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Dérive radicale pour le contrôle du Cachemire

Emmanuel Derville6 novembre 2013

Depuis 1989, l'Inde et le Pakistan se disputent la région du Cachemire. Depuis quelques années les autorités pakistanaises encourageraient les organisations terroristes à épauler l'insurrection séparatiste.

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Image : REUTERS

C'est une bourgade tranquille plantée au milieu d'une campagne qui rappelle la Suisse. Dans les ruelles du village de Bulli, au sud de la vallée du Cachemire, tout semble paisible. Mais dans la maison de Ghulam Parray, tout le monde est inquiet. Voilà quatre mois que Tariq, l'aîné, a disparu. Tariq était un étudiant brillant. Il préparait un Master d'histoire au département d'Asie centrale de l'université du Cachemire à Srinagar. Il voulait écrire une thèse et devenir professeur.

Aujourd'hui Ghulam Parray pense que son fils a rejoint le Hizb-ul-Mujahideen. Ce groupe islamique armé cachemiri a orchestré neuf attaques contre les forces de sécurité depuis le mois de janvier:

« Les tortures qu'il a subies en prison l'ont changé. Il a été détenu pendant huit jours. Après sa libération, il ne parlait plus que de l'oppression de l'armée indienne contre les Cachemiris. »

A sa sortie de prison, Tariq est traumatisé. Sa mère, Shahzada, ne le reconnaît plus:

« Quand il est revenu, ses bras étaient couverts de bleus. Il n'arrivait plus à se tenir debout et il avait peur du noir. Il voulait que je dorme à ses côtés. Il me disait : Reste avec moi. Sinon, ils vont venir me chercher. »

Plusieurs dizaines de jeunes ont rejoint l'insurrection islamiste ces derniers mois. Ce sont des adolescents ou de jeunes adultes. Ils ont fait des études dans des écoles religieuses ou à l'université. Certains ont un emploi stable. Mais cette jeunesse est en colère contre le pouvoir indien. 600 000 militaires sont déployés au Cachemire. Un soldat pour 20 habitants. Ils bénéficient d'une immunité en cas de bavure. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement l'armée et la police de torturer les détenus et de tirer sur des manifestants désarmés.

A Sopore, dans le nord de la vallée, le chef de la police de la ville, Imtiaz Ahmed rejette toute accusation de torture. Pour lui, le problème est ailleurs:

« Il n'y a qu'une trentaine de jeunes qui ont rejoint les groupes islamiques armés. Ce ne sont pas des combattants nationalistes qui réclament l'indépendance du Cachemire. Ils luttent uniquement au nom de l'islam radical et c'est cette idéologie qui les pousse à commettre des attentats. »

Sopore est à quelques kilomètres de la ligne de contrôle, qui sépare l'Inde et le Pakistan. Depuis plusieurs années, les services secrets pakistanais encouragent des organisations islamiques armées pakistanaises à épauler l'insurrection cachemirie. Hors micro, des habitants de Sopore indiquent que c'est le Lashkar-e-Taiba qui est le plus actif. Cette organisation terroriste pakistanaise combat les forces de l'Otan en Afghanistan. Et en Inde, nombre d'observateurs craignent qu'après le retrait des troupes en 2014, la mouvance jihadiste pointent ses armes sur le Cachemire.