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Des islamistes à la victoire modeste

Marie-Ange Pioerron28 décembre 2012

Cette dernière Afropresse de l'année 2012 commence par l'Egypte, où la constitution a été adoptée, selon les résultats officiels avec près de 64% des voix.

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Dépouillement des bulletins de voteImage : AP

Cela fait écrire à l'hebdomadaire Die Zeit que l'Egypte semble perdue, avec une constitution autoritaire, un président islamiste, des Frères musulmans assoiffés de pouvoir et des chrétiens intimidés. La révolution a échoué. L'opposition égyptienne, poursuit le journal, s'indignerait d'un jugement aussi rapide. Ses partisans campent sous des tentes devant le palais présidentiel. Ils ne considèrent pas le référendum sur la constitution comme une défaite définitive. L'opposition se sent bien plutôt le vent en poupe. Pour elle le combat ne fait que commencer. Beaucoup de femmes portent des jupes plus courtes, des jeans ultra-moulants, et elles desserrent leur foulard. Un vaste mouvement contre Morsi et les Frères musulmans est en train de naître, estime Die Zeit. Trois choses rendent l'opposition plus forte qu'il y a un an: l'argent, l'expérience, et une bonne dose de populisme social.

Verfassungsreferendum in Ägypten Essam el-Erian
Essam el-Erian , vice-président du parti Liberté et JusticeImage : AP

die tageszeitung ne voit aussi dans l'adoption de la constitution qu'une faible victoire pour les islamistes. L'opposition fait valoir que le taux de participation n'a été que de 32,5%. Les islamistes, note plus loin le journal, fêtent d'ailleurs leur victoire dans la plus grande discrétion, comme s'ils ne voulaient pas provoquer inutilement l'autre camp. Les Frères musulmans savent qu'ils fournissent le président, qu'ils ont imposé leur constitution, et qu'ils ont la majorité dans la deuxième chambre, celle qui écrit les lois dans l'attente d'une nouvelle assemblée nationale. Ce qui peut apparaitre à première vue comme une bonne nouvelle pourrait vite devenir l'inverse. Car aux yeux des Egyptiens, ce sont les islamistes qui assument maintenant l'entière responsabilité politique pour le pays.

Piraterie Bildergalerie
Le cargo Hansa Stavanger, arrivant le 8 novembre 2009 dans le port kényan de Mombasa après avoir été kidnappéImage : Anonymous/AP/dapd

Piraterie florissante dans le Golfe de Guinée

La piraterie maritime est un autre sujet qui suscite cette semaine l'intérêt de la presse allemande. Et les journaux constatent que les pirates ont changé d'endroit. C'est le cas de la Süddeutsche Zeitung qui écrit ceci: qui tente d'évaluer les risques au large des côtes africaines fait ces jours-ci deux découvertes étonnantes: dans l'océan indien, là où les pirates somaliens ont semé la peur depuis des années, les attaques ont considérablement diminué. Dans le même temps la piraterie maritime s'étend de l'autre côté de l'Afrique, dans le golfe de Guinée. A l'ouest les pirates ont rapidement élargi leurs zones de chasse. Le 23 décembre des bandits ont attaqué un bateau de l'industrie pétrolière au large du Nigéria et pris quatre marins en otages, dont trois Italiens. Parallèlement, note le journal, le trafic de drogue et le blanchiment d'argent se propagent en Afrique de l'ouest. Le vol de pétrole à grande échelle injecte des milliards dans des réseaux mafieux. Les bandits somaliens en revanche ont la tâche beaucoup plus difficile.

People stand and watch a ship sail towards the ports in Cotonou, Benin Republic, Friday, Nov. 23 2007. Since 2004, seizures of Europe-bound cocaine in Africa have risen five fold, reaching a record 5.7 metric tons in the first nine months of this year, according to the United Nations Office of Drugs and Crime or UNODC. (ddp images/AP Photo/George Osodi)
Tanker au large de Cotonou, BéninImage : dapd

La Berliner Zeitung relève que selon un groupe d'experts du conseil de sécurité de l'ONU les dommages causés par la piraterie en Afrique de l'ouest se chiffrent actuellement à deux milliards de dollars par an. Jusqu'à présent les pirates en Afrique de l'ouest commettaient des attaques classiques sur des bateaux et des plates-formes pétrolières. Le vol de pétrole au Nigeria est une source importante de revenus, pour les criminels comme pour les rebelles. Mais le Nigeria, pays fortement armé, s'en est pris massivement aux pirates, ces derniers optent donc pour des zones moins contrôlées, notamment les eaux côtières du petit voisin béninois. En 2009 le Bénin a lancé un appel à l'aide au conseil de sécurité de l'ONU, après qu'au large de Cotonou des tankers et des chimiquiers ont été l'objet d'attaques répétées.

Messe Internationale Spieltage in Essen
Au salon international des jeux électroniques, Essen, décembre 2012Image : dapd

Miracle à Wonchi

Pour terminer, une histoire qui ressemble un peu à un conte de fées. Elle concerne un petit village reculé d'Ethiopie, où un Américain a distribué des tablettes numériques à des enfants. L'histoire est relatée par l'hebdomadaire Der Spiegel. Le village s'appelle Wonchi, il est situé au bord du lac du même nom, à 3 400 mètres d'altitude. Huit familles y vivent dans des cases en terre séchée, il n'y a ni électricité, ni eau courante. Le puits le plus proche est à une heure de marche, l'école la plus proche à douze kilomètres. C'est donc dans ce village, lit-on dans le Spiegel, qu'un Américain, Matt Keller , a distribué aux enfants des tablettes numériques à écran tactile. Matt Keller travaille au MIT, le Massachusetts Institute of Technology. Son objectif: apporter la preuve que des enfants qui n'ont pas la possibilité d'aller à l'école, peuvent apprendre tout seuls, sans maître. L'expérience a commencé en octobre. Début décembre Matt Keller est allé à Wonchi. Abebech, une fillette de dix ans, met la tablette en marche. Trois lettres apparaissent sur l'écran. Le A porte une casquette de baseball, le B chante dans un micro, le C fait du rap. Les trois lettres entonnent le chant de l'alphabet. Les enfants sont passés maîtres dans l'art d'utiliser leur tablette. Ils parlent leur premiers mots d'anglais, sans jamais avoir rencontré un enseignant. Matt Keller n'en croît pas ses oreilles. Il parle d'un miracle.