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Cornelia von Hollen, commissaire de police

29 juin 2010

Au cinéma, les commissaires de police vivent et tirent plus vite que leur ombre. La réalité est toute autre : travail de bureau, vie de famille bien organisée… C’est le cas chez Cornelia von Hollen, de Bremerhaven.

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Cornelia von Hollen

« Oui », dit Cornelia von Hollen, lorsqu’on lui demande si elle a une arme et des menottes. Puis elle ajoute très vite : « Mais uniquement lorsque j’enquête sur le terrain ». Et dans un éclat de rire, elle répond qu’elle ne regarde pas les séries criminelles le dimanche soir à la télévision : « Cela ne m’intéresse pas ».

Cornelia von Hollen, commissaire de son métier, est sans cesse confrontée à des clichés. Le cinéma, la télévision et les romans policiers donnent tous une fausse image du travail de la police, qui n’a que peu de choses à voir avec la réalité quotidienne. « Le travail policier est en majorité une activité sédentaire », explique-t-elle. Bien sûr, elle enquête aussi sur le terrain, dehors. Mais en règle générale, ce n’est pas vraiment palpitant. « Le plus souvent, nous ne résolvons pas les énigmes en trois quarts d’heure », confie-t-elle avec un sourire.

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Concentration : le procureur est au téléphoneImage : DW

Une passionnée de nombres et de justice

Et c’est ainsi que Madame le commissaire von Hollen s’occupe en premier lieu de ses deux enfants qui vont à l’école, avant de prendre place derrière son bureau dans un vieux bâtiment en briques du centre de Bremerhaven. Son petit bureau est situé dans l’aile ouest, à la fin d’un très long couloir : bureau 105, département K 23, criminalité économique.

Son bureau occupe presque la moitié de la pièce. Dessus, son meilleur instrument dans la chasse aux criminels : l’ordinateur. Car Cornelia von Hollen est une chasseuse de nombres, spécialisées dans la découverte de délits financiers tels que les banqueroutes frauduleuses ou les escroqueries. Elle se sent à l’aise dans l’univers des nombres : « Découvrir des preuves dans les bilans et les chiffres, c’est quelque chose de très simple, de logique pour confondre les criminels ».

Et c’est vraiment un objectif essentiel pour elle : trouver les coupables ou démontrer l’innocence d’un accusé. Car à 35 ans, elle a une autre passion que les nombres : la justice. C’est pour cela qu’elle est entrée dans la police.

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Le port de Bremerhaven est une plaque tournante importante dans les exportations de véhicules allemands dans le monde entierImage : DW

Des femmes dans la police – c’est normal aujourd’hui

Cornelia von Hollen est dans la police depuis 16 ans. Bremerhaven est sa ville natale, c’est là qu’elle est allée à l’école et c’est à Brême, la cité voisine, qu’elle est entrée à l’Académie de la police. À l’époque déjà, l’entrée des femmes dans la police était chose normale, mais pas depuis longtemps. L’arrivée des femmes a modifié la police : d’une part, la compétence sociale féminine a amélioré l’ambiance dans les équipes. D’autre part, les femmes ont fait entrer dans l’univers de la police criminelle des sujets qui ne jouaient qu’un rôle accessoire autrefois : famille, enfants, école, cuisine. Tout ceci fait partie du quotidien de Cornelia von Hollen. C’est pour cela qu’elle ne travaille qu’à mi-temps. Après quatre heures de service, elle quitte son bureau pour arriver à temps à la maison où Jero, son fils de 8 ans, et Deike, sa fille de dix ans, reviennent de l’école. Elle fait vite la cuisine et ensuite, elle aide ses enfants à faire leurs devoirs. Puis elle organise les loisirs de ses enfants. « C’est du stress, c’est certain », avoue-t-elle. « On est pas mal sous pression, c’est sûr. » Famille et métier – deux univers différents

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À la maison, Madame le commissaire se transforme en Connie : on fait la cuisine, on range et on aide les enfants à faire leurs devoirs."Image : DW

Son mari Axel assume lui aussi sa part des travaux domestiques. Le matin, c’est lui qui est responsable du réveil de la famille et de la préparation du petit-déjeuner. L’après-midi, c’est au tour de l’entraînement de football pour le benjamin de la famille. Mais les deux parents se rendent ensemble aux conseils de parents d’élèves.

Famille et métier – deux univers bien distincts pour Cornelia von Hollen. Lorsque Connie, comme on l’appelle dans le privé, rentre chez elle, Madame le commissaire reste au bureau, à Bremerhaven. Et pourtant, parfois, lorsqu’on s’y attend le moins, lorsque Cornelia von Hollen prend par exemple le thé avec des amis, on s’adresse quand même à Madame le commissaire, comme par exemple : « Est-ce que mon enfant a le droit de s’asseoir dans ce siège ? » Elle n’a pas de réponse à cette question car, comme elle l’avoue elle-même : « J’ai suivi une formation de police criminelle, pas de police de la route ».

Auteur : Zoran Arbutina
Traduction : Christophe Lascombes
Edition : Anne Le Touzé