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Doris Behrends, sage-femme

19 avril 2010

Depuis plus de 30 ans, Doris Behrends aide des femmes à mettre leurs enfants au monde. Bien qu’elle ait déjà accompagné plus de mille naissances, c’est pour elle à chaque fois un miracle de la nature.

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Doris Behrends
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L'acupuncture, une aide pour l'accouchementImage : DW

Bienvenue à Bad Salzungen, charmante petite cité de Thuringe de 16 000 habitants. C’est ici, à la clinique locale, que Doris Behrends travaille comme sage-femme depuis 1974. Pas la moindre trace d’ennui. En effet, cette femme énergique de 59 ans ne cesse d’approfondir son savoir : aromathérapie, homéopathie, acupuncture. Deux fois par an, Doris Behrends prend le temps de suivre des séminaires de formation continue. Après son travail à la clinique, elle fait des visites à domicile, donne des cours de préparation à l’accouchement et de remusculation abdominale. Il y a quelques années, elle a installé une salle de cours chez elle. Son mari, artisan expérimenté, l’a aidée dans ce projet. L’amour de son métier est la plus grande des motivations pour Doris Behrends : « je sens que les femmes ont besoin de cette aide que je leur apporte, et qu’elles m’en sont reconnaissantes. C’est pour cela que j’accepte que, parfois, ma journée de travail ne fasse pas huit heures mais douze », explique la sage-femme.

« Mes enfants sont extrêmement importants pour moi »

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Le changement de service s'effectue à six heures dans la salle de travailImage : DW

La journée de travail a beau être longue, Doris Behrends a toujours du temps à consacrer à sa famille. Elle est heureuse que tous ses enfants habitent à Bad Salzungen... du moins pour l’instant encore. Car de plus en plus de jeunes quittent la ville à la recherche d’un emploi. « Mes enfants sont extrêmement importants pour moi. J’aime beaucoup les avoir autour de moi. En fait, il ne se passe pas un seul jour sans que nous nous voyions. Lorsque c'est possible, nous prenons le petit-déjeuner ou le café ensemble, ou bien nous mangeons ensemble le soir ».

C’est cette solidarité familiale qui redonne de l’énergie à cette mère de quatre enfants, qui lui donne chaque jour la force d’entreprendre. Comme il y a 20 ans, après la chute du Mur de Berlin, lorsqu’elle a tremblé pour son emploi. En effet, dans le sillage de la réunification allemande, presque personne n’osait se rendre dans l’Est de l’Allemagne, ni y mettre en enfant au monde : la natalité a baissé de deux-tiers.

De nouvelles chances après la réunification

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Sages-femmes et médecins travaillent main dans la mainImage : DW

Mais très vite, Doris Behrends a eu plus de travail qu’au temps de la RDA. En effet, le bouleversement sociétal a ouvert de nouvelles possibilités, également pour les sage-femmes. « Il est devenu normal que les pères puissent entrer s’ils le désiraient dans la salle de travail, ou qu’on accouche sur ces nouveaux fauteuils spéciaux. Et puis sont venus les accouchements sous l’eau. Nous avons dû apprendre des tas de choses nouvelles. Les sage-femmes sont très ouvertes à la nouveauté. Nous avons suivi un nombre incalculable de séminaires », se rappelle Doris Behrends.

Le changement n’a pas seulement eu lieu sur le plan politique, mais aussi sur le plan privé. Presque en même temps que la chute du Mur, elle se marie pour la seconde fois. Cette fois-ci, c'est un « Wessi », dénomination typiquement allemande pour désigner un Allemand de l’Ouest. Son quatrième enfant naît de cette union : une fille, Franziska. Cette dernière la rapproche de son rêve d’autrefois, d'avoir une famille de cinq enfants. Aujourd’hui, Doris Behrends a déjà cinq petits-enfants, à même pas soixante ans ! Et elle en souhaite davantage : « cinq de plus, ce serait idéal ».

Sage-femme : plus qu’un métier

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Doris Behrends avec des certificats de naissance "maison"Image : DW

De combien de bébés Doris Behrends a-t-elle accompagné la naissance ? « En trente ans de carrière, ça fait certainement plus de mille » estime-t-elle. Car cela fait bien longtemps qu’elle a arrêté de compter. Pourtant, malgré toute son expérience professionnelle, chaque naissance est, aujourd’hui encore, un phénomène particulier pour elle. « On ne peut pas appeler ça un job. C’est une expérience formidable, à chaque fois. Comme un miracle, lorsqu’on voit le bébé, de s’apercevoir que tout est là, que tout fonctionne comme prévu. Leurs yeux s’ouvrent, ils commencent à faire des bruits de succion, ils cherchent le sein... Bien sûr, avec le temps, une certaine routine s’est installée. Mais il y a toujours des sentiments. » Doris Behrends a beau être une femme forte, cela lui arrive encore de verser quelques larmes, après un accouchement.

Auteur : Eugen Theise
Traduction : Christophe Lascombes
Edition : Anne Le Touzé