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Des données fiables, l’autre défi sanitaire de l’Afrique

Reliou Koubakin
24 avril 2020

Le continent est officiellement moins touché par le Covid-19 que l’Europe et l’Amérique, mais le manque de chiffres ne permet pas de vraiment connaître l’ampleur de la pandémie en Afrique.

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Une femme distribue des gants de protection dans le sud de Johannesburg
Une femme distribue des gants de protection dans le sud de JohannesburgImage : picture-alliance/AP Photo/T. Hadebe

"Nous ne voyons que la partie visible de l’iceberg" (Tieba Millogo)

Selon le bureau régional Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les chiffres du Covid-19 vendredi (24.04.20) sont de de 27.124 cas positifs dont 1.281 décès sur le continent.

300.000 personnes pourraient mourir du nouveau coronavirus en Afrique, selon les prévisions. Jusque-là, on est en à 300 fois moins.  

Mais les cas positifs ont augmenté de 43% la semaine dernière. Peut-on pour autant dépasser en Afrique les chiffres actuels de décès dans le monde ? 

Prévisions européennes et chinoises   

Pour Francesco Checci de la London school of Hygiene and tropical medecine (LSHT), les tendances en Afrique se basent sur celles de l’Europe et de la Chine ; ce qui est un problème. Car il est difficile d’avoir des chiffres précis sur l’ampleur de la pandémie sur le continent : 

"Les données sur le nombre de personnes infectées par le coronavirus et les capacités de traitement en Afrique ainsi que sur la réponse et la capacité de réaction du système de santé sont très fragmentaires. Par exemple, en termes de nombre de lits en soins intensifs et de personnel sanitaire."

Les visiteurs d'un hôpital à Dar es Salam doivent passer dans cette machine pour se désinfecter
Les visiteurs d'un hôpital à Dar es Salam doivent passer dans cette machine pour se désinfecterImage : DW/S. Khamis

Prenant l’exemple de la distanciation sociale en Tanzanie, la directrice Afrique de l’OMS, Matshidiso Moeti, constate que "des pays adoptent des réponses que nous ne recommandons pas" 

Le confinement, en effet, n’est pas toujours respecté, des marchés ouvrent de nouveau, comme c’est le cas au Burkina Faso. Le Ghana (plus de 1150 cas positifs) a levé le confinement dans les deux principales villes du pays. L’Afrique du Sud, pays le plus touché de l’Afrique subsaharienne avec près de 4000 cas positifs, annonce pour début mai un assouplissement du confinement.  

Détecter, tester, isoler, soigner

Un million de tests ont été acheminés vers l'Afrique.  Car les dépistages ne sont pas faits de façon systématique, comme d’ailleurs dans le reste du monde, selon Tieba Millogo, épidémiologiste à l’Institut africain de santé publique (IASP) :

"Même quand vous avez été en contact avec un cas malade ou suspect, on ne teste pas systématiquement. On attend par exemple que vous commenciez à être symptomatique avant de vous tester. Bien sûr, cela est lié au fait qu’on n’a pas suffisamment de tests et qu’il fallait être rationnel dans l’utilisation des tests. On peut raisonnablement s’imaginer que ce que nous avons actuellement, c’est la partie visible de l’iceberg."

Selon l’agence Associated Press qui cite l’ONU, il y a un besoin de 74 millions de kits de tests et de 30.000 respirateurs sur le continent.  

Francesco Checci croit que si les trois stratégies de distanciation sociale, d’auto-isolement et de traitement des groupes à haut risque sont combinées et suivies, l’Afrique a une chance de contenir la pandémie.     

"Nous ne voyons que la partie visible de l’iceberg" (Tieba Millogo)