1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Drames à répétition en Méditerranée

Marie-Ange Pioerron18 octobre 2013

Une fois de plus ce sont les drames répétés de l'émigration clandestine africaine qui inspirent la presse allemande. Les naufrages au large de Lampedusa se suivent et se ressemblent.

https://p.dw.com/p/1A2A3
Bateau de secours à des naufragés au large de LampedusaImage : picture-alliance/ROPI

De nouveau un drame en Méditerranée avec des dizaines de morts, écrit die tageszeitung. De nouveau la stupeur chez les survivants et l'indignation chez les politiciens. Indignation cynique, dénonce le journal. Les responsables européens s'inclinent devant les morts à Lampedusa, pas devant les survivants. Ils resteront des sans-papiers. L'Europe poursuit la taz, finance à coup de milliards des forces de paix de l'ONU dans des zones de conflit en Afrique. Elles ont pour mandat de "protéger la population civile". Mais personne ne protège les civils en Méditerranée. Cela dit, le problème n'est pas seulement européen. Les morts ont des nationalités et des gouvernements. Quand est-ce qu'un gouvernement africain prendra enfin des mesures énergiques pour protéger ses ressortissants à l'étranger?

Réfugiés sauvés à Malte, 12.10.13
Réfugiés sauvés à Malte, 12.10.13Image : Reuters

Pas avant longtemps, si l'on en croit l'hebdomadaire der Freitag qui dénonce le silence de l'Afrique. L'Union africaine n'a pas dit ce qu'elle compte faire pour aider les victimes ou contrer ce genre de catastrophe. Les responsables africains, note ironiquement le journal, sont peut-être trop occupés avec leurs soucis privés. La Berliner Zeitung appelle les Européens à porter un autre regard sur l'Afrique, trop souvent perçue comme un continent perdu. En ayant pris l'habitude de considérer la porosité des frontières extérieures européennes comme un fardeau, nous nous privons de la richesse culturelle et sociale qu'aurait à offrir un échange fructueux avec les Etats africains.

Symbolbild Barclays Probleme
Image : Reuters

Etre Somalien en Grande-Bretagne

L'émigration africaine en Europe, ce sont aussi les 115 000 Somaliens qui vivent en Grande-bretagne. Mais selon un journal allemand, ils sont souvent soupçonnés de terrorisme. Cela est encore plus vrai, lit-on dans die tageszeitung, depuis l'attaque contre le centre commercial de Nairobi. Ces dernières années, il a été régulièrement fait état de tentatives de recrutement pour les milices shebab chez les Somaliens exilés en Grande-Bretagne. Certains auraient participé à l'attaque de Nairobi. L'émigration somalienne en Grande-Bretagne, précise le journal, remonte au 19ème siècle. Jusqu'en 1960 le nord de la Somalie était un protectorat britannique appellé "Somaliland". Aujourd'hui , après avoir proclamé son indépendance, il a repris ce nom. Le journal relate aussi qu'il est de plus en plus difficile, pour les Somaliens établis en Grande-Bretagne, d'envoyer de l'argent dans leur pays. Faute d'un système bancaire en Somalie, explique le journal, les transferts d'argent depuis l'étranger fonctionnent de la manière suivante: à Londres par exemple, l'argent est versé sur le compte britannique d'une institution financière somalienne qui, en Somalie, remet le montant au destinataire. La Barclays Bank, banque britannique, s'occupe de ces transactions. Mais sous la pression du gouvernement britannique, qui a déclaré la guerre au blanchiment d'argent, à la fraude fiscale et au financement du terrorisme, Barclays a annoncé la fermeture des comptes des institutions financières somaliennes.

Uhuru Kenyatta dans son discours à la nation le 22.09.13
Uhuru Kenyatta dans son discours à la nation le 22.09.13Image : John Muchucha/AFP/Getty Images

La voie africaine

Trois semaines après l'attentat de Nairobi, un autre journal estime que le président kényan Uhuru Kenyatta voit ses chances augmenter d'échapper à un procès devant la Cour pénale internationale. L'Union africaine, relève en effet le Tagesspiegel de Berlin, a décidé de demander au conseil de sécurité de l'ONU de suspendre pour des "raisons de sécurité" les procès contre Kenyatta et son vice-président Ruto. Et poursuit le journal, l'offensive diplomatique lancée par Kenyatta depuis son investiture en mars commence à avoir un effet chez les occidentaux. Selon des informations du quotidien britannique "Telegraph" la Grande-Bretagne et la France préparent une résolution en ce sens. Le conseil de sécurité peut décider la suspension d'une procédure à la CPI si cela semble nécessaire pour le maintien "de la paix et de la sécurité dans le monde". Après l'attaque contre le Westgate de Nairobi, cet argument semble trouver un plus grand écho qu'auparavant chez les diplomates occidentaux. Des diplomates contre lesquels le gouvernement kenyan a déclaré une sorte de guerre froide, selon la représentante de la fondation Heinrich Böll à Nairobi, citée dans l'article. Le nouvel ambassadeur d'Allemagne au Kenya, Andreas Peschke, n'a toujours pas obtenu son visa. Les ambassadeurs de France, de Hongrie, d'Autriche et d'Italie attendent toujours d'être accrédités.

Conférence de presse de la Fondation Mo Ibrahim le 14.10.13
Conférence de presse de la Fondation Mo Ibrahim le 14.10.13Image : Mo Ibrahim Foundation

Un prix sans lauréat

Puis une fois de plus le prix Mo Ibrahim n'a pas été décerné cette année. Le jury n'a pas trouvé, parmi les anciens chefs d'Etat africains, de lauréat susceptible de mériter cette distinction créée par l'ancien oligarque soudanais de la téléphonie mobile, Mo Ibrahim. La presse allemande s'en fait l'écho. Comme le concède la Berliner Zeitung, la barre est placée très haut. Non seulement le candidat doit avoir accédé à son poste de manière démocratique, mais pendant son mandat il a dû s'occuper du bien être de son peuple de façon exceptionnelle puis avoir quitté volontairement le pouvoir. Cela restreint considérablement le cercle des aspirants, souligne le journal. Mais celui qui reçoit le prix n'a plus de souci financier à se faire pour le restant de ses jours, il reçoit cinq millions de dollars sur dix ans plus 200 000 dollars par an jusqu'à sa mort. L'objectif déclaré du fondateur du prix, poursuit le journal, était d'encourager les potentats africains à ne pas s'accrocher au pouvoir. Il voulait aussi contrer l'impression qu'il n'existe pas de bons dirigeants sur le continent africain. En ce sens les membres du jury viennent de marquer un but contre leur propre camp, la non-attribution continue du prix est la plus mauvaise publicité que l'on puisse imaginer. D'où sans doute la proposition déjà formulée en Afrique du sud, à savoir décerner le prix non pas à des anciens présidents mais à des dirigeants d'organisations non gouvernementales.

L'ancien président Horst Köhler en avril 2013
L'ancien président Horst Köhler en avril 2013Image : picture-alliance/dpa

Et puisque nous parlons d'anciens présidents, la Berliner Zeitung nous apprend que l'ancien président allemand Horst Köhler, a officiellement représenté l'Allemagne à la cérémonie d'investiture du nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keita. Cela n'a rien d'exceptionnel, explique le journal. Angela Merkel ne pouvait pas, Joachim Gauck, le président en exercice, non plus. Et Horst Köhler, note le journal, n'a de toute façon pas disparu de la surface de la terre. Il continue de s'engager dans la politique de développement.