Changement de gouvernement au Sénégal

Le nouveau Premier ministre du Sénégal, Aminata Touré nommée pour remplacer Abdoul Mbaye, s'attèle à la formation de son équipe gouvernementale. Le président Macky Sall en mettant fin aux fonctions de l'ancien chef du gouvernement a également décidé la dissolution de toute son équipe.

Une dame de fer à la tête du gouvernement

Une course pour le développement, pour l'amélioration des conditions d'existence des Sénégalais, c'est en ces termes qu'Aminata Touré décrit la mission qui l'attend à la tête de l'exécutif sénégalais. Deuxième femme Premier ministre du Sénégal, après Mame Madior Boye qui fut chef de gouvernement de mars 2001 à novembre 2002, « mimi Touré » comme la surnomment ses compatriotes s'est engagée à mettre l'accent sur l'accélération des actions qui ont été entreprises par l'équipe sortante. Ancienne directrice de cabinet de Macky Sall alors président de l'Alliance pour la République, elle a participé à la rédaction du programme de campagne de ce dernier pour le scrutin présidentiel de 2012.

Engagée pour la justice

A 50 ans, Aminata Touré est connue comme étant une femme à poigne. Militante des droits de l'Homme, elle s'est fait remarquer alors qu'elle occupait le poste de ministre de la Justice, en supervisant d'importants dossiers, dont l'arrestation de l'ex-président tchadien Hissène Habré réfugié à Dakar. Elle a également supervisé la traque des biens présumés mal acquis par des responsables du régime Wade. Une traque qui a abouti à l'audition ou à l'arrestation de hauts responsables de l'ancien pouvoir, d'ex-ministres et des directeurs généraux de sociétés.

Ancienne joueuse de football et de handball, diplômée en économie internationale Aminata Touré a été formée au Sénégal, en France et aux États-Unis. Elle a travaillé comme experte des Nations unies au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Sénégal puis dirigé, d'octobre 2003 à mars 2012, le département Droits humains du Fonds des Nations unies pour la population à New York.

Aminata Touré a annoncé elle-même à la presse dimanche sa nomination comme Premier ministre. Mais bien avant c'est à travers un communiqué de la présidence que les Sénégalais ont été informés de la dissolution du gouvernement dirigé depuis avril 2012 par Abdoul Mbaye. Une décision prise dans un contexte de crise socio-économique.

Multitude de défis à l'approche des élections

Cherté de la vie, chômage, réforme universitaire sont autant de chantiers qui restent à mener. Pour certains membres de la société civile sénégalaise comme Aboubakry MBodji, secrétaire général de la Rencontre africaine pour la Défense des droits de l'Homme, le changement d'équipe gouvernementale n'est pas une surprise.

« Ce remaniement était d'une certaine manière attendu dans la mesure où les Sénégalais n'ont pas senti le besoin de changements dans leur conditions d'existence. A cela s'ajoute le contexte de crise internationale qui affecte également le Sénégal. Nous nous acheminons aussi vers les élections locales de 2014 et le parti du président est en train de se préparer, ils sont conscient des enjeux. »

Pour d'autres observateurs de la vie politique sénégalaise, en remerciant Abdoul Mbaye, Macky Sall a voulu apporter une réponse aux voix qui s'élevaient au sein de son parti l'Alliance pour la République pour réclamer plus de postes à l'approche des élections locales. Pour Seidou Nouro Tall, enseignant à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar ce type de revendications est courant.

« Il y a toujours des militants qui souhaitent avoir plus de postes. Mais il faut toujours un bon dosage au sein d'un gouvernement entre les politiques et les technocrates.»

Alors que l'on se dirige vers un procès de Hissène Habré, il semble également que ce dossier ait eu un impact sur la décision de remercier Abdoul Mbaye. Banquier avant d'être premier ministre, il avait géré les comptes de l'ancien président tchadien il y a 20 ans.