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D'une justice à l'autre

26 novembre 2010

Cette semaine l'Afrique est surtout présente dans les journaux par le biais de deux procès. Le premier s'est ouvert lundi dernier à Hambourg. Dix jeunes Somaliens y sont jugés pour des actes de piraterie.

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Deux des inculpés à l'ouverture du procèsImage : dapd

Ils sont accusés, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, d'avoir attaqué un navire allemand dans l'océan Indien pour le piller et prendre l'équipage en otage. Mais l'attaque a échoué, des marins néerlandais ont arrêté les pirates. Trois mois plus tard ils étaient en détention préventive à Hambourg. Mais ce procès, souligne le journal, suit un étrange scénario. Pour trois au moins des pirates, c'est le droit pénal pour mineurs qui devrait être appliqué. Un droit qui n'entend pas punir, mais éduquer. L'un des accusés, Abdul Ahmed W, n'aurait même, selon ses propres dires, que 13 ans. L'âge de la majorité pénale en Allemagne est de 14 ans, précise le journal.

Le quotidien Die Welt, comme toute la presse, ne manque pas de souligner qu'il s'agit du premier procès en piraterie depuis 400 ans en Allemagne. Allons-nous vivre en direct une pièce que nous connaissons seulement par les romans d'aventure, s'interroge le journal. Non sans doute. La plupart des accusés sont de pauvres diables, originaires d'un pays sans Etat, sans la moindre chance de mener une vie plus ou moins réglée. Leur place est pourtant en prison souligne Die Welt. Voir dans ce procès l'expression de "l'exploitation néocoloniale de l'Afrique" serait une erreur. S'il y avait quelque chose à "exploiter" en Somalie, la situation serait sans doute meilleure pour ses habitants. Mais ce n'est pas le cas. Et on est en droit de se demander si certains de ces pirates ne sont pas mieux en prison à Hambourg qu'á mener une vie sous des chefs de guerre qui ne sont soumis à aucune loi.

Trainingsmission Somalia
L'UE forme des soldats somaliens en OugandaImage : Daniel Scheschkewitz

Toujours à propos de la Somalie, la Tageszeitung publie un très long article sur la formation, en Ethiopie, de forces de sécurité somaliennes, une formation financée entre autres par l'Allemagne et qui selon le journal soulève bien des questions. Ces forces formées pour des missions de police à Mogadiscio sont maintenant en guerre contre les islamistes, note le journal. A Berlin le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères n'exclut pas qu'ils soient impliqués dans des combats. Et comme le note plus loin le journal, ces forces spéciales formées à l'étranger pourraient se révéler un atout dans le conflit, du fait précisément de leur bonne formation. Pas nécessairement au profit du gouvernement toutefois, mais au profit du plus offrant.

Jean-Pierre Bemba Internationaler Strafgerichtshof
Image : dpa

Le procès Bemba

L'autre procès dont il est question cette semaine dans la presse allemande s'est ouvert lui aussi lundi dernier, mais cette fois à La Haye aux Pays-Bas, devant la Cour pénale internationale. C'est celui de l'ancien chef de guerre et ex-vice-président de la République démocratique du Congo. Jean-Pierre Bemba est accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour des crimes qui auraient été commis en République Centrafricaine, entre octobre 2002 et janvier 2003, par des miliciens de son Mouvement de libération du Congo.

Comme le rappelle la Tageszeitung, cette intervention a fait suite à une demande du président Ange-Félix Patassé. Mais alors que Patassé a été entre-temps amnistié et compte se présenter à l'élection présidentielle de 2011 contre le président sortant Bozizé, Jean-Pierre Bemba est en prison à La Haye. Ce n'est pas le seul facteur qui fait douter les innombrables partisans de Bemba de la neutralité de la cour. Le chef du MLC, qui en 2006, au second tour de la présidentielle en RDC, avait recueilli 46% des voix contre Kabila, et était parti ensuite en exil, a été arrêté à Bruxelles alors qu'il s'apprêtait à rentrer au Congo comme chef de l'opposition parlementaire. Le moment choisi pour son arrestation a donc surtout sauvé Kabila du retour d'un dangereux adversaire politique. Nombreux sont ceux qui présument que la mise de Bemba sur la touche est le prix payé par la CPI pour travailler librement en RDC. Mais poursuit le journal, l'inculpation de Bemba repose sur des bases fragiles, tant politiques que juridiques. Dans son cas il y va de sa responsabilité de chef pour des crimes présumés, commis par ses soldats en RCA. Selon l'accusation, même si Bemba n'a pas lui-même commis les crimes ni ne les a ordonnés, il en a été forcément informé et aurait pu les éviter. Cela devrait être très difficile à prouver , souligne la Tageszeitung, d'autant qu'il avait placé ses soldats à Bangui sous le commandement du président Patassé.

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Test de dépistage en Afrique du sudImage : picture alliance/dpa

ONUSIDA: un rapport mitigé

Une tendance globalement positive, mais deux mauvaises nouvelles - ainsi peut-on résumer la rapport annuel publié cette semaine par l'ONUSIDA, et la presse allemande, bien sûr, s'en fait l'écho. La tendance positive, note la Tageszeitung, est que le nombre de nouvelles infections dans le monde a diminué depuis 1999. La première mauva est qu'il a revanche augmenté en Europe de l'est et en Asie centrale. La seconde mauvaise nouvelle est que, dans les pays à faibles revenus, un tiers seulement des malades du sida ont accès aux médicaments existants. En Afrique relève le journal, les progrès sont notoires. Sur les 56 pays dans lesquels le rapport de l'ONU constate des progrès dans la lutte contre le sida, 34 sont situés en Afrique subsaharienne. Sur les cinq pays de cette région les plus durement touchés, quatre, à savoir l'Ethiopie, l'Afrique du sud, la Zambie et le Zimbabwe, ont pu réduire de plus de 25% le taux de nouvelles infections depuis 1999. Le Nigéria a ramené ce taux à celui de 1999. En Afrique du sud le taux de nouvelles infections chez les jeunes femmes a baissé de plus de 60%.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum