Ciel couvert...
16 avril 2010Quatre cercueils en provenance d'Afghanistan, titre la Tageszeitung. Le printemps revient dans les montagnes afghanes et les combats reprennent de plus belle. Ces attaques contre des soldats allemands, stationnés dans le nord du pays, considéré comme moins dangereux, pourraient être une stratégie des talibans pour influencer l'opinion publique allemande. Or le soutien réthorique et logistique de la troupe par le Ministre de la Défense ne pourra augmenter aussi vite que le refus déjà croissant de la population allemande vis-à-vis de cette mission.
Même credo dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les rebelles afghans connaissent sans doute l'existence de l'opinion publique allemande et l'effet de levier qu'elle pourrait représenter. Cela va sans doute les pousser à renforcer encore leur pression sur le contingent allemand. Combien de temps encore l'Allemagne pourra-t-elle résister et soutenir unanimement ses soldats comme Guido Westerwelle, le Ministre allemand des Affaires étrangères l'a promis ? Après la gauche radicale, qui réclame le retrait d'Afghanistan, c'est au tour du SPD d'exprimer tout haut ses scrupules. Il est temps que les fameux « résultats concrets » d'une véritable amélioration de la situation dans l'Hindu Kusch arrivent. Et les talibans le savent.
Angela Merkel doit dire les choses clairement, réclame die Welt. Au vu du pacifisme profondément ancré chez les Allemands, on comprend que l'actuel et le précédent gouvernement aient toujours préféré les périphrases pour justifier la présence allemande en Afghanistan. On espérait le succès de l'opération et misait sur le fait que le visage hideux d'une telle mission, à savoir la mort des soldats, n'apparaîtrait pas trop au grand jour. Cette tactique du louvoiement a échoué. Il est bon que la chancelière commence à s'habituer à prononcer le mot « guerre ». Mais on attend maintenant d'elle une prestation qui n'est pas vraiment sa tasse de thé : l'offensive par les arguments. Pour convaincre les Allemands, il faut leur parler vrai, estime le quotidien.
Mais il faut aussi laisser plus le champ libre aux militaires, plaide de son côté la Süddeutsche Zeitung. Si les commandants avaient dès le début eu les coudées franches pour adapter troupes, matériel et tactique aux conditions rencontrées, la Bundeswehr aurait certainement été mieux respectée d'emblée et aurait pu empêcher, le cas échéant, l'escalade de la violence. Soit on est confiant que la Bundeswehr peut éviter un fiasco, soit le courage politique n'est pas assez grand. Dans ce cas, il n'y a plus aucune raison de rester plus longtemps en Afghanistan.