Des coûts aux larmes...
1 octobre 2010La reprise est au rendez-vous plus vite et plus fort que prévu, se réjouit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les emplois progressent et le chômage recule. Sur le plan international, l'Allemagne fait plutôt bonne figure ce qui est porté au crédit du gouvernement mais aussi des patrons allemands. Et les syndicats, alors ? Eh bien, ils profitent de carnets de commande étonnamment pleins des aciéries pour exiger une augmentation forte et durable des salaires. Peu importe si cela menace l'emploi. Au vu de plus de trois millions de chômeurs, cette stratégie est plutôt prématurée et ne doit pas faire d'émules.
Ce n'est pas une catastrophe si les syndicats réclament des salaires plus élevés et si les patrons sont prêts à les payer, analyse die Welt. Par contre, la manière dont on veut brider le nouveau moteur de la reprise de l'emploi, à savoir le travail intérimaire, est beaucoup plus problématique. S'il est bon d'interdire les salaires de misère, ôter au travail intérimaire tout atout concurrentiel en termes de coûts équivaut à renoncer à toute dynamique économique à long terme et ainsi, à toute chance de nouvel emploi pour les chômeurs.
La Süddeutsche Zeitung reste par contre très sceptique à l'égard du travail intérimaire. Il existe un conflit permanent entre les intérêts de sécurité et ceux de flexibilité. Les patrons ont été plus inventifs en termes de réduction des coûts qu'en matière d'augmentation du chiffre d'affaires. La tentation du travail intérimaire est grande. Mais les patrons n'utilisent pas cet instrument pour absorber un surcroît provisoire de travail mais bien pour se débarrasser à bon compte d'une partie des salariés. Ni la coalition sociaux-démocrates et Verts, ni celle de droite actuellement au pouvoir n'a voulu voir la fracture et la violence sociale que cela engendre.
À propos de violence, celle qui sévit lors des manifestations de protestation contre le mega-projet d'extension de la gare de Stuttgart inquiète aussi les journaux allemands. À l'instar de la Frankfurter Rundschau qui relève que les échauffourrées d'hier vont renforcer l'assurance des opposants au projet . Mais qui a eu cette idée d'utiliser les canons à eau pour l'évacuation d'une surface grande comme un mouchoir de poche ? s'insurge le quotidien. Certes, les opposants instrumentalisent peut-être les images d'écoliers pris entre deux fronts mais aussi, pourquoi la police n'a-t-elle pas réagi plus tôt en leur interdisant l'accès à la zone ?
Auteur : Christophe LASCOMBES
Édition : Sandrine BLANCHARD