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Crise géorgienne : un enjeu énergétique

Gaelle Dietrich13 août 2008

Le conflit qui mine la Géorgie mobilise la communauté internationale, et notamment les Etats Unis. C'est pourtant un petit pays, sans richesses propres. Mais la Géorgie est un carrefour stratégique pour l'énergie.

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Karte Konflikt in Georgien Stand:11.08.2008 Karte Kaukasus Georgien mit den Teilrepubliken Abchasien und Südossetien deutsch Zusätzlich mit den Städten: Poti und Gori und Kodori-Talconstruction of a section of the Baku-Tbilisi-Ceyhan pipeline near the town of Tetri-Tskaro, 50 km (30 miles) south of the capital, Tbilisi, Georgia, Friday, May 23, 2003. Shevardnadze and ambassadors from the United States, Azerbaijan and Turkey inaugurated construction Friday on the Georgian stretch of a strategic pipeline that will pump oil from Azerbaijan to Western markets. (AP Photo/Shakh Aivazov)
Le pétrole est acheminé depuis la mer Caspienne vers l'ouest en passant par la GéorgieImage : AP Graphics

Sans dire que ce conflit est avant tout une guerre pour le pétrole, on ne peut oublier que cet aspect joue un rôle important dans la région. Au coeur de l'enjeu énergétique, l'oléoduc BTC Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Il relie les gisements d'Azerbaidjan au port turc Ceyhan – en passant par Tbilissi, la capitale géorgienne.


Georgian President Eduard Shevardnadze, left, and other officials attend a ceremony inaugurating construction of a section of the Baku-Tbilisi-Ceyhan pipeline near the town of Tetri-Tskaro, 50 km (30 miles) south of the capital, Tbilisi, Georgia, Friday, May 23, 2003. Shevardnadze and ambassadors from the United States, Azerbaijan and Turkey inaugurated construction Friday on the Georgian stretch of a strategic pipeline that will pump oil from Azerbaijan to Western markets. (AP Photo/Shakh Aivazov)
L'oléoduc BTC situé au sud de la capitale, Tbilissi a été inauguré en 2003Image : AP

Avec plus de 1700 kilomètres, c'est le deuxième plus grand oléoduc du monde. A lui seul, il transporte 1,2 million de barils par jour. C'est dire l'importance stratégique de cet oléoduc. Et les Américains l'ont bien compris puisque ce sont eux qui l'ont construit. Steven R. Mann est le délégué du gouvernement américain dans le Caucase. C'est lui qui surveille les intérêts des Etats-Unis dans la région : « Le projet d'oléoduc a été lancé par l'administration Clinton et le gouvernement Bush l'a mis en œuvre. On peut donc tout à fait dire que l'oléoduc BTC fait partie de la politique nationale américaine. L'objectif essentiel de cette politique est de mettre fin au temps du monopole. Quand on regarde la situation de l'Eurasie au moment de l'éclatement de l'Union soviétique, on voit que tous les gazoducs et oléoducs d'Asie centrale et autour de la Mer caspienne sont contrôlés pour une seule entreprise russe, à savoir Transneft pour le pétrole et Gasprom pour le gaz. Pour de nombreuses raisons, et notamment pour des raisons économiques, la situation serait beaucoup plus saine s'il y avait ici une situation de concurrence. »


La Géorgie occupe une position privilégiée - à quelque pas de la Mer Caspienne, si riche en hydrocarbures. Le pays a également de nombreux ports sur la Mer Noire. De plus, la Géorgie est devenu un allié sûr de l'Occident. Tout cela en fait le passage idéal pour les hydrocarbures venus d'Asie Centrale en direction de l'Ouest. Et selon Steven R. Mann, l'enjeu de la région ne peut que s'accentuer : « Dans les dix prochaines années, la région autour de la Mer Caspienne sera la plus grosse nouvelle source de pétrole qui arrivera sur le marché, en dehors du pétrole produit par l'OPEP. Ca permettra de diversifier l'approvisionnement en énergie et de maintenir le prix du pétrole à un niveau raisonnable. »


Outre la construction de l'oléoduc BTC, il y a eu celle en 2007du gazoduc qui relie l'Azerbaidjan à la Turquie . Sans oublier la présence de conseillers militaires américains en Géorgie, et le positionnement résolument pro-occidental de Tbilissi. Et le président géorgien a annoncé son retrait de la Communauté des Etats Indépendants, qui regroupe la Russie et les anciennes républiques soviétiques.


Mais il reste à la Russie une dernière carte à jouer pour contrecarrer les plans américains: la déstabilisation. Car les firmes occidentales n'investiront pas dans la région si elle est instable et dangereuse. C'est du moins le calcul effectué par le Kremlin. La Russie a donc tout intérêt à attiser les tensions dans les provinces séparatistes de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhasie.


Quant aux prix du pétrole, les récents affrontements dans la région ne semblent pas avoir pour l'instant d'impact particulier. Il n'y a pour le moment aucune menace pour l'approvisionnement.