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Comment vote-t-on en Allemagne ?

Wolfgang Dick, Charline Vasseur30 août 2013

Angela Merkel ou Peer Steinbrück ? Les électeurs ne trancheront pas au suffrage universel. Le 22 septembre, ils votent pour des partis politiques. Le système électoral allemand n'a pas changé depuis près de 60 ans.

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Les deux principaux candidats : Peer Steinbrück (SPD) et Angela Merkel (CDU) à la chancellerie
Les deux principaux candidats : Peer Steinbrück (SPD) et Angela Merkel (CDU) à la chancellerieImage : picture-alliance/dpa

« Celui qui n'est membre d'aucun parti a malheureusement peu de chance d'entrer au Bundestag et de devenir l'un des quelque 600 députés », déclarait récemment une guide du Bundestag à une jeune touriste.

Un candidat indépendant, c'est à dire non soutenu par un parti, doit récolter un très grand nombre de suffrages pour pouvoir entrer au Bundestag, la chambre des députés, ou chambre basse du parlement. La Loi fondamentale stipule certes que « les partis politiques participent à la formation de la volonté politique ». Mais de nombreux politologues admettent que les partis politiques ne font pas qu'y concourir. Ils sont en fait les seuls à décider qui peut faire de la politique. Cela tient au système électoral allemand et notamment au principe de la première et de la deuxième voix . Mais reprenons depuis le début...

Le vote est à bulletin secret, il faut donc s'isoler pour remplir le bulletin
Le vote est à bulletin secret, il faut donc s'isoler pour remplir le bulletinImage : picture-alliance/dpa/Frank May

En Allemagne, tout citoyen, homme ou femme, de nationalité allemande et âgé d'au moins 18 ans possède le droit de vote. Cela concerne actuellement 61,8 millions d'Allemands. Parmi eux, 3 millions sont considérés comme des nouveaux électeurs. Ces chiffres proviennent du Statistisches Bundesamt, l'Office allemand des statistiques, dont le président est également l'organisateur des élections au Bundestag.

C'est à ce grand ordonnateur des élections que les partis qui souhaitent prendre part au scrutin doivent soumettre leur candidature. Sont acceptées les formations politiques qui se revendiquent de la Loi fondamentale, du principe de démocratie et de l'Etat de droit. Et ce, même si certains de leurs objectifs pris isolément peuvent paraître flous à certains observateurs. Ainsi, le 22 septembre 2013, les électeurs auront le choix entre 34 partis au total. Actuellement, six partis sont représentés au Bundestag: la CDU et la CSU (chrétiens-démocrates), le SPD (sociaux-démocrates), le FDP (libéraux), les Verts et Die Linke (parti de gauche).

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Des règles électorales inchangées depuis 60 ans

En théorie, de nombreux petits partis pourraient siéger aux côtés des grands au Bundestag. Mais puisque dans une démocratie les lois doivent être votées à la majorité, cette myriade de petits groupes serait obligée de faire des coalitions en permanence. Les fondateurs de la République fédérale d'Allemagne craignaient en effet que trop de situations chaotiques n'émergent et finissent en drame politique, comme cela s'est produit dans les années 1920. Avec ces élections, les pères fondateurs voulaient que la chambre des députés puisse avoir une orientation politique claire pendant quatre ans et que les gouvernements bénéficient de la plus grande stabilité possible. C'est ainsi qu'il fut décidé que seuls les partis qui obtiendraient 5% des voix des électeurs pourraient envoyer leurs représentants au Bundestag. La « clause des 5% » était née.

En outre, les élections doivent résulter d'un mélange entre suffrage majoritaire et suffrage proportionnel. Il ne doit pas seulement y avoir des partis anonymes qui désignent leurs candidats en interne. Les citoyens allemands doivent aussi pouvoir voter directement pour des femmes et des hommes politiques. Ce fonctionnement repose sur l'idée que ces personnes ont déjà prouvé à l'échelle locale qu'elles étaient capables de s'engager pour leurs électeurs. C'est ce qui créé une proximité avec la politique. En Allemagne, il existe 299 circonscriptions électorales dans lesquelles les représentants politiques se présentent directement en leur nom propre. Conformément à ce système, le bulletin de vote des Allemands comporte deux parties : celle de gauche est réservée à la première voix, celle de droite à la deuxième. Ce système électoral a été très peu modifié au cours des 60 dernières années.

Un bulletin pour deux voix

En effet, tout électeur allemand possède deux voix. Avec la « première voix » , il coche sur son bulletin de vote la case correspondant à une femme ou un homme politique issu(e) d'un parti et qu'il estime être la ou le meilleur(e), dans sa circonscription, pour représenter ses intérêts au Bundestag. Il s'agit donc ici d'une personne réelle. Dans chaque circonscription, on enverra donc au Bundestag la ou le candidat qui aura récolté le plus de voix. C'est le principe du suffrage majoritaire.

Le soir du vote, on procède au dépouillement des bulletins
Le soir du vote, on procède au dépouillement des bulletinsImage : picture-alliance/dpa

La « deuxième voix » est en réalité la plus importante des deux. C'est en effet grâce à elle qu'un parti est désigné. Plus un parti obtient de voix, plus il est représenté au Bundestag... et plus il peut y envoyer des députés. L'électeur définit ainsi le rapport de force entre les formations politiques. Tous les partis qui obtiennent un certain nombre de voix restent en lice. Seuls les partis qui obtiennent moins de 5% des votes sont exclus.

Les première et deuxième voix comptent chacune pour moitié dans le résultat final. La somme des deux donne donc le nombre de députés qui siègeront au Bundestag. Les députés élus désignent ensuite la chancelière ou le chancelier.