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Daesh contrôle la moitié de la Syrie

22 mai 2015

Les jihadistes de l'Etat islamique (EI) gagnent de nouveau du terrain en Irak mais aussi en Syrie. Jeudi, ils ont pris Palmyre aux troupes de Bachar al-Assad. La cité vieille de 2000 ans survivra-t-elle à leurs assauts?

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Les colonnes romaines de l'oasis de Palmyre menacées par les jihadistes
Les colonnes romaines de l'oasis de Palmyre menacées par les jihadistesImage : picture-alliance/dpa/C. Melzer

Pendant huit jours, l'armée syrienne a tenté de repousser les assauts de Daesh, mais finalement le régime a dû reconnaître sa défaite. Selon l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme basé à Londres, la bataille a coûté la vie à au moins 500 personnes et provoqué la fuite d'un tiers de la population. Une défaite pour le régime syrien, et une menace pour un site archéologique d'une valeur inestimable et inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco.

2000 ans d'histoire qui risquent de partir en fumée: l'amphithéâtre de Palmyre date du 1er siècle après J.C.
2000 ans d'histoire qui risquent de partir en fumée: l'amphithéâtre de Palmyre date du 1er siècle après J.C.Image : picture-alliance/CPA Media/Pictures From History/D. Henley

L'héritage du peuple syrien menacé

Tous les regards sont d'ailleurs tournés vers les trésors menacés de Palmyre. Rami Abdulrahman, chef de l'OSDH, craint de voir 2000 ans d'histoire disparaître sous les coups des jihadistes: "Nous craignons que l'Etat islamique détruise la culture ancestrale et l'héritage de la Syrie. Ils font ces destructions au prétexte de s'attaquer à des représentations d'idoles, comme ils l'ont fait à Mossoul. Mais ce ne sont pas des idoles ni de simples pierres, ce sont des témoins de l'histoire du peuple syrien."L'Unesco a réitéré son appel à l'aide au Conseil de Sécurité de l'Onu, affirmant que toute destruction à Palmyre serait "une énorme perte pour l'humanité". L'Union européenne, quant à elle, a souligné sa crainte de "nouveaux crimes de guerre" à Palmyre.

Homs serait la prochaine cible

Pour Bachar al-Assad, le président syrien, la prise de Palmyre est d'autant plus cuisante que les jihadistes se sont dans la foulée emparés du poste-frontière d'Al-Tanaf, dernier passage entre la Syrie et l'Irak encore sous autorité syrienne. En plus de contrôler de larges pans de l'Irak, l'Etat islamique a la mainmise sur la moitié du territoire syrien.

Et la prochaine cible se profile déjà: Homs, à 150km, une ville stratégique au centre de nombreux combats ces quatre dernières années. "Homs est une ville très importante d'un point de vue géostratégique, car c'est un carrefour pour toutes les voies nord-sud et est-ouest de la Syrie, explique Michael Lüders, islamologue et politologue allemand. Entre Palmyre et Homs, il y a aussi de nombreux champs de pétrole et de gaz. C'est pourquoi on peut supposer qu'il s'agit du prochain objectif de Daesh. S'ils y parviennent, cela va devenir très dangereux pour le régime d'Assad."

La ville de Homs a été aux mains des groupes rebelles avant d'être reprise par les forces gouvernementales en 2014
La ville de Homs a été aux mains des groupes rebelles avant d'être reprise par les forces gouvernementales en 2014Image : picture-alliance/dpa

Soutenir Assad?

Face à l'ascension fulgurante des jihadistes, les pays occidentaux sont devant un choix difficile, estime Michael Lüders: "Bachar al-Assad et son régime sont incontestablement des criminels. Mais Assad est également le seul à pouvoir, avec ses forces militaires, faire face à l'Etat islamique en Syrie. L'occident doit se décider : veut-il précipiter la chute de Bachar al-Assad, au risque d'entraîner un vide de pouvoir à Damas qui profiterait soit à Daesh, soit au Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda? Comme personne ne veut cela dans les capitales occidentales, il n'y a en fait qu'une alternative: s'engager avec Assad et le soutenir militairement. Mais cela remettrait en question toute la politique des dernières années."

Depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, plus de 210.000 personnes ont été tuées dans les combats entre les troupes de Bachar al-Assad et les groupes rebelles.