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De l'argent en échange de frontières hérmétiques?

14 octobre 2016

Les journaux allemands commentent essentiellement la visite d'Angela Merkel en Afrique. La chancelière s'est rendue au Mali, au Niger et en Ethiopie. Il s'agissait de lutter contre les causes de la migration.

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Afrika Kanzlerin Merkel besucht Niger
Angela Merkel en visite à Niamey au NigerImage : Reuters/T. Djibo

Pour le correspondant de la Frankfurter Allgemeine Zeitung à Nairobi, Thomas Scheen, la tournée africaine de la chancelière n'avait qu'un seul objectif: empêcher  les migrants africains de venir en Europe. Et Thomas Scheen de citer plusieurs possibilités: première solution, des traités qui pourraient être signés avec des pays africains, comme celui conclu avec la Turquie, de l'argent en échange de frontières hermétiques. Mais au vu de la corruption omniprésente en Afrique, commente le journaliste, cette option a peu de chances d'aboutir. Une deuxième solution est de renforcer l'aide au développement. Ce n'est pas complètement faux, explique le correspondant de la Faz à Nairobi. Mais si cette aide avait été utile d'une manière ou d'une autre, on parlerait aujourd'hui de la diminuer et non de l'augmenter.

Kanzlerin Merkel in Afrika Mali
La chancelière a rencontré le président malien Ibrahim Boubacar KeitaImage : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

Ce qui est plus utile, c'est un regard lucide sur les causes de la migration. Et en Afrique, ce ne sont ni les guerres ni les conflits d'après Thomas Scheen, mais bien le chômage. Il s'agit donc de créer des millions d'emplois. Et l'Afrique, avec ses 400 millions d'hectares cultivables, possède un domaine qui peut aboutir à la création rapide d'emplois: l'agriculture. Chaque année, le continent dépense 40 milliards de dollars pour l'importation d'aliments. Une somme qui pourrait suffire à développer une agriculture viable. Il faudrait un accès aux crédits bancaires, des routes pour les camions, des chambres froides pour conserver les produits. Autant d'étapes familières à l'Europe. Personne n'est mieux placé que les Européens pour aider l'Afrique à prendre cette voie. Encore faut-il, écrit Thomas Scheen, que l'Afrique accepte cette aide.

Politique étrangère dans le désert, c'est le titre du commentaire de la taz.

Dominic Johnson remarque que, contrairement à l'usage, aucun entrepreneur allemand n'accompagnait la chancelière lors de sa tournée africaine. Officiellement, cette absence est due à des raisons logistiques. Mais pour Dominic Johnson, cela s'explique par le fait que, pour l'Allemagne, lutter contre les causes de la migration signifie accroître la coopération militaire, pour que les Africains puissent renforcer eux-mêmes leurs frontières. Mais pour que des pays avec des Etats faibles et des populations fortes puissent aller de l'avant, il faut bâtir des emplois plutôt que des camps de réfugiés.

24.07.2012 made in germany autoexport
L'Allemagne exporte ses voitures en masse vers le continent africain

Ce que l'Allemagne exporte le plus vers l'Afrique, on s'en doute, ce sont les voitures et tout ce qui va avec. Il y a sur le continent un besoin immense de pièces détachées, d'auto-écoles professionnelles, de mécaniciens formés, de routes sûres, d'agents de la circulation honnêtes. Dans beaucoup de pays, l'essence contient encore du plomb. Est-ce qu'un membre du gouvernement allemand s'en préoccupe? Auraient-ils peur que les migrants puissent traverser plus vite le désert pour rejoindre la Méditerranée ? Ce qui est sûr, c'est qu'ils seraient moins nombreux à mourir de soif en route, conclut Dominic Johnson.

L'Europe peut apprendre de la politique migratoire ougandaise.

C'est ce qu'affirme Tobias Sick, le correspondant pour l'Afrique de la Süddeutsche Zeitung. L'Ouganda qui a accueilli plus d'un millions de réfugiés venus de RDC, du Burundi, de Somalie et du Soudan du Sud. Et selon Tobias Sick, l'attitude du gouvernement pourrait se résumer en une phrase: "nous y arriverons". Quand on discute avec des Ougandais, explique le journaliste, ils évoquent les avantages que cette politique de bienvenue leur ont apporté : de nouveaux hôpitaux ont été construits, dont profitent aussi les autochtones. Il y a de nouveaux marchés dans des endroits où, avant, trop peu de gens vivaient pour pouvoir vendre les tomates et les oignons de leur propre champ. Le correspondant du quotidien de Munich cite une étude de l'université d'Oxford selon laquelle, dans la ville de Kampala, plus d'un réfugié sur cinq est à la tête d'un commerce avec au moins un employé, et 40% de ces employés sont ougandais.

UNHCR Südsudan Flüchtlinge
Des réfugiés sud-soudanais dans le centre NyumanziImage : Getty Images/AFP/I. Kasamani

La Frankfurter Rundschau, elle, s'intéresse au dernier vœu de Desmond Tutu.

Il ne peut pas abandonner le combat, écrit Johannes Dieterich, le correspondant du journal à Johannesburg. Le prix Nobel de la paix a lutté pendant des décennies contre l'apartheid, il s'est battu contre Tony Blair et George W. Bush qui ont déclaré la guerre à l'Irak, il a répondu aux évêques africains qui condamnaient les lesbiennes et les homosexuels qu'il refusait d'aller dans un ciel homophobe. Et aujourd'hui, à 85 ans constate Johannes Dieterich, Desmond Tutu a trouvé un nouveau combat digne de ce nom. Il s'engage pour le droit des personnes atteintes de maladies incurables à décider du moment et du lieu de leur mort. Après avoir passé sa vie à défendre la dignité des vivants, il s'occupe désormais de celle des morts.

Bildergalerie berühmte Protestanten Tutu
Desmond Tutu, combattant devant l'EternelImage : EPD