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Pas de rentrée scolaire dans certaines écoles de Casamance

6 octobre 2023

Pour cause, les écoles qui avaient été saccagées lors des manifestations politiques à la suite de la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko en juin, n'ont toujours pas été réhabilitées.

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Des enfants dans la cours d'une école à Kaolack.
La condamnation d'Ousmane Sonko a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait des morts selon les autorités et des écoles ont été détruites notamment en Casamance.Image : SEYLLOU/AFP/Getty Images

Au Sénégal, les élèves ont repris cette semaine le chemin de l'école. Une rentrée scolaire qui ne commence pas toutefois sous de bons auspices dans plusieurs écoles de la Casamance et notamment dans la ville de Ziguinchor où des établissements scolaires ont été saccagés.

Conséquences : il est quasi-impossible d'y reprendre les cours dans l'immédiat malgré la détermination des responsables et enseignants de ces établissements scolaires à surmonter tous les obstacles.

Mission difficile pour les enseignants

Faire démarrer les cours dans un établissement complètement saccagé, tel est le casse-tête auquel est confronté aujourd'hui le personnel du CEM Boucotte sud, une des écoles qui avaient été détruites à Ziguinchor, lors des violentes manifestations politiques du mois de juin.

Ces violences avaient secoué tout le Sénégal après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Les inscriptions et réinscriptions se font à l'air libre sans ordinateurs faute de bureau et d'électricité.

''On se sent dans le désarroi, ce n'est pas bon ce qu'on a fait. Certains élèves n'ont pas le niveau de 3e, mais on est obligé de les laisser parce qu'on n'a pas fait le deuxième semestre comme les autres écoles. Beaucoup risquent de redoubler", a déploré Diminga Kayoungha, en classe de troisième.

Un élève écrit au tableau dans une classe d'école.
Au Sénégal, plus de 4 millions d’élèves ont repris le chemin de l’école ce 5 octobre 2023. Mais un grand nombre d’entre eux se retrouve sans classe à cause des manifestations ou dans des classes surchargées par manque d'enseignants.Image : DW/Emmanuelle Landais

Même son de cloche chez Mohamed Lamine Sourou, un autre élève qui craint un démarrage tardif des cours : ''Il n'y a pas de classes pour nous accueillir, toutes les classes ont été détruites. On ne sait pas quand est-ce qu'on va commencer les cours. Ça nous fait peur, on va commencer à apprendre tardivement. Et les professeurs n'auront pas le temps de se rattraper."

Mahawa Doumbouya, responsable des parents d'élèves, pense qu'avec cette situation, c'est tout simplement l'avenir des élèves qui est en danger : "L'avenir des élèves est menacée parce que les tables-bancs manquent dans les salles de classe. Quand est-ce que ces tables-bancs seront repris et remis dans les salles de classe pour que les professeurs puissent dispenser leurs cours en suivant le calendrier du programme ?"

Les regards tournés vers les manifestants

Aliou Cissé, responsable politique s'en prend, lui, aux initiateurs des manifestations à l'origine de ces destructions.

''Saccager de tels établissements, je pense que c'est militer contre le progrès, la stabilité et le développement du pays. Et ce qu'il y a de plus à regretter, c'est que ceux qui ont appelé à manifester n'ont jamais condamné cela, a déploré Aliou Cissé, proche de la mouvance présidentielle.

Loin de désespérer, François Poussy, le principal de l'établissement, assure que tout sera mis en œuvre pour que les cours reprennent rapidement : ''On va mettre les classes de 3e et 4e fonctionnelles et les 6e et 5e vont tourner. Voilà un peu ce que nous avons adopté."

Très préoccupé par la situation des écoles détruites, Madiadiop Sané, président de Vision citoyenne, une organisation de la société civile, interpelle l'État.

''Si nous voyons quelque part des écoles qui ont été saccagées depuis le mois de juin et qui n'ont pas été réhabilitées, nous pensons qu'à la limite, il faut parler d'une mauvaise foi de l'État'', a estimé l’acteur de la société civile.