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Des blindés allemands pour l'Irak

Sandrine Blanchard29 septembre 2004

L'Allemagne va livrer vingt véhicules blindés de transport de troupes à l'armée irakienne, pour aider à la reconstruction. C’est ce qu’a indiqué le ministère de la Défense. Ces blindés, du type « Fuchs », ne seront cependant pas armés. Plusieurs exemplaires de ces engins seront d'abord être acheminés aux Emirats arabes unis, pour servir à l'entraînement de militaires irakiens. Un entraînement assuré par l'Allemagne. Les commentaires de la presse allemande.

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Image : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung précise que les véhicules proviennent de l’équipement déjá existant de la Bundeswehr. Des soldats de l’armée allemande formeront des soldats irakiens à la manipulation et à la maintenance des engins. Mais il ne s’agit là que d’un aspect de l’aide allemande à la reconstruction : la Bundeswehr va également envoyer dans le Golfe des artificiers, par exemple, pour former des hommes de l’armée irakienne au déminage. Simplement, de la centaine de soldats prévus initialement, Berlin n’enverra que 26 hommes dans les Émirats arabes unis, qui financent l’opération.

Die Welt

joue les candides : Le gouvernement serait-il en train de perdre sa virginité en matière d’exportation d’armes ? Parce que Berlin a beau dire que les mitrailleuses auront été dévissées des blindés, les engins ne sont pas destinés à transporter l’équipe de foot de Bagdad. Leur vocation est bien de permettre à des hommes armés jusqu’aux dents de se frayer un chemin entre les explosifs et les tireurs d’élite embusqués ! Et le journal de s’étonner que Berlin ait refusé de livrer ce type de véhicules à Israël sous prétexte qu’ils seraient employés à la répression, alors que là, il n’y a pas de problème pour les envoyer en Irak. Cet épisode pose le problème de la définition des « situations de crise ». Car l’Allemagne a toujours exclu de livrer des armes dans les pays en guerre. Il va donc désormais falloir se poser la question : où, quand et à quoi l’armement allemand doit-il être employé ?

En d’autres termes, un abandon de la neutralité politique, que la Frankfurter Rundschau appelle « se trouver sur la pente glissante du statut de combattant ».

Sur le fil du rasoir. C’est le titre du commentaire de la Süddeutsche Zeitung. Au début, rappelle le journal, il était question de former quelques policiers irakiens. Désormais, la Bundeswehr doit aussi prendre en charge la formation de soldats. Au début, l’Allemagne ne devait livrer que des camions à usage militaire, maintenant elle envoie des blindés. Jusqu’où l’Allemagne s’impliquera dans le désastre en Irak, se demande la SZ ? C’est donc sur le fil du rasoir que se trouve Berlin, qui doit se mouvoir entre l’abstinence que le gouvernement s’est imposée au moment de la guerre, et la participation active, à la reconstruction. Et, en l’occurrence, l’envoi de « Panzer Fuchs » non armés n’est pas en contradiction avec la position du gouvernement : il s’agit bien selon la SZ de protection des policiers et soldats irakiens formés par l’Allemagne. Le quotidien attend la suite des événements, pour voir quel sera la prochaine étape de l’engagement allemand.