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Campagne d'identification des déplacés internes au Cameroun

Elisabeth Asen
20 décembre 2019

Plusieurs organisations viennent de débuter une campagne pour tenter de déterminer le nombre de déplacés qui ont fui les régions anglophones.

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Des réfugiés dans le camp de Minawao
Des réfugiés dans le camp de MinawaoImage : DW/M.-E. Kindzeka

Reportage à Yaoundé - MP3-Stereo

Au Cameroun, l'Unicef et d'autres partenaires, comme le Collectif pour la paix, ont débuté, la semaine dernière (12.12), une campagne d'identification des déplacés internes vivants à Yaoundé. Ceux-ci ont fui les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et leur recensement est destiné à favoriser leur réinsertion. 

Gagner la confiance

Sur place, le chef d'équipe des enquêteurs de l'Unicef, Mboki Nzoki et ses équipiers sont facilement identifiables grâce à leurs chasubles, jaunes pour certains et bleus pour d'autres. Ils sillonnent les quartiers de la ville de Yaoundé dans le but donc de recenser les victimes de la crise anglophone. "Nous allons dans les églises, les chefferies, nous faisons même du porte-à-porte mais ce n'est pas facile", explique Mboki Nzoki. "Lorsqu'on est en face d'un ressortissant du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest, il n'est pas évident qu'il s'ouvre à nous. Il faut d'abord le rassurer en lui faisant comprendre que les informations qu'il va donner sont confidentielles."

Données transmises en temps réel

A l'aide d'un téléphone muni d'un GPS, les enquêteurs peuvent enregistrer les données qui, grâce à une application, sont transmises en temps réel. Elisabeth Ngwi Ngassang vient d'être recensée avec sa famille. Elle vit chez sa belle-sœur, à Yaoundé, depuis près d'un an. Mais les conditions de vie sont difficiles. Ses enfants, par exemple, ne vont plus à l'école. "Comme vous pouvez le constater, nous sommes douze dans une seule pièce. Les choses sont très difficiles", raconte-t-elle. "Si la situation s'améliore, alors nous rentrerons chez nous."

À l'image de cette famille, les déplacés internes sont nombreux à vivre dans la précarité, sans un soutien du gouvernement. Le Collectif pour la paix et le développement en Afrique centrale (COPAD), qui accompagne l'Unicef dans ce projet, insiste aussi sur ce point. Jeanne Danielle Nlate, l'initiatrice du mouvement, appelle à mettre l'accent sur les jeunes. "Quand vous arpentez les rues de Yaoundé, Douala, vous verrez qu'il y a des jeunes en déperdition, des femmes aussi qui se vendent", raconte-t-elle. "L'objectif est de les recenser avec l'Unicef et les autres partenaires. Parce que nous avons aussi remarqué qu'il y a des personnes installées dans ces villes depuis longtemps qui se font passer pour des déplacés au détriment des bénéficiaires."

Plus de 80% des écoles ont été fermées
Plus de 80% des écoles ont été ferméesImage : AFP/Getty Images/R. Kaze

Dans les régions anglophones, en raison des attaques et de l'interdiction d'enseigner imposée par les séparatistes, plus de 80% des écoles ont été fermées, touchant plus de 600.000 enfants selon l'Unicef. En réponse à cette situation, cet organisme onusien a apporté son soutien à près de 150.000 enfants déplacés, dont 10% à peine ont pu être scolarisés. La campagne de recensement va s'étendre dans d'autres villes camerounaises.