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Dans l’antre de la dictature d'Omar el-Béchir

20 septembre 2019

Le procès de l'ancien dictateur saoudien offre une vision sans précédent du système de corruption de l'ancien régime.

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Sudan Khartum | Ex-Präsident Umar al-Baschir vor Gericht
Image : Getty Images/AFP/E. Hamid

Bienvenue "dans l’antre de la dictature". Dans la salle d'audience du tribunal, l’ancien dictateur est placé "dans une cage, trois mètres de haut, environ un mètre de large."

Pour le journal, "les images du dictateur en cage doivent avant tout signaler à la population que la vieille élite va devoir répondre de ses actes."

Dans le cas d’el-Béchir, c’est d’argent qu’on va parler. "Au Soudan, beaucoup de personnes doutent que le dictateur puisse être livré à la Cour pénale internationale pour sa responsabilité dans les 300.000 morts au Darfour".

Le pays serait "trop fier et trop critique vis-à-vis de l’Occident avec lequel le Tribunal est associé".

Valises de cash

Alors, on parle de valises de cash, des huit millions d’euros qui ont été retrouvés à la résidence de l’ex-président après sa chute. "Ce procès offre un aperçu incroyable du fonctionnement de la dictature d’el-Béchir".

Il y a l’ancien chef de cabinet, qui raconte au juge comment il a réceptionné 22 millions d’euros en liquide à l’aéroport - un cadeau du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane.

Omar el-Béchir est placé dans une cage dans la salle d'audience du tribunal.Hamid)
Omar el-Béchir est placé dans une cage dans la salle d'audience du tribunal.Image : Getty Images/AFP/E. Hamid

La défense assure que cet argent a servi à acheter du carburant et des céréales pour le pays.

Il y a aussi le million d’euros reçu par l’ancien chef de l’industrie de l’armement soudanaise, mise sur pied par la Russie et l’Iran, pour qu’il livre des armes à un pays voisin. Il s’agirait de la Centrafrique. Mais l’homme refuse d’en dire plus devant le juge.

Enfin, "le plus grand souci d’el-Béchir étaient les militaires". Ainsi, l’ancien chef de bureau du ministère de la Défense explique avoir perçu plus de quatre millions d’euros comme "don pour l’armée".

Il se trouve que cet homme dirige désormais le bureau du général Abdel Fattah al-Burhan, qui n’est autre que le nouveau président du Conseil de transition.

"On se demande alors, conclut die Welt, comment un tel personnage peut obtenir un poste de prestige dans la reconstruction d’un nouveau Soudan."

Des valises pleines de passeports diplomatiques

Du système el-Béchir, on passe au système des faux passeports diplomatiques africains. Cette fois, on est en Allemagne et c'est Der Spiegel qui nous raconte cette affaire.

Des hommes d'affaires allemands et autres personnages "aux CV douteux" ont réussi à se procurer des passeports diplomatiques "de la part d'Etats vivant dans une extrême pauvreté."

Sur ces papiers sont mentionnés des titres comme "Conseiller en communication", "Attaché pour la culture et le sport" ou encore "Chef de la sécurité".

L'hebdomadaire précise que la justice suppose que des sommes considérables ont été déboursées pour obtenir ces documents. Parmi les récipiendaires, "des criminels connus qui espéraient certainement qu'une immunité diplomatique les protègerait" de la police ou de la justice.

Poursuivi pour fraude fiscale, Boris Becker s'était procuré un passeport diplomatique centrafricain.
Poursuivi pour fraude fiscale, Boris Becker s'était procuré un passeport diplomatique centrafricain. Image : anonym

Dans cette vaste enquête, les regards se tournent notamment vers la Guinée Bissau. "Régulièrement, la police signalait des infractions au code de la route et d'autres troubles à l'ordre public dans lesquels étaient impliqués des diplomates de ce pays. Et souvent, il s'agissait de citoyens allemands qui agitaient leur passeport diplomatique en misant sur leur soi-disant immunité."

Voilà qui a mis la puce à l'oreille des enquêteurs, avant qu'une personne soit arrêtée à l'aéroport de Francfort avec une valise pleine de passeports.

Enfin, sachez que ce ne sont pas que d'illustres inconnus qui se sont laissé tenter par ce système. C'est ainsi, que Boris Becker était devenu "attaché pour les affaires humanitaires" de la Centrafrique au moment même où la star du tennis était endettée et poursuivie pour fraude fiscale.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais