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Cameroun : 5 ans de crise et de violences

Elisabeth Asen
11 octobre 2021

Cela fait cinq ans que la crise anglophone a débuté au Cameroun avec les premières grèves à Buea et Bamenda le 11 octobre 2016.

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La crise anglophone a débuté avec la colère des avocats
Image : Getty Images/AFP/A. Huguet

La crise a débuté avec les avocats, qui se sont mis en grève le 11 octobre 2016 pour protester contre l’absence d’une version anglaise des actes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. Les avocats avaient même refusé l’application du code civil francophone dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. 
Mais ce qui au départ n’était qu’un acte de mauvaise humeur s’est heurté à la répression du gouvernement camerounais qui va faire le jeu des sécessionnistes les plus extrémistes et conduire à la proclamation de l’indépendance de l’Ambazonie, un an plus tard. 

Violences au quotidien

Depuis, les violences armées sont le quotidien des populations dans un conflit qui a fait près de 3.500 morts et plus de 700.000 déplacés internes.
C’est le cas de Mary Tabot et de sa famille. Ils ont fui la guerre dans l’ouest du pays pour se réfugier à Yaoundé. "Je suis partie de Bamenda avec ma famille cela va faire deux ans. Ici, nous vivons à huit dans un studio et c’est difficile. Nous n’avons pas assez à manger, tout est difficile et trouver du travail n’est pas facile", raconte-t-elle.

A (re)lire également : Cameroun : visite mouvementée du Premier ministre dans le Nord-Ouest

Cela fait cinq ans déjà que les populations payent ainsi le prix fort de ce conflit. Cyrille Rolande Bechon, la directrice de l’association Nouveaux droits de l’homme, appelle les autorités camerounaises à mettre sur pied une politique pour encadrer ces déplacés.
Pour elle, "l’Etat du Cameroun n'a pas une visibilité sur la politique nationale humanitaire des déplacés internes. Il y a des actions sporadiques mais qui ne permettent pas la prise en charge complète de ces personnes qui souffrent. Les déplacés internes au Cameroun sont des laissés-pour-compte."

Ecoutez le reportage de notre correspondante à Yaoundé...

Regain de tension

Depuis deux mois, on enregistre un regain de tension dans les régions anglophones du pays. Un ancien combattant ambazonien devenu lui aussi réfugié, accuse le gouvernement d’entretenir la guerre. Il estime que "tant que les ennemis intérieurs existent, malgré le nombre de sécessionnistes qu'on réussit à tuer, à emprisonner, ils vont continuer (avec leur violence) de donner naissance à d’autres Ambaboys. Les personnes que le président Paul Biya a désigné pour gérer la crise ont échoué. Soit parce qu’elles sont incompétentes, soit parce qu’elles sont complices."

Yaoundé conteste toute erreur de stratégie dans la gestion de la crise anglophone et accuse, sans les nommer, certains ennemis extérieurs de collaborer avec les séparatistes.  Les attaques du 16 septembre 2021 contre l’armée, dans le département du Ngo-Kétundja, ont en effet montré que les Ambazoniens disposaient désormais d’armes lourdes. 

En réponse, le gouvernement Camerounais a annoncé officiellement une nouvelle escalade du conflit, laquelle pourrait forcer de nouvelles populations civiles à fuir les zones de combat.