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Crash du vol d'Ethiopian Airlines : Boeing épinglé

4 avril 2019

Le rapport préliminaire de la commission d’enquête sur le crash du vol d'Ethiopian Airlines du 10 mars a été présenté ce jeudi à Addis-Abeba. Selon le document, la catastrophe n'est pas due à une erreur humaine.

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L'accident d'un Boeing 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines a fait 157 morts le 10 mars
L'accident d'un Boeing 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines a fait 157 morts le 10 marsImage : DW/O. Tadele Gebru

Selon le rapport préliminaire de la commission d’enquête, présenté jeudi à Addis-Abeba, le Boeing 737 Max, qui s’est écrasé le 10 mars dernier, six minutes seulement après son décollage, faisant 157 morts, "n’a pas été endommagé par un objet étranger" et "l'équipage a réalisé à plusieurs reprises toutes les procédures fournies par le constructeur, mais il n'a pas été en mesure de reprendre le contrôle de l'avion". Des conclusions présentées ce jeudi par Dagmawit Moges, la ministre éthiopienne des transports.

Répercussions pour le constructeur américain

Äthiopien - Absturzstelle der Ethiopian Airline ET 302
Image : DW/O. Tadele Gebru

Xavier Tytelman, expert en aéronautique, estime que les conclusions de ce rapport sont accablantes pour l’image de Boeing. "C'est gênant notamment pour la défense du constructeur qui a basé une partie de sa communication de crise sur l'idée que les pilotes étaient mal formés", déclare l'expert. "Boeing expliquait avoir fait faire des tests à des pilotes avec l'ancien logiciel et ils ont montré que les cinq pilotes choisis avaient tous réussi à gérer la situation", explique-t-il encore. "Je pense que ce sont des éléments qui vont en tout cas renforcer la crise au sein de Boeing. Sa rentabilité sur les prochaines années est très fortement impactée. Ça c'est une évidence."  

Boeing sous pression

Le rapport préliminaire recommande que le système de gestion de vol de l'avion soit revu par Boeing. "Les autorités de l'aviation devront vérifier que la révision du système de gestion de vol de l'avion a été correctement effectuée par le fabricant, avant que la flotte des Boeing 737 MAX, clouée au sol dans le monde entier depuis l'accident, soit autorisée à voler à nouveau", a indiqué Dagmawit Moges Moges, la ministre éthiopienne des Transports.

Boeing est également soumis à d’autres exigences au niveau international. "L'autorité fédérale américaine a demandé de faire un certain nombre de modifications. En plus, Boeing et la FAA sont sous le coup d'une procédure criminelle qui a été engagée par le ministère de la Justice américain", explique Bertrand Vilmer du cabinet aéronautique Icare à Paris. "Le responsable de l'Agence de la sécurité aérienne européenne, Monsieur Ky, a dit très clairement qu'il voulait que son agence refasse le test de certification et idem pour l'agence brésilienne et canadienne". 

Boeing au travail

En réponse, Boeing a promis d’examiner le rapport ce jeudi et "de prendre toutes les mesures supplémentaires nécessaires pour renforcer la sécurité" de ce modèle 737 MAX. Le constructeur rappelle qu'il est en train de développer un correctif au MCAS, le système qui serait responsable du décrochage de l'avion.

En octobre 2018, un autre Boing 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air s'était abimé en mer de Java dans des circonstances similaires à celui d’Ethiopian Airlines. Bilan : 189 victimes. Dans une consigne adressée aux équipages le 6 novembre dernier, après ce crash, Boeing a  expliqué qu'une erreur de la sonde mesurant l'angle d'attaque (AOA) pouvait conduire le MCAS ("Maneuvering Characteristics Augmentation System") à mettre brutalement l'avion en "piqué" (nez vers le sol). C'est pourquoi, il a été demandé aux pilotes de désactiver le système en "déconnectant les compensateurs électriques jusqu'à la fin du vol".

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona