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Capitalisme et santé

Christophe LASCOMBES4 mai 2005

Après l’intervention de l’historien munichois Wolffsohn comparant la virulence de la critique de Franz Müntefering à celle des tirades antisémites des nazis, la presse allemande critique toujours les développements toujours plus passionnels du débat sur le capitalisme. Un débat qui touche également les médecins. Lors de leur congrès annuel à Berlin, ils protestent haut et fort contre les problèmes croissants auxquels ils doivent faire face dans le cadre de la réforme des soins de santé lancés par le SPD.

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Le capitalisme à outrance tant critiqué par Franz Müntefering est la bête noire des médecins.
Le capitalisme à outrance tant critiqué par Franz Müntefering est la bête noire des médecins.Image : Bilderbox

Pour la Frankfurter Rundschau, les dérapages sémantiques ont une longue histoire. Seulement, celui qui chasse du discours démocratique la critique de certaines pratiques entrepreneuriales en utilisant l’argument massue du nazisme, se met lui-même hors-jeu. Et le journal de proposer aux hommes politiques une sorte d’autocensure rhétorique, un code moral que les scientifiques, même historiens, sont conviés à respecter.

De plus en plus grotesque, titre die Welt. La spirale des dérapages rhétoriques vient d’atteindre avec une prévisibilité quasi pavlovienne son sommet avec le reproche de l’antisémitisme. Si la remarque pourrait se tenir d’un strict point de vue historique, elle n’en reste pas moins complètement hors de propos. Le capitalisme compris comme une économie libérale de marché n’est pas un phénomène idéologique, comme le soutiennent ses détracteurs, c’est une performance culturelle qui se développe partout où les conditions sont favorables.

Des conditions favorables, les médecins en rêvent de plus en plus, souligne la Süddeutsche Zeitung. Aujourd’hui, le patient est confronté à la loterie des établissements hospitaliers. Si les « directeurs qualité » dans les cliniques allemandes fêtent régulièrement toute nouvelle certification à la norme ISO, les patients, eux, restent toujours sans réponse lorsqu’il s’agit d’évaluer les risques personnels face à une intervention.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la coalition rouge-verte aurait mieux fait d’envoyer Franz Müntefering inaugurer le congrès des médecins. En effet, son avertissement sans frais lancé à l’encontre de la rentabilisation croissante de la société qui sacrifie de plus en plus le social, est de l’eau portée au moulin de nombreux médecins. Si l’on part du principe que tout ce qui est faisable n’est pas forcément finançable pour tous, il convient alors de définir qui doit être chargé de la répartition. Le mieux, serait de laisser les citoyens décider eux-mêmes et de leur accorder une plus grande liberté dans le choix de leur protection santé. Le hic, c’est que cette réponse ne plaît ni aux médecins, ni à Müntefering, conclut le quotidien.