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L'émission sur le viol de NCI suscite toujours l'indignation

Julien Adayé
1 septembre 2021

Les réactions continuent après une émission sur le viol sur la chaine ivoirienne NCI. La fondation allemande Friedrich Ebert a suspendu toute collaboration avec la chaine.

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Manifestation à Abidjan pour dénoncer la culture du viol.
Manifestation à Abidjan pour dénoncer la culture du viol.Image : SIA KAMBOU/AFP

 Lundi 30 août, l'animateur Yves de M'Bella a invité dans son émission sur la Nouvelle chaine ivoirienne (NCI) - censée dénoncer le viol - un ancien violeur et lui a demandé d’expliquer comment il s’y prenait pourvioler les femmes. Ceci en direct et à une heure de grande écoute.

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Encore des condamnations

Depuis la diffusion de cette émission, les condamnations se multiplient. Nassénéba Touré, la ministre ivoirienne de la Famille, de la femme et de l’enfant a, au nom du gouvernement, condamné les faits et a promis qu’une suite juridique sera donnée à cette affaire.

 " Au nom du gouvernement ivoirien et en mon nom propre, nous tenons à condamner avec la dernière énergie cette émission qui a été malheureusement l’occasion, pour ces nombreuses braves femmes survivantes de viol dans notre pays, de revivre ces épisodes douloureux et traumatisants de leur vie " a précisé la ministre.
De son côté, la fondation allemande Friedrich Ebert a publié un communiqué pour dire qu’elle ne serait plus associée à NCI. Thilo Shöne, son directeur pays, explique que c’est leur manière de montrer leur soutien à leurs partenaires des organisations féminines et à toute la société civile ivoirienne.
 ‘’ Nous étions choqués par ce que nous avons vu dans l’émission. Nous avons vu une banalisation du viol, nous avons entendu des questions choquantes de l’animateur et nous avons vu comment il était montré à tous les spectateurs, y compris des jeunes, comment il faut faire pour violer une femme. Et c’est quelque chose qui ne devrait pas exister ni dans la société ni dans les médias ‘’ précise t-il.

Des femmes manifestent

Plusieurs femmes, essentiellement jeunes, ont organisé un sit-in ce mercredi (01-09.2021) matin devant le siège de la NCI, responsable de la diffusion de cette émission.
‘’On est scandalisées qu’un média ivoirien se permette d’illustrer le viol. On est encore plus scandalisées par les sanctions, c’est pour cela qu’on est là aujourd’hui. En espérant qu’i y ait une amélioration dans les sanctions ’’ réagit une manifestante.
 ‘’ C’est le moment de dire aux victimes : ce n’est pas de ta faute. C’est le moment de dire aux garçons : il ne faut pas violer tout simplement ’’ précise une autre.

Cliquez pour écouter les précisions de Julien Adayé

Lire aussi : Des marches contre les violences faites aux femmes
Bénédicte Joan de l’ONG Stop chat noir explique que l’animateur était en quête de publicité. Pour elle, tout avait été bien planifié et orchestré. C’est pour cela que son ONG demande des sanctions exemplaires.
 ‘’ C’est du buzz qu’il cherchait. Il cherchait à se faire de la publicité. La présence du mannequin tout ça a été calculé. Les chroniqueurs, les invités qui ne disent rien. On attend que justice soit faite. On attend qu’il y ait des conséquences sur cette rédaction ’’ explique Bénédicte Joan.
L’animateur a été suspendu d’antenne à la radio et à la télévision pour une période de 30 jours par la Haute autorité de la communication et de l’audiovisuel. Il a aussi perdu le contrat d’animation de la finale du concours de beauté Miss Côte d’Ivoire qui a lieu ce week-end.
Par ailleurs il a passé la nuit derrière les barreaux à la brigade de recherche et il devait se présenter ce mercredi devant le procureur de la République qui pourrait le poursuivre pour atteinte aux mœurs ou apologie du viol.

Aux dernières nouvelles, 24 mois d’emprisonnement avec sursis assorti d’une amende d’un million a été requis contre Yves de Mbella par le procureur.