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Deutsche Telekom dans le collimateur de la justice

Anne Le Touzé21 novembre 2008

En Allemagne, l'opérateur Telekom s'enlise de plus en plus dans un scandale d'écoutes téléphoniques. Selon un rapport d'enquête, au moins 60 personnes ont été espionnées entre 2005 et 2006.

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Les nuages n'ont pas fini de s'assombrir au-dessus du siège de Deutsche Telekom à BonnImage : picture-alliance/ dpa

L'affaire devient de plus en plus embarrassante pour le numéro un européen des télécommunications. Après plusieurs mois d'enquête, le Parquet de Bonn a recensé au moins 60 personnes dont les conversations téléphoniques ont été espionnées par Telekom. Une opération qui visait à démasquer les responsables de fuites d'informations internes à la presse. Jusqu'à cette semaine, on savait donc que des journalistes, des représentants du personnel et du conseil de surveillance, ainsi que des secrétaires étaient concernés.

Mais le Parquet a découvert que Telekom s'est également intéressé à des personnes hors de l'entreprise en espionnant les relevés d'appel, voire les communications elles-mêmes, d'enfants de membres de son conseil de surveillance. Plus étonnant encore, les noms du patron de la confédération allemande des syndicats, Michael Sommer, ou encore de Frank Bsirske, président du syndicat des services Ver.Di, apparaissent également sur la liste des victimes alors que les deux syndicalistes n'ont a priori aucun lien avec l'entreprise. Frank Bsirske a d'ailleurs comparé les méthodes de Telekom à celles de la Stasi, l'ancienne police secrète est-allemande.

Telekom Affäre Kai Uwe Ricke ehemaliger Vorstandsvorsitzender Telekom
Kai Uwe Ricke, ancien PDG de TelekomImage : AP

Depuis le mois de mai, l'ancien monopole public allemand est dans le collimateur de la justice, mais aussi de la presse allemande : peu de temps après le mea culpa formulé en mai par le patron du groupe René Obermann sur les pratiques d'espionnage, Telekom a fait à nouveau la Une des journaux en admettant le vol de données de 17 millions d'abonnés de son service de téléphonie mobile, suivi de la publication de celles de 30 millions d'autres clients sur Internet suite à une erreur technique. Des bourdes qui ont fini d'entacher la réputation de l'opérateur qui assure les liaisons téléphoniques de la plupart des Allemands.

Pour l'instant, on ignore encore qui a commandité les opérations d'espionnage. Le Parquet enquête sur l'ancien chef du Conseil de surveillance Klaus Zumwinkel, qui a dirigé jusqu'à cette année la Deutsche Post, un autre ex-monopole public, ainsi que sur sept autres personnes, dont l'ancien patron de Telekom Kai Uwe Ricke. La liste des personnes victimes d'espionnage pourrait par ailleurs encore s'allonger : les enquêteurs n'ont pas fini d'éplucher la totalité des données saisies dans leurs perquisitions.