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Colère, mensonges et compassion

Sandrine Blanchard7 septembre 2004

Alors que les images de la prise d’otages en Ossétie du nord sont encore dans tous les esprits, les journaux commencent à analyser l’action du Kremlin. Informations vraies, informations semi-vraies et mensonges, difficile de faire la part des choses dans ce que publie Moscou depuis l’assaut sanglant de vendredi dernier, un assaut dont on ignore toujours le nombre exact de victimes. Retour sur les commentaires de la presse allemande.

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Toutes les victimes n'ont pas encore été retrouvées en Ossétie du nord mais déjà, la colère monte contre le Kremlin.
Toutes les victimes n'ont pas encore été retrouvées en Ossétie du nord mais déjà, la colère monte contre le Kremlin.Image : AP

Besprediel. Un mot russe qui colle bien à la situation, selon la tageszeitung. Un mot qui marque le déchaînement sans limite de la violence, un mot aussi qui a une nouvelle dimension depuis la prise d’otages de Beslan. Pour la tageszeitung, qui publie l’analyse d’un scientifique de la Fondation d’économie politique de Berlin, ce déchaînement de violence à Beslan nous aura appris deux choses : premièrement les terroristes, prêts désormais à s’attaquer aussi à des enfants, ne connaissent plus de limites, et l’armée russe non plus ne recule pas devant les civils, quitte à détruire la société locale, au nom de la lutte contre le terrorisme. Deuxièmement, le bain de sang en Ossétie du nord a montré au monde qu’il n’était plus possible d’ignorer la guerre en Tchétchénie. Un conflit que d’un côté Moscou essaie d’intérioriser, en clamant qu’il s’agit là d’une affaire de politique intérieure. Alors que de l’autre, le Kremlin orchestre son action armée en Tchétchénie comme une réponse à une attaque venue de l’extérieur, venue de ce qu’il est convenu d’appeler de façon vague le « terrorisme international ».

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle, revient sur les réactions de la communauté internationale. George W. Bush a volé à la rescousse de Vladimir Poutine, brandissant le massacre comme la justification du maintien de la fermeté politique. L’Union européenne, poursuit la FAZ, a mis une sourdine à ses critiques sur la violence du Kremlin en Tchétchénie. Et Israël offre de renforcer sa coopération avec Moscou dans la lutte anti-terrorisme. De quoi débarrasser la conscience du président Poutine de tout sentiment de culpabilité après l’assaut. Mais ce n’est pas une raison, conclut la FAZ, pour distiller de fausses informations, qui ne seront jamais une réponse au chaos, à la manipulation et à l’échec politiques.

Un point de vue partagé par la Süddeutsche Zeitung de Munich qui explique l’ire populaire contre le « tsar » Poutine. Selon le quotidien, les mensonges du Kremlin durant et depuis la prise d’otages ont un arrière-goût d’Union soviétique. Et mieux vaudrait pour le Kremlin qu’il opte rapidement pour la transparence, s’il veut garder le contrôle de la situation.