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Calculs politiques en Russie

Aude Gensbittel23 décembre 2013

Vendredi, l'ex-patron du géant pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, a été libéré après 10 ans d’internement, suite à une grâce présidentielle. C’est à Berlin qu’il a fait dimanche ses premières déclarations publiques.

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Mikhaïl Khodorkovski a donné une conférence de presse à Berlin dimanche
Mikhaïl Khodorkovski a donné une conférence de presse à Berlin dimancheImage : picture-alliance/dpa

« Khodorkovski renonce à une lutte de pouvoir avec Poutine », titre Die Welt en première page. Selon le journal, Mikhaïl Khodorkovski a clairement dit qu’il ne pouvait pour l’instant pas s’imaginer retourner en Russie. Celui qui était autrefois l’homme le plus riche du pays a expliqué qu’il n’avait aucune garantie de pouvoir repasser la frontière s’il le faisait.

En 2004, Mikhaïl Khodorkovski avait été jugé pour fraude fiscale et escroquerie
En 2004, Mikhaïl Khodorkovski avait été jugé pour fraude fiscale et escroquerieImage : Oleg Nikishin/Getty Images

Pour Vladimir Poutine, la libération de Mikhaïl Khodorkovski ne représentait plus un très grand risque politique, écrit la Frankfurter Rundschau. Deux ans après le mouvement de contestation qui avait précédé sa réélection, le président russe se sent à nouveau bien en selle. Il sait que la libération de Khodorkovski ne va pas donner de nouvel élan à l’opposition russe et que l’ancien oligarque n’a pas l’étoffe d’un meneur pour l’opposition.

La Russie est aujourd’hui un autre pays qu’il y a dix ans, note de son côté la Süddeutsche Zeitung. Jusqu’au début des années 2000, les oligarques avaient de l’influence sur la politique et les médias. Aujourd’hui, qui veut faire des affaires sans avoir de problèmes laisse au Kremlin le soin de s’occuper de la politique. La libération de Khodorkovski peut-être considérée comme un succès de la diplomatie allemande, mais elle n’aurait pas eu lieu si Poutine n’avait pas décidé que c’était le bon moment et qu’il pouvait en tirer un avantage.

Vendredi dernier, Vladimir Poutine avait annoncé la grâce de Mikhaïl Khodorkovski
Vendredi dernier, Vladimir Poutine avait annoncé la grâce de Mikhaïl KhodorkovskiImage : picture-alliance/dpa

La Frankfurter Allgemeine Zeitung va dans le même sens et estime que ce prisonnier trop célèbre était devenu un fardeau politique pour Poutine, car non seulement les organisations de défense des droits de l’Homme mais aussi de nombreux députés et membres de gouvernement en Europe et en Amérique du nord continuaient de dénoncer sa détention. Si Khodorkovski n’avait pas été gracié, un troisième procès aurait été nécessaire pour le maintenir en prison. Cela aurait réduit à néant l’image plus positive que Poutine avait réussi à obtenir ces derniers mois grâce à l’affaire Snowden, et les dossiers syriens et iraniens. Une image qu’il espère encore améliorer grâce aux Jeux Olympiques de Sotchi.