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Décrispation au Nigeria

20 janvier 2012

La presse allemande consacre encore quelques articles au Nigeria où l'effervescence est retombée. Et pour cause: le gouvernement est revenu partiellement sur sa décision de supprimer les subventions aux carburants.

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Des Béninois viennent acheter de l'essence au NigeriaImage : picture-alliance/ dpa

Pour la Berliner Zeitung c'est la peur d'une guerre civile qui a fait céder le gouvernement nigérian. En contrepartie les syndicats ont assuré au président qu'ils n'appelleraient pas, du moins pas pour l'instant, à une suspension des exportations de pétrole. Les subventions aux carburants, note le journal, engloutissent chaque année 6,5 milliards d'euros. Les économistes jugent leur suppression nécessaire si le Nigeria veut mettre de l'ordre dans son secteur énergétique. Mais la population ne croit pas que les milliards économisés soient réellement investis dans la construction de centrales électriques et de raffineries. Elle craint bien plutôt que les politiciens nigérians, tristement célèbres pour leur corruption, ne détournent cet argent dans leurs poches.

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Vendeur d'essence au marché noir à KanoImage : picture-alliance/ dpa

die tageszeitung parle d'une victoire des grévistes, après une semaine de grève générale. La concession faite par Goodluck Jonathan, souligne le journal, est importante non seulement par son contenu mais aussi par le moment choisi pour l'annoncer. Le 15 janvier est au Nigeria une journée de commémoration. Il marque le début des épurations ethniques entre Nigérians du nord et du sud, qui débouchèrent en 1967 sur la sécession de ce qui s'appellera le Biafra. Il marque aussi la fin de la guerre du Biafra, le 15 janvier 1970, après l'écrasement de la sécession.

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Touristes dans le désert de Danakil, près de la frontière avec l'Erythrée, 2011Image : picture-alliance/dpa

Tourisme à haut risque

Sans surprise la presse allemande s'intéresse beaucoup à l'Ethiopie. Cinq touristes européens, dont deux Allemands, ont été tués dans le nord-est de l'Ethiopie, près de la frontière avec l'Erythrée. Les attaques contre des touristes ne sont pas rares en Afrique, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung. Mais celle-ci développe une charge explosive politique. Car elle a eu lieu dans la zone frontalière entre l'Ethiopie et l'Erythrée, deux Etats qui se sont fait la guerre pendant longtemps. C'est aussi une région, explique plus loin le journal, peuplée de nomades, les Afars, qui après le découpage colonial du continent et l'indépendance ultérieure de l'Erythrée, se répartissent sur trois pays - Ethiopie,Erythrée et Djibouti. Leur rapport avec le gouvernement central éthiopien n'est pas des meilleurs. Beaucoup se plaignent d'être marginalisés. Certains Afars rêvent de rassembler un jour leur peuple dans un Etat indépendant. Mais cela est très improbable. Les Afars n'ont pas de lobby international. Et chez les citadins d'Addis Abeba, les nomades passent souvent pour des gens non civilisés. Reste à savoir poursuit le journal, si les séparatistes du Front uni révolutionnaire démocratique Afar est impliqué dans cette attaque. Dans le passé il a été tenu pour responsable d'enlèvement d'étrangers, mais il ne représente pas une menace existentielle pour l'Ethiopie. Le Tagesspiegel de Berlin évoque lui aussi l'extrême tension qui règne entre l'Ethiopie et l'Erythrée et relève que l'Ethiopie fait un rapprochement entre l'assassinat de ces touristes européens et le sommet de l'Union africaine qui débute le 23 janvier à Addis-Abeba.

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Enfants au Soudan du sud, 2011Image : DW

Une maladie après la guerre

La santé figure aussi en bonne place cette semaine dans la presse allemande. Deux articles lui sont consacrés dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le premier concerne une mystérieuse maladie qui sévit au Soudan du sud. Faute d'un terme plus précis, on l'appelle la maladie du hochement de tête. Elle frappe des enfants de 5 à 15 ans, qui hochent donc la tête parce que les muscles de leur cou cessent de se tendre. Cela arrive surtout à la vue de nourriture, ou lorsqu'ils ont froid. Selon le ministère sud-soudanais de la santé, 500 nouveaux cas ont été enregistrés au seul hôpital Usratuna de Juba. L'OMS parle de 5000 à 8000 malades au Soudan du sud, mais ne veut pas encore prononcer le mot épidémie. Alors de quoi s'agit-il? Comme le note le journal, les chercheurs ont déjà repéré plusieurs causes possibles de la maladie: de la viande de singe contaminée par des virus, des vapeurs toxiques de munitions de guerre abandonnées, des semences envoyées dans la première vague d'aide internationale d'urgence au début des années 90. Ces semences n'étaient propres qu'à la culture, mais dans leur détresse les gens les ont éventuellement mangées. Aucune de ces pistes pourtant n'a mené les chercheurs plus loin. Des cas de cette maladie du hochement de la tête sont également signalés en Ouganda. Et note le journal, si les causes en sont encore inconnues, les symptômes peuvent être atténués par l'administration d'un anti-épileptique.

Neuartige Synthese des Malaria-Wirkstoffs
Un nouveau procédé pour synthésiser l'artémisinineImage : picture-alliance/dpa

Le réacteur anti-paludisme

L'autre article fait naître un espoir pour les millions de personnes, notamment en Afrique, qui souffrent de paludisme. La Frankfurter Allgemeine Zeitung commence par rappeler que selon l'OMS, 1 800 personnes meurent chaque jour de paludisme dans le monde, principalement en Afrique et en Asie. L'artémisinine, produite à partir d'une plante appellée artemisia annua, est un remède efficace contre le paludisme. Mais l'extraction de la substance active est coûteuse et rend les médicaments onéreux. Cela pourrait changer. Comme l'explique le journal, deux chimistes de l'institut Max Planck de Potsdam ont trouvé un nouveau moyen de synthétiser l'artémisinine. Un procédé d'une grande simplicité technique rend la substance active à la fois bon marché et disponible en grande quantité, souligne le journal, qui fait ensuite une description, assez pointue, de l'appareil mis au point par ces deux chimistes, François Lévesque et Peter Seeberger. L'opération de synthèse dure moins de cinq minutes. Les deux scientifiques ont calculé que leur réacteur pouvait produire 800 grammes de substance active par jour et que les besoins mondiaux en artémisinine pourraient être couverts avec un investissement de quatre millions d'euros.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum