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Condamnation de l'ex-ministre de l'Intérieur

Sandrine Blanchard19 avril 2005

Affaire des « caisses noires de la CDU ». Manfred Kanther, ancien chef des chrétiens-démocrates, et ancien ministre de l’Intérieur allemand à l’époque du chancelier Helmut Kohl, vient d’être condamné à une amende et une peine d’an et demi de prison avec sursis. Il a en effet contribué au détournement vers l’étranger d’environ 20 millions de marks destinés à la CDU du Land de Hesse. Une affaire de pots de vins, donc, sur laquelle la presse allemande revient largement.

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Manfred Kanther
Manfred KantherImage : AP

Le Berliner Kurier estime que Manfred Kanther a mérité sa condamnation. Croyait-il vraiment, avec ses complices, se demande le journal, qu’il pourrait détourner des millions envers et contre toutes les lois ? Et le quotidien de souligner que lui, qui se présentait volontiers comme une sorte de « shérif », n’a pas cillé quand il s’est agi de braver la loi. Le Berliner Kurier regrette enfin le silence d’Helmut Kohl sur toutes ces donations non déclarées et donc illégales qu’il a acceptées pour financer son parti.

Pour la Frankfurter Rundschau, la conséquence directe de l’affaire du financement occulte de la CDU s’appelle Angela Merkel. Helmut Kohl éclaboussé, son ancien « shérif » échappant de justesse à la prison, la CDU écopant d’une condamnation historique, les règles du jeu changées de façon radicale, tout cela représente les ingrédients qui ont mené à la chute de celui que les Allemands surnommaient « le chancelier éternel », Helmut Kohl. Par répercussion, le parti chrétien-démocrate, poursuit le journal, a dû effectuer ce changement de génération, subir cette mutation plus rapide que dans aucun autre parti, une transformation qui porte le nom de son actuelle dirigeante.

De l’avis de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Manfred Kanther, a payé pour son manque de courage. Car pour accéder à sa charge de ministre, il lui a fallu prêter serment, et jurer qu’il garderait et défendrait la Loi. Et cette particularité de son parcours a vraisemblablement joué en sa défaveur auprès du juge. La FAZ conclut sur la difficulté de s’en tenir à la « politique des mains propres », aussi louable et citoyenne soit-elle, une politique qui pourrait selon le journal en dissuader quelques-uns d’assumer des responsabilités au sein d’un parti.

La tageszeitung pour finir titre « Kohl en liberté ». Manfred Kanther condamné à 18 mois avec sursis, et Helmut Kohl, que le quotidien nomme « le plus célèbre malfrat de la République » n’est toujours pas inquiété. La taz rappelle que de nombreux documents ont été détruits au moment de l’alternance politique de 1998, ce qui ne peut qu’alimenter l’idée généralement répandue d’une classe politique corrompue. Il se peut, écrit la taz, que le système de caisses noires soit devenu trop risqué, mais s’il a si bien fonctionné pendant si longtemps, c’est qu’il est des zones où la légitimation démocratique abdique face à l’influence des élites financières.

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Manfred Kanther, qui a qualifié sa condamnation de « totalement exagérée », devrait faire appel devant la Cour fédérale.