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Douce France

26 août 2010

En proclamant la chasse aux criminels d’origine étrangère et en expulsant les Roms, le président Nicolas Sarkozy écorne l’image de la France à l’étranger. L’UE et l’ONU se sont émues de cette dérive sécuritaire.

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Des policiers évacuent un campement Rom à Langlet, dans le Sud-ouest
Des policiers évacuent un campement Rom à Langlet, dans le Sud-ouestImage : AP

L’été politique a été chaud en France. Le 30 juillet dernier, le président Nicolas Sarkozy a prononcé le « discours de Grenoble ». Suite à des émeutes survenues mi-juillet, le chef de l’Etat a annoncé une série de mesures sécuritaires, dont notamment la possibilité de déchoir de leur nationalité française les « délinquants d’origine étrangère ».

Ceci reviendrait à inscrire dans le droit un nouveau concept de citoyenneté : les Français de souche et ceux d’origine étrangère. Conséquence : un véritable tollé politique, juridique et médiatique.

Un reportage de notre correspondante à Paris, Anne-Julie Martin.

Le débat sur la sécurité permettra-t-il au président Sarkozy de rehausser sa popularité en berne?
Le débat sur la sécurité permettra-t-il au président Sarkozy de rehausser sa popularité en berne?Image : picture alliance / dpa

Européens de seconde zone

Le gouvernement français s’en est aussi pris aux Roms en procédant à l’évacuation d’une quarantaine de campements illégaux et à l’expulsion d’une centaine de personnes vers la Roumanie. Car il faut préciser qu’on appelle Roms la dernière population nomade en Europe. La plupart d’entre eux sont originaires de Roumanie et Bulgarie, au sud-est de l’Europe. Il ne faut pas les confondre avec les Gens du voyages qui sont aussi des nomades mais ont la nationalité française.

La France accueille environ 15 000 Roms venus s’installer après l’adhésion de la Roumanie et la Bulgarie à l’Union européenne en 2007. Ceux-ci sont des ressortissants communautaires. Ils ont donc tout à fait le droit de venir en France sans visa – comme d’ailleurs dans n’importe quel autre pays membre de l’Union européenne. Toutefois, ils ne peuvent rester que trois mois. Au-delà, ceux-ci doivent prouver qu’ils peuvent subvenir à leurs besoins sans être une « charge déraisonnable pour l’état ». Et c’est sur ce dernier point, juridiquement flou, que la France joue en arguant du fait que ces populations n’ont pas de domiciliation légale et qu’il faut donc les renvoyer chez eux. Mais Bruxelles a avertit Paris : la Commission européenne surveille la situation de près pour que le droit européen soit respecté. Toutefois, Paris ne risque pas grand-chose dans cette affaire.

Une mère Rom monte dans un bus avec sa fille à l'aéroport de Lyon
Une mère Rom monte dans un bus avec sa fille à l'aéroport de LyonImage : AP

Enfin, la France ne se fait pas taper sur les doigts uniquement par l’Union européenne mais aussi par l’ONU qui a critiqué, par la voix du CERD, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, la politique suivie par Paris à l’encontre des Roms et des gens du voyage. Une politique qui n’est pourtant pas nouvelle.

Les explications de Malik Salemcour, animateur du collectif Romeurope et vice-président de la Ligue des droits de l’homme.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot