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Comme si de rien n'était ...

Konstanze von Kotze10 janvier 2014

A la Une de l'Afropresse : le conflit au Soudan du Sud, la situation en RCA un mois après l'intervention française, les manifestations de migrants africains en Israël et un blog sur les cuisines africaines.

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Salva Kiir et Omar el-Béchir ou comment passer de l'animosité à la réconciliationImage : Reuters

Lorsque l'on parle du continent africain, écrit la Berliner Zeitung, on a tendance à analyser les conflits au travers d'un prisme exclusivement ethnique. Les hutu contre les tutsi au Rwanda, les touareg à la peau claire contre les africains à la peau noire au Mali et maintenant les dinka contre les nuer au Soudan du Sud. Or la guerre civile dans ce pays n'a pas éclaté pour des raisons ethniques mais bel et bien pour des raisons économiques et politiques, affirme le journal. Il est question de pétrole et de rivalités entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Dire que la guerre a "éclaté" le 16 décembre est également faux. Le 16 décembre, un conflit politique a éte transformé avec succès en un affrontement militaire entre ethnies. Un affrontement dangereux, aux conséquences, pour le moment, imprévisibles.

Un rapprochement inattendu

Alors que les combats se poursuivent sur le terrain, les négociations entre les deux camps ont réellement débuté cette semaine avec en outre une petite visite surprise du président soudanais Omar el-Béchir au Soudan du Sud. die Tageszeitung rappelle que ce dernier a tout intérêt à alimenter les luttes de pouvoir chez son voisin s'il veut regagner un peu d'influence sur un pays qui était, jusqu'en 2011, sous son autorité. Pour la Neue Zürcher Zeitung, le rapprochement entre les deux anciens ennemis est motivé par des intérêts communs concernant l'exploitation pétrolière et donc la stabilité de la région. En soutenant Salva Kiir dans cette épreuve de force, Omar el-Béchir espère aussi prouver sa bonne foi et amener Juba à renoncer à ses projets de pipelines alternatifs au Kenya et en Ouganda. Le fait que le président sud-soudanais soit prêt à accueillir des soldats soudanais pour protéger les champ pétroliers dans son pays montre en tout cas à quel point il a conscience de la gravité de la situation après trois semaines d'affrontements, note pour sa part la Süddeutsche Zeitung.

L'Allemagne en retrait

Südsudan Kämpfe Flüchtlinge in Juba
L'Allemagne apporte pour le moment une aide humanitaire au Soudan du SudImage : picture-alliance/AA

Un article publié jeudi dans la Süddeutsche Zeitung s'interroge en effet sur ce que "fabriquent" les Allemands. Nouvelle année, nouveau gouvernement mais même indifférence, regrette l'auteur. Berlin se contente pour le moment d'envoyer des vivres et des médicamenents tout en prônant une résolution pacifique du conflit. Mais vu la tournure que prennent les évènements, il serait plus urgent et plus efficace d'envoyer des soldats pour protéger les populations. Malheureusement, le débat n'est même pas évoqué que ce soit au niveau des parlementaires, des médias ou de la société civile.

RCA et Mali, quel bilan pour les troupes françaises ?

Un mois après le début de l'intervention des troupes françaises en RCA, la situation est toujours aussi catastrophique écrit die Tagezeitung. La France a certes réussi à affaiblir le gouvernement de Michel Djotodia mais sans pour autant offrir d'alternative. Par ailleurs, elle n'a toujours pas rétabli la sécurité dans le pays et en premier lieu à Bangui. Plus de la moitié de la population de la capitale est en fuite, rappelle le quotidien.

Au Mali, cela fait maintenant un an que la France est intervenue pour chasser les islamistes dans le nord du pays mais, en réalité, il semble qu'elle n'ait fait que stopper leur avancée, estime un expert interviewé par le journal Neues Deutschland. La situation dans le nord reste instable et au niveau politique on semble surtout vouloir gagner du temps.

Zentralafrika Unruhen in Bangui Soldaten 25.12.2013
Un mois après l'intervention des troupes françaises en RCA, Bangui est encore loin d'être pacifiéImage : MIGUEL MEDINA/AFP/Getty Images

Faiblesse des institutions

Entre le Soudan du Sud, le Mali, la Centrafrique pour ne citer qu'eux, l'année 2013 n'a pas été brillante pour l'Afrique, écrit la Neue Zürcher Zeitung. Le journal se demande cependant immédiatement s'il n'est pas victime de cette vision typiquement européenne qui consiste à être par principe pessimiste quand il s'agit de l'Afrique. D'autres parties du monde ne sont-elles pas également en proie à des conflits et à des violences ? Si mais... Des pays comme la Turquie, l'Ukranie, le Bangladesh, la Thaïlande, le Cambodge ou le Brésil font eux aussi face à des troubles importants mais les structures étatiques ne vacillent pas pour autant. En Afrique subsaharienne, les institutions sont tellement faibles qu'il suffit d'une petite compagnie d'hommes bien armés pour les faire s'écrouler tel un château de cartes. Il y a peu de chance que les populations s'en émeuvent car de leur point de vue, peu importe qui a le pouvoir, c'est toujours quelqu'un qui prend beaucoup et donne peu en échange.

Manifestations en Israël

Afrikanische Flüchtlinge demonstrieren in Israel
Les migrants africains demandent un peu plus de considération de la part des autorités israéliennesImage : Reuters

La presse allemande commente également les manifestations monstres qui ont eu lieu cette semaine en Israël. Manifestations durant lesquelles des clandestins africains ont réclamé un peu plus de considération de la part des autorités israéliennes. La Süddeutsche Zeitung rappelle qu'un réfugié n'a de facto pas le droit de séjourner en Israël. Depuis la création de l'Etat hébreu en 1948, on ne compte même pas 200 demandes d'asile qui ont été acceptées. Jusqu'ici, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ne s'est laissé nullement impressionné par les appels du pied de la communauté international pour un peu plus d'humanité avec les migrants. Du côté de die Tagezeitung, on cite le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères : la situation d'Israël est complexe. D'un côté c'est le seul pays développé qui peut être atteint relativement facilement. De l'autre l'instabilité de ses voisins empêche toute recherche de solution régionale. Le ministère de l'Intérieur essaye lui d'encourager le retour des migrants chez eux en leur offrant une prime de 3.500 dollars. Sauf que le journal a interrogé onze réfugiés originaires d'Erythrée ou de Somalie et que pour dix d'entre eux, cet argent ne pèse rien à côté de leur vie. Quand bien-même c'est loin d'être simple en Israël, raconte un manifestant interviewé par der Tagesspiegel, pour le moment, c'est ce qui m'est arrivé de mieux.

Note culinaire

L'édition dominicale de la Frankfruter Allgemeine Zeitung présente le projet original de Tuleka Prah. Tuleka Prah est basée à Berlin mais elle se rend régulièrement sur le continent avec sa caméra et réalise des court-métrages sur la cuisine traditionnelle dans différents pays. Son objectif : familiariser les Allemands avec la cuisine africaine qui selon elle est encore peu connue. Elle s'est déjà rendue au Ghana et au Kenya. Prochaine destination : probablement la Mauritanie. Les films de Tuleka Prah sont accessibles sur son blog : myafricanfoodmap.com.