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Le Cameroun, nouvelle étape de l’expansion de l’armée russe

Henri Fotso
4 mai 2022

Yaoundé a signé un accord de coopération militaire avec l’armée russe, balayant les critiques, notamment des Occidentaux.

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Vladimir Poutine lors du sommet Afrique-Russie à Sotchi en 2019
Image : picture alliance/dpa/Kremlin

Le Cameroun et la Russie ont signé un accord de coopération militaire le 12 avril dernier. Cet accord a été annoncé alors que l'armée russe est déjà très présente militairement en Afrique, comme au Mali, en Centrafrique ou encore en Libye et au Soudan. Le Cameroun est-il une nouvelle étape de l’expansion russe sur le continent ? 

L'essentiel de l’accord militaire russo-camerounais dernier repose sur l'échange d'expérience entre les armées des deux pays, l'achat de matériel militaire russe, la maintenance de ce matériel et le transfert de technologie de la Russie vers le Cameroun. 

A (re)lire également : La Russie et l'Ukraine en quête de soutiens en Afrique

Dans l’article 2 de ce texte, la Russie et le Cameroun s’accordent sur l’échange d’information en matière de politique de défense et de sécurité internationale, le développement dans le domaine de la formation conjointe, l’entraînement des troupes, ou encore la topographie et l’hydrographie militaires. 

Transfert d’expérience

L’homme politique camerounais Banda Kani explique que le Cameroun a beaucoup à donner à la Russie grâce à cet accord. Dans une interview à la DW, il estime qu'il faut rappeler "que l'armée camerounaise a une grande expérience dans le maintien de la paix par exemple et dans la lutte contre le terrorisme, une grande expérience en matière de transformation même de l'armée. Parce que le Cameroun est historiquement parti d'une armée de développement pour devenir une armée de guerre".

Ecoutez le reportage de notre correspondant au Cameroun...


 
L’accord militaire russo-camerounais est un document de 13 pages paraphé par le ministre camerounais de la Défense Joseph Béti Assomo, et par son homologue russe Serguei Choigou. 

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Le panafricaniste Banda Kani précise que "la partie camerounaise est dans une logique normale. C'est un pays qui a opté pour la diversification de ses partenariats comme levier pour consolider sa souveraineté. Vous savez qu'en diversifiant les partenariats, on neutralise les menaces géopolitiques."
 
Une partie de l’accord est consacrée au cadrage juridique pour le conformer au droit international. C’est par exemple l'article 10 qui stipule que la signature de cet accord ne remet pas en question d'autres accords que le Cameroun ou bien la Russie auraient pu signer avec d'autres partenaires.

Critiques des Occidentaux

Quoique cet accord ne soit pas limitatif, certains pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ne semblent pas le voir d’un bon œil. Le colonel Didier Badjeck, spécialiste et enseignant des stratégies géopolitiques, critique ces réticences occidentales :

"J'ai également pu percevoir des malaises de certaines diplomaties, notamment occidentales, qui s'offusquent parce que le Cameroun a signé un accord avec la Russie. C'est une immixtion dans les affaires intérieures du Cameroun. C'est une ingérence qui n'est pas acceptable. Le Cameroun a le droit en tant que pays souverain de signer les accords avec qui il veut et le Cameroun reste souverain de son destin et fait ce qui va dans son intérêt." 

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Le Cameroun dispose aussi d’accords de coopération militaire avec la Turquie, le Brésil, la Chine ou la France. 

Il existait aussi des accords militaires avec les Etats-Unis avant que ces derniers n'y mettent unilatéralement fin récemment, en raison du conflit dans les zones anglophones. 

Le Russie viendra peut-être ainsi combler le vide laissé par l’armée américaine au Cameroun, tout en voulant rattraper son retard sur un continent où Moscou semble revenir en force.