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Ebola : bientôt un remède?

Philippe Pognan7 août 2014

L'OMS, l'Organisation mondiale de la santé a saisi un groupe d'experts sur les questions d'éthique quant à l'usage éventuel d'un médicament expérimental mis au point aux États-Unis. C'est un traitement porteur d'espoir.

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Plus de 930 personnes sont mortes en Afrique à cause du virus Ebola
Plus de 930 personnes sont mortes en Afrique à cause du virus EbolaImage : Reuters

932 morts sur 1.711 cas d'infections, c'est le dernier bilan provisoire de l'OMS sur l'épidémie due au virus Ebola en Afrique de l'Ouest. La Sierra Leone, le Liberia et la Guinée sont les pays les plus touchés, mais on craint aussi une propagation de l'épidémie au Nigeria, où l'on dénombre une dizaine de cas suspects d'infection et deux décès confirmés dûs à la fièvre hémorragique. Les autorités sanitaires nationales et internationales sont en état d'alerte.

Jusqu'ici, il n'existe aucun remède, aucun vaccin certifié. Mais, la firme pharmaceutique américaine, Mapp Biopharmaceutical Inc., a développé en collaboration avec la société canadienne, Defyrus, un nouveau traitement appelé ZMapp. Jusqu'ici le sérum n'avait été testé que sur des singes, mais les résultats étaient positifs.

Le sérum administré à des humains

C'est une exception: deux Américains sont actuellement traités avec ce nouveau remède, à leur propre risque : la missionnaire américaine Nancy Writebol, infectée par le virus au Liberia, et rapatriée mardi par avion sanitaire aux États-Unis et le docteur Kent Brantly, également contaminé au Liberia et rapatrié samedi. Ils sont traités en quarantaine dans un hôpital spécialement équipé à Atlanta où on leur a administré cet anticorps expérimental, non homologué par les autorités sanitaires.

Le docteur Kent Brantly travaillait à la clinique Foya au Liberia (photo prise en juin 2014)
Le docteur Kent Brantly travaillait à la clinique Foya au Liberia (photo prise en juin 2014)Image : picture-alliance/dpa

Les symptomes de la maladie se sont estompés alors que leur état était encore jugé grave en fin de semaine dernière. Un médecin qui a administré la première dose en Afrique au docteur Brantly aurait même parlé de traitement «miraculeux», rapportent des médias américains. Toutefois de nombreux experts freinent cet enthousiasme.

Éthique et sécurité

Car administrer ce nouveau sérum à tous les patients atteints des symptômes d'Ebola pose des questions d'éthique et de sécurité, comme pour tout nouveau médicament : de nombreuses études cliniques et des tests sur des humains doivent être réalisés sur plusieurs mois, voire plusieurs années afin qu'un médicament puisse être homologué et son emploi généralisé sans danger. C'est pourquoi l'Organisation Mondiale de la Santé a saisi un groupe d'experts sur les questions d'éthique quant à l'usage éventuel de ce médicament. Par ailleurs, l'OMS souligne aussi qu'actuellement, seules de petites quantités de ce médicament sont disponibles et qu'il faudrait choisir à qui l'administrer.

La Sierra Leone, la Guinée et le Liberia sont les pays les plus touchés par l'épidémie
La Sierra Leone, la Guinée et le Liberia sont les pays les plus touchés par l'épidémie

Quoi qu'il en soit, la firme américaine Mapp Biopharmaceutical Inc. n'est pas la seule à pousser les recherches dans le domaine de la lutte contre la fièvre hémorragique d'Ebola. Des scientifiques de l'Université de Cambridge ont également testé un sérum sur des singes, là aussi avec succès. Mais jusqu'à l'approbation et la certification par les autorités médicales, il reste encore du chemin à parcourir. Reste à savoir si, devant la gravité de la situation, l'OMS renoncera aux études cliniques et donnera le feu vert à l'utilisation immédiate pour éviter une pandémie.