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Concours de caricatures

Christophe LASCOMBES8 février 2006

L’annonce faite par Téhéran de lancer un concours de caricatures sur l’Holocauste choque le monde occidental. Cette nouvelle spirale dans ce que certains appellent déjà une guerre des cultures retient on s’en doute l’attention de la presse allemande.

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L'Iran relance la polémique sur les caricatures avec un défi de mauvais goût pour le monde occidental: un concours de caricatures sur l'Holocauste.
L'Iran relance la polémique sur les caricatures avec un défi de mauvais goût pour le monde occidental: un concours de caricatures sur l'Holocauste.Image : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, cette escalade est un signal d’intimidation lancé par l’Iran à l’Union européenne, du genre : tu vois ce qui arriver quand on me cherche ? En outre, cela permet à Téhéran d’ouvrir un deuxième front pour détourner l’attention du dossier du nucléaire. A l’heure où Téhéran semble acculé et sur la défensive, sur le plan diplomatique, l’agitation anti-occidentale promet de réunir l’ensemble du monde musulman sous une même bannière et de renforcer sa légitimité.

Un diagnostic conforté par Die Welt : les manifestations de colère et de violences contre des symboles européens sont loin d’être spontanés. Au contraire, cette colère attisée par de nombreux gouvernements contre les Européens est une fameuse aubaine pour eux de détourner l’attention de leurs populations de la corruption, des déficits démocratiques, de la misère économique et de l’isolement politique international dans lesquels elles baignent.

Pour la Frankfurter Rundschau par contre, cette « guerre des cultures », pour le pour reprendre la célèbre expression du sociologue américain Huttington, ces provocations effectuées dans l’unique but de provoquer sont en fait une preuve de narcissime et de manque de confiance en soi.

La Süddeutsche Zeitung revient sur la notion de liberté de la presse et constate que ce droit fondamental est comme le Nil ou le Rhin, un grand fleuve qui charrie à la fois le meilleur et le pire. D’autre part, cette liberté de la presse connaît parfaitement des limites, celle du droit pénal. Donc, la liberté de la presse peut s’opposer à celle de la religion, mais cette confrontation ne doit pas être évitée, il doit au contraire être acceptée et supportée.

La Tageszeitung remarque dans ce contexte que l’objectif de Téhéran est clair : battre l’Occident avec ses propres armes et démonter son hypocrisie. Les défenseurs de la liberté de la presse ont désormais un problème : les journaux européens vont-ils, comme ils l’ont fait en reproduisant les caricatures du journal danois, documenter à leur tour le concours des caricatures iraniennes sur l’Holocauste. Si l’on reprend leur propre argumentation, ils devraient le faire, conclut le quotidien.