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"Devoir de vigilance" envers les multinationales

Carole Assignon
24 octobre 2019

Le groupe français Total devrait bientôt s’expliquer devant la justice au sujet d’un projet pétrolier en Ouganda. Six ONG, deux françaises et quatre ougandaises ont en effet assigné en justice le géant groupe pétrolier. 

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Simbabwe Victoria Falls Tankstelle, ausverkauft
Image : picture-alliance/dpa/T. Schulze

Il y aurait déjà dans le cadre de ce projet des "impacts désastreux", expliquent les ONG plaignantes. Des familles se retrouvent sans argent car interdites de cultiver leurs champs du jour au lendemain et doivent attendre des mois pour des compensations. Egalement, des personnes n'ont plus les moyens de s'acheter des médicaments. 

D'après les ONG, Total n'a pas apporté d'amélioration à son plan de vigilance concernant le projet "Tilenga" en Ouganda. Le groupe n’aurait pas respecté la loi dite du "Rana Plaza” qui date de 2017 et qui impose aux multinationales françaises d'établir un plan visant à prévenir les atteintes graves contre les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l'environnement chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger.


Pour Thomas Bart de l’ONG survie, Total n'a pas mis en place "une cartographie où les risques seraient hiérarchisées. Et les quelques mesures définies dans son plan ne sont pas mis en oeuvre". 

Au-delà du cas de l’Ouganda, la question de la compensation ou l’indemnisation des populations affectées par les activités des multinationnales se pose dans presque tous les pays où opèrent ces groupes. 

Par ailleurs, en parrainant des fondations dans l'objectif affiché d’agir dans le domaine de la santé, de l’éducation ou encore de l’environnement, les multinationales tentent de blanchir les dégâts qu'elles causent. Or ces actions posent non seulement un probème d’éthique, mais aussi pour Thomas Bart, "il s’agit généralement d’opérations de communication"

 

Une responsabilité partagée

Dans un pays comme la République démocratique du Congo (RDC) où l’activité dans le secteur des minerais attire un grand nombre de multinationnales, l’économiste Al Kitengue estime que les responsabilités sont partagées. Il pense que "la meilleure façon de faire les choses c’est la prévention. Et il appartient aux pays de s’assurer que les entreprises qui signent des contrats d’exploitation, signent également des contrats au niveau de la responsabilité sociétale".

L'expert nourrit cependant peu d'espoir quant à l'impact réel des actions en justice contre les multinationales. Ces initiatives ne sont pas de nature à arrêter ou freiner les activités de ces groupes, selon lui.

Le groupe pétrolier français Total se défend d'ailleurs contre la plainte en France et assure avoir fait des études d'impact "dans le respect des standards nationaux et internationaux"

Dans cette affaire, une première audience est prévue en France le 8 janvier 2020.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique