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"Chronique d'un retrait annoncé"

Anne Le Touzé10 février 2009

La nomination du nouveau ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg est au coeur des commentaires de la presse du jour. Mais les journaux reviennent encore largement sur la démission de Michael Glos.

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Le nouveau ministre de l'Economie aux côtés du patron de son parti, Horst SeehoferImage : AP

Qui aurait parié que le SPD deviendrait le havre de paix de la grande coalition ?... Les temps changent vraiment vite, ironise la Frankfurter Rundschau. Le chaos est désormais entre les mains de l'union conservatrice. En démissionnant, le ministre de l'Economie a contraint son parti à continuer au pas de course sur une voie qu'il avait déjà empruntée : celle du renouvellement. La mise en scène de ce retrait digne d'un opéra-bouffe, avec le héros du parti dans le rôle de l'idiot du village, cache par ailleurs une stratégie laborieuse. La catastrophe électorale de septembre dernier a mis la vieille élite de la CSU au tapis. En jouant des coups rapides, il est peut-être possible de récupérer le pouvoir. Mais le garder requiert une guerre de tranchées -- pardon, un "travail de persuasion" permanent, conclut le journal.

Angela Merkel und Horst Seehofer
Michael Glos, un ministre invisible derrière Angela Merkel et Horst SeehoferImage : picture-alliance/ dpa

La chancelière ne sort pas indemme de cette histoire, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Elle porte l'entière responsabilité de son cabinet. Si Michael Glos était vraiment un ministre de l'Economie aussi faible que certains le laissent entendre, il aurait fallu le remplacer plus tôt. La "chronique du retrait annoncé" de Michael Glos ne met pas seulement en relief la mauvaise gestion du personnel au sein de l'union conservatrice, elle souligne également le dépérissement de la politique de l'ordre dans ses propres rangs. Sur la nomination de Karl-Theodor zu Guttenberg, le journal ajoute : même si c'est un domaine nouveau pour lui, le secrétaire général du parti conservateur bavarois et spécialiste de politique étrangère a déjà eu à se frotter à la crise économique. Certains de ses propos laissent présager un respect de l'entreprise privée et un scepticisme face à trop d'intervention de l'Etat. Qui sait, peut-être que la chancelière lui offrira le soutien qu'elle a si souvent refusé à son prédécesseur.

Pour Angela Merkel, écrit la tageszeitung, le charme de l'invisible Michael Glos résidait principalement dans le fait qu'il ne l'obligeait pas à prendre position sur le fond. Elle pouvait ainsi décider des baisses d'impôt, pour ensuite envisager la nationalisation d'entreprises, au gré des variations politiques. Avec un ministre aussi visible que Karl-Theodor zu Guttenberg, ce petit jeu de cache-cache ne va pas pouvoir durer. Quand Angela Merkel négociera avec le SPD les prochains plans de secours ou de relance, ce sera en présence d'une personnalité issue de ses propres rangs. Et contrairement à la chancelière, on va exiger de Guttenberg une position claire. Il pourrait alors vite s'avérer que les attentes sont très différentes au sein de l'Union en matière de politique économique.

Der designierte CSU-Vorsitzende Bundeslandwirtschaftsminister Horst Seehofer und der frühere bayerische Ministerpräsident Edmund Stoiber
Le style du chef de la CSU énerve autant que celui de son prédécesseur Edmund Stoiber.Image : AP

Le désastre de "l'affaire Glos" est à mettre sur le compte du chef de la CSU, Horst Seehofer, estime la Süddeutsche Zeitung. C'est le résultat d'un style que beaucoup de conservateurs bavarois commencent à trouver aussi désagréable que l'attitude autoritaire de leur ancien patron Edmund Stoiber. Alors que celui-ci donnait des ordres, Horst Seehofer met en scène un pseudo-dialogue sans vraiment écouter les conseils qu'on lui donne. Ces erreurs ont pris leur revanche. La nomination du secrétaire général de la CSU au poste de Michael Glos a tous les traits d'une intervention d'urgence. Karl-Theodor zu Guttenberg n'a rien du candidat-né, sa nomination a lieu avant tout parce que toute autre solution aurait creusé des trous encore plus béants au sein du gouvernement régional de Bavière. Néanmoins, poursuit le journal, on ne peut pas rejeter entièrement la faute sur Horst Seehofer. Si le changement de génération s'opère de façon aussi brutale au sein de la CSU, c'est parce que l'ancien chef du parti Edmund Stoiber a pendant dix ans empêché le renouvellement progressif des forces vives. Dans son état actuel, conclut la SZ, la CSU n'est pas un partenaire de coalition prévisible et cela peut durer plusieurs années.