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Ce que le gouvernement camerounais reproche à Maurice Kamto

29 janvier 2019

Arrêté depuis lundi soir (28 janvier 2019) à Douala, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) n’a pas été formellement inculpé.

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Maurice Kamto
Image : Getty Images/AFP/R. Kaze

"L’effigie de Kamto a été mise à la place de l'effigie du président élu dans les ambassades" (Jacques Fame Ndongo)

L'arrestation  des principales figures du MRC est survenue moins de 48 heures après une série de manifestations organisées au Cameroun et à l’étranger.

À l’heure où nous mettons sous presse, aucune charge n’a été officiellement retenue contre Maurice Kamto. Mais selon plusieurs sources, il aurait passé sa première nuit dans les locaux du secrétariat d'État à la Défense du Cameroun, qui accueille les prisonniers politiques les plus en vue du pays.


Par ailleurs, les autorités lient cette arrestation au saccage, le week-end dernier, des ambassades du Cameroun en France et en Allemagne.

"Le Secrétaire général du Comité central du RDPC (Jean Nkuete, ndlr) dénonce les actes de barbarie commis dans les ambassades avec notamment la destruction des effigies du chef de l'Etat, la destruction des passeports et des documents officiels, des actes attentatoires aux armoiries, aux effigies et aux emblèmes de la République. L’effigie de Kamto a été mise à la place de l'effigie du président élu dans les ambassades. Je ne sais pas s'il faut une autre preuve", a expliqué à la DW Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur et secrétaire à la communication au Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir.

Arguments pas convainquants

Les arguments brandis par le pouvoir ne parviennent toutefois pas à convaincre tout le monde.

C’est le cas par exemple d’International Crisis Group (ICG) qui dit ne pas disposer d’éléments prouvant l’implication de Maurice Kamto ou de son parti dans le saccage de la représentation diplomatique du Cameroun en France et en Allemagne.

Selon Hans De Marie Heungoup, analyste à l’ICG, "ces revendications et ces saccages d’ambassades ont été revendiqués par une association informelle de la diaspora camerounaise dénommée brigade anti-sardinards. Il me semble aller vite en besogne de considérer que ces actes émanent du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, le parti de Maurice Kamto."

Hans De Marie Heungoup (ICG): " il me semble aller vite en besogne de considérer que ces actes émanent du MRC, le parti de Maurice Kamto."

Le MRC dénonce un projet de "décapitation" du parti 

Pour sa part, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun  "condamne fermement ces interpellations politiques injustifiées et au demeurant annoncées, dont le but inavoué est de décapiter le MRC et sa coalition gagnante autour de Maurice Kamto", a écrit dans un communiqué de presse, le troisième vice-président du parti. Maître Emmanuel Simh croit savoir que les autorités camerounaises veulent "décapiter" son parti à travers la série d’arrestations de ces leaders.

Aussi, Maître Emmanuel Simh estime que ces interpellations sont "politiques" et "injustifiées", et a appelé ses militants au "calme" avant de rappeler "son attachement au respect des lois et règlements de la République sur lesquels se sont toujours fondées ses actions".

"Libération immédiate"

Dans un communiqué, dont la DW a obtenue copie, Amnesty International a appelé à la libération "immédiate et sans conditions" de Maurice Kamto.

"Les autorités doivent les libérer immédiatement et sans condition, ainsi que les manifestants pacifiques détenus pendant le week-end pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique", a indiqué l'ONG défense des droits de l’Homme. Une demande réitérée par le chercheur Hans De Marie Heungoup, pour, explique-t-il, préserver la paix  et la cohésion sociale au Cameroun.


"Au lieu de prendre des mesures pour améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays, nous constatons que les autorités tolèrent de moins en moins les critiques. Cela doit cesser",  a regretté  déclaré Samira Daoud, directrice Afrique Ouest et centrale d'Amnesty International.     

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona