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Deuil au Ghana

Marie-Ange Pioerron27 juillet 2012

La mort du président ghanéen retient en priorité l'attention de la presse allemande. John Atta Mills est décédé le 24 juillet dans un hôpital militaire d'Accra. Il venait d'avoir 68 ans.

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John Atta Mills en mai 2012 à un symposium sur l'agriculture à ChicagoImage : dapd

La nouvelle de sa mort, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, a été accueillie au Ghana avec affliction, mais dans le calme. Le Ghana passe pour l'une des rares démocraties stables en Afrique de l'ouest. Fin 2008, rappelle le journal, John Atta Mills avait remporté l'élection présidentielle avec un point d'avance seulement sur le candidat du NNP, le Nouveau parti patriotique. Le résultat n'avait pas été contesté, ce qui avait été interprété comme l'indice d'une démocratie consolidée. Deuil au Ghana, titre la Süddeutsche Zeitung. L'un des porteurs d'espoir du continent est mort. Après une série de coups d'Etat militaires, le Ghana passe aujourd'hui pour l'une des rares démocraties qui fonctionnent sur le continent. Le journal brosse aussi un tableau positif de l'économie ghanéenne: le pays est le deuxième exportateur mondial de cacao, il possède d'importants gisements d'or et de diamants. En 2011 son produit intérieur brut a augmenté de 13,6% - l'un des taux de croissance les plus élevés au monde. Mais poursuit le journal, l'économie ghanéenne n'échappe pas aux problèmes classiques en Afrique: ses matières premières sont exportées sans être transformées, le pays est soumis aux fluctuations des cours sur le marché mondial, le fossé entre riches et pauvres est énorme.

John Dramani Mahama Vereidigung als Staatschef Ghanas
Prestation de serment de John Dramani MahamaImage : Reuters

Pour le quotidien Die Welt le Ghana vient de prouver pourquoi, selon Barack Obama, il représente "un modèle pour l'Afrique en matière de pratique démocratique". Le vice-président John Dramani Mahama a prêté serment comme successeur de John Atta Mills quelques heures seulement après ledécès de ce dernier. Cela dit Die Welt insiste aussi sur la mission inachevée du défunt président. Elle concerne l'exploitation pétrolière,lancée par John Atta Mills. Son successeur est confronté à une tâche difficile, souligne le journal: à savoir répartir de manière équitable les bénéfices tirés de l'exploitation du pétrole.Blocage à Madagascar

Andry Nirina Rajoelina Madagaskar
Andry Rajoelina en mars 2009Image : picture-alliance/dpa

Loin du Ghana, la mutinerie de soldats à Madagascar vaut à la Grande Ile de retrouver dans la presse allemande une place qu'elle n'avait plus eue depuis longtemps. Madagascar est un pays bloqué, écrit die tageszeitung dans un article paru avant la rencontre aux Seychelles entre le président de la transition, Andry Rajoelina et l'ancien président Marc Ravalomana, évincé du pouvoir en 2009. Dans la capitale Antananarive, les embouteillages sont permanents, en particulier dans le quartier dit "chinois", note le journal. La politique, elle, est dans une impasse. Dernier signal d'alarme, poursuit le journal: la mutinerie du week-end dernier dans une caserne proche de l'aéroport. Le meneur, le caporal Koto Mainty, a été tué. Tous les quinze jours, il est question d'une tentative de putsch à Madagascar, poursuit la TAZ. Qui plus est, l'insécurité grandit. La route qui relie la capitale au port de Toamasina , à 350 km, sur l'océan Indien, est régulièrement attaquée par des coupeurs de route. Ils visent tout spécialement les négociants de saphirs qui partent avec de l'argent sur eux vers les mines d'Ambatodrazaka et reviennent avec des pierres précieuses. Dans le sud de l'ile,en proie au braconnage, la situation échappe à tout contrôle. Début juin douze soldats et gendarmes sont morts dans une embuscade tendue par un groupe mené par un bandit échappé de prison en 2008, Remenabila. Ce groupe appelé "dahalo" aurait volé plus de 3 000 zébus depuis 2008.Aide à l'Afrique: le mauvais partenaire

Burundi Landwirtschaft
Agriculture au BurundiImage : picture-alliance/Ton Koene

La presse allemande se penche aussi sur un sujet bilatéral. Il concerne la coopération germano-africaine, plus spécialement le tout nouveau projet du ministre de la coopération Dirk Niebel. Il s'agit d'un partenariat public-privé qui doit concilier la rentabilité et la lutte contre la pauvreté. Or c'est là, précisément, que le bât blesse, le souligne la Berliner Zeitung. En effet le partenaire privé, et aussi manager du fonds d'investissement mis en place, n'est pas n'importe qui. C'est la Deutsche Bank (la première banque privée allemande). L'opposition et les ONG de développement sont indignées, note le journal. L'association Foodwatch par exemple accuse la Deutsche Bank d'avoir contribué à la faim en Afrique par ses spéculations sur les terres et les produits agricoles. Ce fonds incarne précisément l'empreinte que Dirk Niebel, un libéral, veut laisser dans l'aide au développement: le privé à la place de l'Etat. De nombreux experts en conviennent poursuit le journal: le secteur privé hésite, par peur et ignorance, à investir dans le secteur agricole africain. Le fonds en question doit apporter des capitaux privés à l'Afrique. Le premier décaissement profitera à la Zambie. Mais précise le journal, il ressort de la répartition de ce fonds que les pertes éventuelles seront supportées en priorité par l'Etat allemand, alors que les bénéfices iront principalement au secteur privé.Attention, c'est un ami !

China Afrika Engagement
Construction d'une route par les Chinois à Addis AbebaImage : AP

La Süddeutsche Zeitung s'intéresse à la présence chinoise en Afrique. Le président Hu Jintao a annoncé dernièrement un renforcement du partenariat stratégique sino-africain,mais la philantrophie, écrit le journal, n'est pas une fin en soi. Il existe une raison stratégique tout simple pour expliquer la fraternité affichée par la Chine: c'est la lutte pour les matières premières et les marchés de l'Afrique. Il appartient aux puissants du continent africain, souligne le journal, d'éviter dans la coopération avec la Chine les erreurs du passé. Ils doivent exiger la création d'emplois pour leurs compatriotes. Et bien sûr beaucoup d'argent doit aller dans les écoles et les hôpitaux plutôt que sur des comptes privés à l'étranger. C'est alors, et alors seulement, que quelque chose pourrait vraiment changer.