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"Des femmes qui n'ont parfois rien, mais donnent tout"

Hugo Flotat-Talon
19 août 2019

Ce 19 août marque la journée mondiale de l'aide humanitaire, dédiée cette année spécialement aux femmes, qui représentent 40% des effectifs mondiaux.

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Humanitäre Hilfe
Image : picture-alliance

Ce 19 août marque la journée des travailleurs humanitaires dans le monde entier. La journée est particulièrement dédiée aux femmes cette année. Elles représentent 40% des 500.000 travailleurs humanitaires dans le monde selon l'ONU. Cette journée est célébrée notamment au Tchad. En pleine préparation pour une cérémonie, Belinda Holdsworth se remémore ses 25 ans de métier, de la Yougoslavie à Nairobi, en passant par la RDC, la Tanzanie ou le Rwanda. 

Elle gère aujourd'hui une équipe de 33 personnes pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU à N'Djamena et évoque ses collègues féminines rencontrées au fil des ans, notamment les humanitaires locales en zone de guerre ou en Afrique. "Ce sont des femmes extraordinaires parfois. Des femmes qui n'ont rien du tout, mais qui font don du peu qu'elles ont pour les autres", raconte-t-elle. 

Créatrice de liens

Des femmes qui, comme les hommes, sont indispensables lors de conflits ou de crises sanitaires, comme avec Ebola en République démocratique du Congo. Depuis Beni, la coordinatrice de projet pour Médecins sans frontières, Aline Serein, insiste d'ailleurs sur le rôle particulier des femmes. "On a pas mal de projets maternité ou liés aux violences sexuelles. Il est plus facile dans ces cas-là d'être une femme, explique-t-elle. "Et puis, je ne veux pas faire de cliché, mais je pense qu'il y a une certaine sensibilité des femmes, et ainsi, pour certains programmes, celles-ci ont certains atouts dans les hôpitaux". 

Des constats que Julien Pelleaux, conseiller spécial de la directrice exécutive d’ONU Femmes, fait régulièrement. "Les femmes ont aussi parfois des contacts plus faciles dans certains communautés, c'est indéniable". 

Cette clinique au Vietnam prodigue des soins dentaires gratuits.
Cette clinique au Vietnam prodigue des soins dentaires gratuits.Image : picture-alliance

Vie de famille difficile

Mais les femmes qui s'engagent dans l'humanitaire doivent aussi composer avec des conditions d'hygiène parfois difficiles. Toilettes, menstruations, certaines situations sont plus compliquées que pour les hommes. Les interventions loin de chez soi peuvent aussi être compliquées à gérer sur le long terme. "Vous êtes souvent seule dans un pays, loin de la famille qui ne comprend pas ce que vous faites, et ça c'est souvent très difficile", confie Belinda Holdsworth. "Les anniversaires, les mariages, vous n'êtes pas là. J'ai raté le mariage de mon frère par exemple. Et puis quand quelqu'un de votre famille tombe malade ou meurt, c'est vraiment compliqué d'être très loin", raconte-t-elle. 

Des femmes modèles pour les plus jeunes

Il reste heureusement des situations plus positives qui donnent la force d'avancer. À Beni, Aline Serein raconte sa joie de voir que de plus en plus d'enfants guérissent d'Ebola. Beaucoup insistent ainsi sur l'image positive que renvoient les femmes humanitaires aux jeunes filles lorsqu'elles interviennent quelque-part. "C'est très vrai. Quand vous vous exprimez ou quand on vous présente, vous voyez dans le regard des jeunes un sentiment de : Moi aussi un jour je ferai ça.

De l'avis de beaucoup, ils restent pourtant beaucoup à faire, dans certains pays ou certaines ONG, pour donner plus de place aux femmes qui font de l'humanitaire. "Peu importe le pays, peu importe la culture, il y a encore une vraie difficulté à aller contre les stéréotypes de genre, qui sont des obstacles pour la participation des femmes au travail humanitaire", insiste Julien Pelleaux. 

Les jeunes allemandes s'engagent

Les conditions de vie et de travail parfois compliquées peuvent aussi décourager. "Mais j'ai l'impression que les choses changent, on voit de plus en plus de jeunes filles, en tous cas en Allemagne, faire des formations pour pouvoir travailler dans l'humanitaire", assure Manuela Roßbach, secrétaire générale d'Aktion Deutschland Hilft, une organisation regroupant plus de 20 ONG allemandes, pour leur permettre de mieux se coordonner lors d'interventions ou pour regrouper des dons. 

Des métiers qui ne sont pas sans risques, pour les femmes comme pour les hommes. L'an dernier, plus de quatre-cents humanitaires ont été tués, blessés ou kidnappés dans leur mission. La journée mondiale de l'aide humanitaire a d'ailleurs été fixée au 19 août depuis 2003. Il y a 16 ans ce jour-là, une attaque terroriste frappait le siège des Nations unies à Bagdad, en Iraq, tuant 22 personnes. 

Humanitäre Hilfe
Image : picture-alliance

 

Découvrir davantage → Au Tchad, l'OCHA a recueilli des témoignages des femmes actives dans l'humanitaire. Vous pouvez découvrir cela sous forme d'images et de textes, ainsi qu'en vidéo. 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_