités qui leur procurent un revenu pour qu’ils puissent s’occuper de leurs femmes et leurs enfants. Ce n’est pas en disant je viens à la politique qu’ils vont avoir un avenir. Leur avenir se trouve dans l’emploi et surtout dans l’auto-emploi."

Encore du chemin à faire
Youssouf Ouattara, ex-combattant et vice-président du parti, explique pour sa part que la Côte d’Ivoire est aujourd’hui divisée en blocs. D’où la raison de la création de cette formation politique :

"En Côte d’Ivoire on parle beaucoup de "pro". Mais nous ne voulons pas être des ‘’proïstes’’, nous voulons nous engager politiquement dans un parti qui n’est ni de la gauche ni de la droite, qui ne parle pas de pro mais qui a un engagement pour la paix et le développement. A travers le CIDP, nous voulons reprendre ces chemises politiques pour réparer ce que nous n’avons pas réussi à faire avec les armes."

Les responsables de ce nouveau parti qui se définissent comme des socialistes auront sans doute leur mot à dire dans les prochaines échéances électorales. Mais le chemin est encore long pour ce jeune parti qui aura besoin de faire ses preuves et surtout de rassurer la population ivoirienne.

Ecoutez le reportage de notre correspondant...