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Coupe du Monde 2010 : Panorama

11 juin 2010

A l'occasion de la XIXème édition du Mondial de football en Afrique du Sud, panorama sur les favoris de cette compétition, sur les chances des équipes africaines et présentation de l'équipe d'Allemagne.

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Image : Marcus Bredt

I – LES FAVORIS

Le grand favori de cette compétition est évidemment l'Espagne. Sacrée championne d'Europe en 2008, la Roja est l'équipe européenne la plus performante de ces dernières années, en témoigne sa série de 35 matches sans défaite (record du Brésil égalé). Mieux encore, les qualifications ont été une véritable promenade de santé : 10 matchs, 10 victoires, 28 buts marqués, 5 buts encaissés. Il faut dire que l'Espagne possède un collectif hors norme, bâti par Luis Aragones et repris par Vicente del Bosque, deux grands hommes du football espagnol. Même si les grands gabarits ne sont pas légion, les Espagnols compensent par un jeu de passes rapide à terre, le toque, dans lequel s'affirme aussi bien leur puissance au milieu de terrain qu'en attaque. Il faut dire qu'un milieu Xabi Alonso-Xavi-Iniesta-Silva sait régaler la chique et satisfaire son duo d'attaque Fernando Torres-David Villa, tous deux de très dangereux buteurs. Derrière, la charnière centrale Gerard Piqué- Carles Puyol fait des merveilles aussi bien en club, au FC Barcelone, qu'en sélection, Sergio Ramos est l'un des meilleurs latéraux droits du monde, et, dans les buts, on retrouve l'inamovible Iker Casillas, le « Gardien du Temple » madrilène. Rien ou presque ne semble véritablement affecter cette équipe, et les rumeurs de conflits d'ego disparaissent aussitôt que la Roja entre sur le terrain.

David Villa
David Villa, l'attaquant de l'EspagneImage : AP

Avouons-le, un Mondial où le Brésil ne serait pas favori ne serait pas vraiment un Mondial. Comme d'habitude, le seul pays à avoir participé à toutes les phases finales de la Coupe du Monde présente un effectif à faire pâlir le monde entier. Et encore, le sélectionneur Dunga a dû trancher dans le vif et s'est même permis de laisser des stars à la maison, comme Ronaldinho, Pato, ou encore Adriano. Néanmoins, la Seleçao, à défaut d'être moins spectaculaire, possède toujours dans ses rangs des joueurs capables de faire la différence à n'importe quel moment, que ce soit dans les buts, avec Julio Cesar, auteur d'une superbe saison avec l'Inter Milan, en défense, avec Lucio et Maicon notamment, au milieu, avec un Kaka qui, même s'il a connu une saison difficile à cause des blessures, reste un joueur de classe mondiale, ou en attaque, avec la paire Fabiano-Robinho. Tombé dans le groupe G, le « Groupe de la mort » avec le Portugal, la Côte d'Ivoire et la Corée du Nord, le quintuple champion du monde devrait toutefois pouvoir s'en extirper sans trop de problèmes. Attention toutefois de ne pas trop se laisser accrocher : finir au deuxième rang dans ce groupe signifierait accroître ses chances de rencontrer…l'Espagne dès les huitièmes de finale.

Une sortie prématurée du Brésil ne serait pas sans réjouir le rival sud-américain, l'Argentine, elle aussi favorite de la compétition. La sélection « entraînée » par Diego Maradona se veut résolument offensive. En témoigne la sélection de six attaquants (Lionel Messi, Diego Milito, Sergio Agüero, Carlos Tevez, Martin Palermo, Gonzalo Higuain), qui à eux tous ont inscrit la bagatelle de 176 buts cette saison. Cette équipe argentine compte évidemment beaucoup de talents. Mais, quand on pense que Maradona a décidé de se passer de deux joueurs majeurs pour des postes plus défensifs, à savoir Esteban Cambiasso et Javier Zanetti, on espère pour l'Albiceleste qu'elle réussira à tenir le choc en défense. D'autant plus que Maradona est de plus motivé à l'idée de faire évoluer son équipe en 3-4-3, ce qui permettrait bien entendu de mettre un attaquant de plus sur le terrain, mais aussi de passer à une défense avec trois centraux, ce qui pourrait poser quelques problèmes d'équilibre. Ce sont certes des problèmes de luxe, mais, en tous cas, les adversaires des doubles champions du monde sont prévenus : ils ont intérêt à être prêts les jours de match, car Messi et consorts seront intenables pendant 90 minutes.

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Lionel Messi, le danger argentin n°1Image : picture-alliance/dpa

II – LES OUTSIDERS

Il est de ces équipes que l'on aimerait bien voir remporter le Mondial, afin que leur qualité de jeu soit enfin récompensée. C'est le cas des Pays-Bas, finalistes en 1974 et 1978. Cette année encore, ils présentent une équipe solide, qui a une fois de plus survolé les qualifications, et qui a fait forte impression lors des matches de préparation. Il faut dire que leur armada offensive n'a rien à envier aux favoris : Wesley Sneijder, Rafael Van der Vaart, Robin Van Persie et surtout Arjen Robben, ces quatre joueurs sont capables de faire plier n'importe quelle défense. Aux Néerlandais d'apprendre à gérer leurs egos et de ne pas sombrer dans l'arrogance, ce qui leur a souvent joué des tours en compétition ; s'ils arrivent à garder leur sang-froid, les Oranje pourront aller très loin dans ce Mondial, voire même décrocher le titre suprême.

WM 2006 Niederlande Serbien Montenegro Arjen Robben
Arjen Robben, dit "le Hollandais Volant"Image : AP

Titre que tentera de défendre l'Italie, championne du monde en 2006. Marcelo Lippi, qui avait déjà mené ses troupes à la victoire finale il y a quatre ans, pourra compter sur ses tauliers, à savoir le gardien Gianluigi Buffon, le défenseur Fabio Cannavaro et les milieux Andrea Pirlo et Gennaro Gattuso. Cette année, l'Italie semble beaucoup plus joueuse que les années précédentes, et avec des attaquants comme Antonio Di Natale, meilleur buteur de Serie A, et des renards tels que Giampaolo Pazzini ou Alberto Gilardino, nul doute qu'il faudra compter sur la Squadra Azzura pour batailler jusqu'au bout.

Il faudra également compter sur l'Angleterre. Les Three Lions ont repris du poil de la bête depuis que Fabio Capello a pris en main la sélection. L'Italien a surtout réussi à faire jouer ensemble Steven Gerrard et Frank Lampard, qui symbolisait autrefois la frustration des Anglais, qui ne comprenaient pas pourquoi ces deux milieux pétris de talent passaient leur temps à se marcher sur les pieds lorsqu'ils évoluaient sous le même mailot. Aujourd'hui, ce problème semble résolu, et avec les virevoltants Aaron Lennon et Joe Cole, nul doute que l'Angleterre possède un milieu de terrain redoutable, chargé d'alimenter en ballons le talentueux Wayne Rooney. L'équipe anglaise semble vraiment parée pour ce Mondial ; seule ombre au tableau, la question du gardien de but : ni David James ni Robert Green n'ont jusqu'à présent réussi à convaincre pleinement le « Mister » Capello.

Flash-Galerie WM-Stars Wayne Rooney
Wayne Rooney, attaquant de l'AngleterreImage : picture-alliance/dpa

S'il s'extirpe du « Groupe de la mort », le Portugal aura sûrement un coup à jouer dans ce Mondial. La sélection entraînée par Carlos Queiroz a certes eu quelques difficultés à se qualifier, mais les Portugais peuvent s'avérer de véritables compétiteurs. Tous les cadres sont là, à savoir Ricardo Carvalho, Pepe, Deco, Raul Meireles, Tiago et Simao, et devant, la Seleccao pourra bien évidemment compter sur son atout offensif numéro 1, à savoir Cristiano Ronaldo.

Enfin, la France peut également espérer de faire un bon parcours, à condition de bien rentrer dans ce tournoi. Souvent décriée ces dernières années, l'équipe de France possède toutefois des joueurs de grande qualité à tous les postes : Hugo Lloris, Patrice Evra, Jérémy Toulalan, Yoann Gourcuff, Florent Malouda, Franck Ribery, Thierry Henry, Nicolas Anelka, pour ne citer qu'eux. A Raymond Domenech, très contesté lui aussi, de trouver la formule magique pour emmener les Bleus le plus loin possible.

Fußball Cristiano Ronaldo Genf Flash-Galerie
Cristiano Ronaldo, l'espoir du peuple portugaisImage : AP

III – LES PETITS POUCETS

Comme tous les quatre ans, des équipes créent la surprise et s'invitent à la phase finale. Ce Mondial ne fait pas exception. En Europe, il s'agit de la Slovénie et la Slovaquie. La Slovénie a réussi l'exploit d'éliminer la Russie en matches de barrage. Quant à la Slovaquie, elle s'est qualifiée directement pour sa première Coupe du Monde en finissant première de son groupe, et surtout, en laissant le voisin tchèque à la maison.

En Asie, la Corée du Nord a réussi à se qualifier pour sa deuxième Coupe du Monde après celle de 1966. Bien qu'ils soient tombés dans le « groupe de la mort », les Nord-Coréens ne seront pas à sous-estimer pour autant. Il y a 44 ans, l'Italie l'a appris à ses dépends ; la Corée du Nord avait éliminé la Squadra Azzura en poules, avant de tomber en quarts contre le Portugal.

Le représentant de l'Océanie ne sera pas l'Australie cette année, les Socceroos ayant changé de confédération après 2006. Il s'agit donc de la Nouvelle-Zélande. Dans l'ombre des All-Blacks, l'équipe nationale de rugby, les All-White tenteront de faire bonne figure pour leur deuxième participation à un Mondial.

Enfin le Honduras participe lui aussi à sa deuxième Coupe du Monde. Certes, on ne miserait pas une pièce dessus, mais le fait de jouer contre des adversaires hispaniques (Espagne, Chili) en poules devrait motiver les Honduriens à aller chercher un résultat.

IV – UNE COUPE DU MONDE EN MAL DE STARS ?

Beaucoup de joueurs majeurs manquent à l'appel en Afrique du Sud, principalement pour deux raisons.

La première raison évoquée est leur non-convocation par les différents sélectionneurs, soit parce que ces derniers ont estimé qu'ils n'avaient pas effectué une bonne saison en club, soit parce qu'ils ont été sacrifiés pour des raisons tactiques. C'est le cas par exemple en Argentine pour Esteban Cambiasso et Javier Zanetti, au Brésil, pour Ronaldinho, Pato et Adriano, en France pour Patrick Vieira, Karim Benzema et Samir Nasri, aux Pays-Bas pour Ruud Van Nistelrooy.

La deuxiéme raison relève, elle, surtout de la malchance : beaucoup de joueurs se sont blessés juste avant le Mondial ou se sont blessés en milieu de la saison et n'ont pas réussi à se rétablir à temps. Dans cette liste non exhaustive, on retrouve David Beckham et Rio Ferdinand (Angleterre), Michael Essien (Ghana), John Obi Mikel (Nigéria) ou encore Nani (Portugal). De plus, la guigne continue à poursuivre les équipes engagées dans ce Mondial : beaucoup de joueurs se sont blessés lors des matchs de préparation et ont causé quelques frayeurs à leurs supporters : à l'heure actuelle, Arjen Robben (Pays-Bas), Andrés Iniesta (Espagne), Alex Frei (Suisse), Tim Cahill (Australie), Didier Drogba (Côte d'Ivoire), Andrea Pirlo (Italie) ou encore Julio Cesar et Felipe Melo (Brésil) ne sont pas à 100% de leurs capacités physiques et risquent de rater le premier match de leur équipe nationale.

Michael Essien aus Ghana
Michael EssienImage : dpa

V – LES CHANCES DES EQUIPES AFRICAINES

On a souvent entendu dire ces derniers temps que, puisque la Coupe du Monde se déroule en Afrique du Sud, alors les équipes africaines ont plus de chances d'aller loin. Ceci est à la fois faux et vrai. Faux, car l'on part souvent de l'idée reçue que l'Afrique est un continent chaud, et que les équipes africaines pourraient être avantagées par le climat. Sauf que l'on oublie souvent qu'à cette époque de l'année, dans l'hémisphère sud, c'est l'hiver. Certes, ce n'est pas aussi rude que dans certaines contrées d'Europe, d'Asie ou d'Amérique, mais les températures tournent entre 15 et 25 degrés, températures « européennes », idéales pour jouer au football.

Ce qui est vrai, par contre, c'est que toutes les équipes africaines seront supportées par tous les Africains. Pour cette première sur le continent, on espère qu'une équipe africaine réussira à dépasser le stade des quarts de finale, et donc faire mieux que le Cameroun en 1990 et que le Sénégal en 2002.

Pour ce faire, les équipes africaines les mieux parées semblent être le Ghana et la Côte d'Ivoire. Bien que privés de leur capitaine et meneur de jeu Michael Essien, les Black Stars du Ghana présentent le meilleur collectif en Afrique, avec une défense solide, un milieu de terrain très physique et une attaque très réaliste.

Un collectif, c'est ce qui manque par moments à la Côte d'Ivoire ; pourtant, les individualités sont légion : il y a Didier Drogba bien sûr, mais aussi Salomon Kalou, Gervinho, Kolo et Yaya Touré, pour ne citer qu'eux. Reste à voir si Sven-Goran Eriksson, en poste depuis seulement trois mois, aura réussi à mettre en place une véritable équipe capable de rivaliser avec les plus grands.

Flash-Galerie WM-Stars Didier Drogba
Didier Drogba, capitaine des Elephants de Côte d'IvoireImage : picture-alliance/dpa

Le Cameroun semble un peu en dessous de ces deux équipes ; pourtant, quand on y regarde bien, cette équipe pourrait être une synergie du Ghana et de la Côte d'Ivoire : un milieu puissant et un leader en attaque, en la personne de Samuel Eto'o. Toutefois, l'entraîneur Paul Le Guen se dit confiant, et on verra son équipe aura fait des progrès, notamment au niveau du mental, qui a souvent péché du côté camerounais lors des différentes compétitions.

L'Algérie et le Nigéria n'auront rien à perdre. Ces deux équipes se sont certes qualifiées avec beaucoup de difficultés, mais ceci signifie aussi qu'elles se sont battues jusqu'au bout pour aller en Afrique du Sud. En ce qui concerne l'Algérie, aux joueurs de dompter leur mental de guerrier qui leur fait parfois perdre leur sang-froid ainsi que les matches. Quant au Nigéria, même si les Super Eagles ne sont plus aussi flamboyants que par le passé, leurs qualités techniques et leur vitesse pourraient leur débloquer pas mal de situations.

Enfin, l'Afrique du Sud semble être la moins impressionnante sur le papier. Néanmoins, les Bafana Bafana ont l'avantage d'évoluer à domicile, et bénéficient donc d'un soutien total de leur pays. D'autre part, ceci pourrait être une source de pression : les Sud-Africains n'ont pas le droit à l'erreur, s'ils ne veulent pas être le premier pays hôte à sortir dès le premier tour.

VI – ET L'ALLEMAGNE, DANS TOUT CA ?

L'équipe d'Allemagne fait partie de ces équipes qui sont souvent décriées six mois avant les compétitions, qui passent au statut d'outsider juste avant le début d'un tournoi pour finir favoris sitôt les deux ou trois premiers matches joués. Car la Mannschaft est une véritable équipe de tournoi, le genre d'équipe qui monte en puissance match après match, et qui ne s'avoue jamais vaincue. La preuve, l'Allemagne a toujours au moins atteint les quarts de finale du Mondial, et a été en finale à sept reprises : quatre défaites, mais trois titres de champion du monde. Cette année encore, même si le capitaine Michael Ballack sera absent pour cause de blessure, la Mannschaft s'est trouvée de nouveaux leaders, Philipp Lahm et Bastian Schweinsteiger en l'occurence, qui sueront sang et eau pour emmener leurs troupes le plus loin possible.

Philipp Lahm Kapitan deutsche Nationalmannschaft
Philipp Lahm, le nouveau capitaine de la MannschaftImage : picture alliance/augenklick

Aujourd'hui, on assiste à un certain changement dans l'équipe d'Allemagne ; finis les grands blonds aux yeux qui balancent les ballons devant. La Mannschaft devient petit à petit l'équipe de toute l'Allemagne, et comprend une part non négligeable de joueurs dont les parents viennent de tous les continents. Le processus de métissage est en route : on avait commencé avec les Polonais (on retiendra Klose et Podolski comme derniers exemples en date), on continue aujourd'hui avec les noms à consonance arabe (Sami Khedira), africaine (Jérome Boateng, Dennis Aogo), et turque (Mesut Özil). Et, il faut bien le reconnaître, ces joueurs ont changé le visage de la Mannschaft : celle-ci offre un jeu beaucoup plus technique, non sans rappeler l'exemple de la France avec Zidane. Mieux encore, cette génération est encore très jeune, et possède une énorme marge de progression. Si les Allemands font partie des outsiders en Afrique du Sud, nul doute que, si les jeunes confirment les promesses qu'on a mises en eux, ils feront office de favoris dans quatre ans.

Auteur : Ali Farhat
Edition : Jean-Michel Bos, Carine Debrabandère