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Comment répondre aux attentats de Madrid?

Sandrine Blanchard17 mars 2004

Les attentats de Madrid continuent de faire du bruit en Europe. Le ministre allemand de la Défense, Peter Struck, a d’ores et déjà conseillé à son nouvel homologue espagnol de ne pas rappeler ses troupes d’Irak. L’ONU songe à promulguer une nouvelle résolution en ce sens, pour garantir une présence internationale sur place, jusqu’au transfert de pouvoir aux Irakiens. Des sujets qui sont au cœur de la presse allemande du jour.

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Image : AP

« C’est le monde à l’envers », glose DIE WELT : voilà que les Américains et les Européens semblent unis et supplient en chœur José Zapatero, le nouveau premier ministre espagnol, de laisser, au moins quelque temps, des troupes en Irak. Ce qu’Aznar n’a pas réussi pendant son mandat, il y arrive après son départ : il trouve un front uni derrière lui, sur le nouveau comme sur le vieux continent... La raison à cela est évidente, estime le quotidien. Changer de cap à 180° après un attentat d’Al Qaida, c’est s’agenouiller devant les terroristes, reconnaître leur supériorité. Et DIE WELT d’imaginer un attentat sur le Kurfürstendamm, le célèbre boulevard berlinois, pour faire partir la Bundeswehr d’Afghanistan. Ou bien une explosion sur Trafalgar Square, pour faire démissionner Tony Blair. Ou encore un double attentat à Rome, pour chasser l’Italie de l’Alliance anti-terroriste. Des scénarios plus alléchants que jamais pour les organisations terroristes, estime DIE WELT.

La Frankfurter Rundschau donne moins dans le spectaculaire. Elle s’attache à rappeler que le nouveau chef de gouvernement espagnol, lui aussi, a fait de la lutte contre le terrorisme l’une de ses priorités. Et le quotidien d’estimer qu’une nouvelle résolution des Nations Unies serait une aide pour donner un goût amer à la « victoire » d’Al Qaida.

Cette résolution de l’ONU, pour « obliger » les troupes internationales à rester en Irak, l’autre grand quotidien de Francfort, la Franfurter Allgemeine Zeitung, trouve aussi que c’est plutôt une bonne idée. Une idée raisonnable. Au même titre que celle du président français et du chancelier allemand de développer la coopération européenne à tous les niveaux en matière de défense. Mais, d’après le journal, ces deux idées arrivent un peu tard, alors que ça fait deux ans que l’on entend que le terrorisme « nous » accompagnera, tous, encore longtemps.

Passons pour finir à la tageszeitung. Elle estime que les explosions de Madrid sont davantage l’expression d’une vengeance sanglante et aveugle que de réelles revendications de la part des terroristes. Mais le fait que le nouveau gouvernement espagnol, social-démocrate, parle de retirer ses troupes d’Irak a apporté de l’eau au moulin des anti-Bush en Pologne et en Italie, deux pays également partenaires des Etats-Unis en Irak. La taz écrit cependant que les terroristes, dans leur lutte définitive contre les ennemis de l’Islam, n’ont, encore une fois, pas de revendications politiques, et qu’ils sont, en bloc, contre l’Occident. Un rappel des troupes n’aiderait donc pas forcément à empêcher de nouveaux attentats. Et la taz de conclure : attendre des terroristes d’AlQaida qu’ils fassent la différence entre ex-occupants et occupants actuels après un retrait des troupes européennes, ce serait les conforter dans leur idée que ceux qui restent sont coupables et ont donc mérité d’être punis. C’est pourquoi il vaut mieux renforcer, selon le journal, les politiques de respect mutuel et de tolérance, contre l’exclusion et le racisme, pour ne plus fournir de terreau aux extrêmistes.