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Des barbelés en Thrace

7 janvier 2011

Le Premier ministre grec George Papandreou est en visite en Turquie pour rencontrer son homologue Recep Tayip Erdogan. Il y sera question de la clôture que la Grèce veut bâtir le long de sa frontière avec la Turquie.

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Des migrants illégaux dans un centre de rétention à Kyprinos, à la frontière grecque avec la Turquie
Des migrants illégaux dans un centre de rétention à Kyprinos, à la frontière grecque avec la TurquieImage : picture alliance / dpa

C’est une annonce que le gouvernement grec a faite dimanche dernier : construire une clôture de 12,5 kilomètres de long à l'endroit où la frontière entre la Grèce et la Turquie est la plus poreuse, c'est-à-dire où le fleuve Evros fait un coude en territoire turc. C'est là que passent la plupart des migrants et depuis que l'Espagne et l'Italie ont durci leurs contrôles en Méditerranée, cette frontière est devenue la principale porte de l'immigration illégale en Europe.

Athènes reproche à Ankara son laxisme en matière de contrôle des migrants qui traversent son territoire. La Grèce souhaiterait que la Turquie se donne plus de mal pour empêcher des milliers de migrants de tenter leur chance en Thrace orientale, la partie européenne de la Turquie. C'est donc pour cela que le gouvernement grec a annoncé son intention de bâtir une clôture. Une idée qui a été critiquée par la Commission européenne. Mais aussi par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui redoute que ce projet aggrave la situation, déjà très difficile, des demandeurs d'asile en Grèce.

Le Premier ministre grec George Papandreou rencontre Recep Tayip Erdogan à Erzurum dans l'est de la Turquie
Le Premier ministre grec George Papandreou rencontre Recep Tayip Erdogan à Erzurum dans l'est de la TurquieImage : AP

Près de 50 personnes noyées

« Les murs donnent rarement des solutions à la racine des problèmes », martèle Ketty Kehayioglou, la responsable du HCR en Grèce. « Les personnes qui arrivent illégalement en Grèce à travers la Turquie peuvent être des migrants économiques mais ils peuvent être aussi des personnes qui cherchent une protection internationale en tant que demandeur d’asile. » La Grèce a déjà été critiquée par le HCR pour la situation catastrophique des demandeurs d’asile dont certains – y compris des femmes et des enfants – dorment dans les rues. Le HCR a évoqué « une crise humanitaire » tandis que Bruxelles a menacé d’engager des sanctions contre la Grèce où seulement 1% des demandes d’asile sont acceptées.

Mais au bord de la faillite, la Grèce ne peut faire face aujourd’hui à ses obligations. « La Grèce a besoin de l’aide de l’Europe », poursuit Ketty Kehayioglou. « Le pays traverse une grande crise économique et nécessairement il a besoin d’un grand soutien pour faire face à cette situation ». C'est d'ailleurs le message que la Grèce a lancé à ses partenaires européens : aidez-nous, sinon nous n'aurons d'autre solution que de bâtir une clôture. Autre idée avancée : interner les migrants illégaux sur des navires, les centres de rétentions en Grèce étant déjà largement surpeuplés.

C'est pourquoi la rencontre d'aujourd'hui est importante afin de bâtir une meilleure coopération avec la Turquie, candidate à l'adhésion à l'Union européenne. Car le temps presse et la situation humanitaire est critique : deux migrants se sont noyés hier en tentant de traverser le fleuve Evros. Le HCR a annoncé qu'il s'agit des deux premières victimes en 2011 après la mort dans les mêmes conditions de 44 personnes l'année dernière.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Aude Gensbittel