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Dialogue avec le PKK

25 août 2010

Faut-il oui ou non discuter avec le PKK, l'organisation kurde qui lutte contre l'armée turque depuis 25 ans ? La question divise les turcs. Le PKK est en effet considéré par Ankara comme une organisation terroriste

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Manifestants pro-kurdes à Berlin en 2007Image : picture-alliance/dpa

Faut-il négocier avec le PKK ? Cette question est au coeur d’une polémique qui ne cesse d’enfler depuis deux semaines. Tout a démarré avec l’annonce, le 13 août dernier, par l’organisation kurde du PKK, d’une trêve unilatérale pendant le mois du ramadan.

Quelques jours après cette annonce, l’un des chefs du PKK a expliqué que cette trêve était le résultat d’un dialogue avec Ankara. Ces propos ont immédiatement créé un tollé en Turquie. "Le gouvernement s’est assis à la table du diable", crie l’opposition politique.

Le PKK reste en effet extrêmement mal vu par la population turque. Cette organisation kurde mène une lutte armée contre Ankara depuis plus de 25 ans et elle est qualifiée d’organisation terroriste non seulement par la Turquie mais aussi les Etats-Unis et l’Union européenne.

Les opposants au gouvernement turc accusent depuis le premier ministre Erdogan de chercher par tous les moyens à obtenir les voix des électeurs kurdes, à quelques semaines d’un référendum sur la constitution.

Türkische Armee dringt bei Einsatz gegen PKK in den Irak ein
Offensive de l'armée turque, en 2007, contre le PKK à la frontière avec l'IrakImage : picture-alliance/ dpa

La polémique a été alimentée une fois de plus cette semaine par l’un des conseillers les plus influents du premier ministre Erdogan, qui a, en quelque sorte, brisé un tabou. "Bien sûr qu’il y a des contacts avec le PKK et avec Abdullah Ocalan", a-t-il déclaré. Abdullah Ocalan est le chef historique du PKK, il a été arrêté en 1999 et il est actuellement emprisonné à vie en Turquie. Il est de notoriété publique que ses rencontres régulières avec ses avocats sont disséquées par les services de renseignements turcs.

Face au scandale, le premier ministre Erdogan a tenté d’éteindre l’incendie. Il est hors de question pour le gouvernement de dialoguer avec une organisation terroriste. Il ne l’a jamais fait et ne le fera pas, a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Mais, et la nuance est importante venant du premier ministre, si nécessaire, l’Etat et notamment les services de renseignements peuvent dialoguer avec une telle organisation.

Il n’en fallait pas moins pour relancer la polémique de plus belle sur l’un des serpents de mer de la vie politique turque. Car si la question kurde est de plus en plus débattue en Turquie, le PKK reste plus que jamais un tabou dans ce pays.

Auteur : Delphine Nerbollier
Edition : Georges I.Tounkara