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Egypte : l'apprentissage de la liberté

18 novembre 2011

Curieusement, la presse s'intéresse peu aux élections en République démocratique du Congo. Les journaux regardent plutôt vers le Caire. Comme les Congolais, les Egyptiens sont appellés aux urnes le 28 novembre.

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Manifestation pour l'abrogation de l'état d'urgence avant les électionsImage : picture-alliance/dpa

Ce sera le premier tour des élections législatives, les premières élections vraiment libres dans le pays, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui rappelle que dans le passé il était rare que plus de 5% des électeurs fassent usage de leur droit de vote. Cette fois-ci de longues files d'attente devraient se former devant les bureaux de vote. Plus de 50 partis politiques présentent des listes pour deux-tiers des mandats, le tiers restant étant réservé à des candidats indépendants, qui se présentent à titre individuel. Parmi eux, poursuit le journal, l'intellectuel laïc Amr El Schaubaki. C'est une voix bien connue dans le débat politique en Egypte. Si des gens comme lui sont élus, souligne le journal, c'est un nouveau type d'homme politique qui siégera au parlement. Dans l'histoire récente du pays c'était la plupart du temps des familles de notables qui faisaient le lien entre dominants et dominés. Sous Moubarak ils étaient donc membres du NDP, le parti au pouvoir. Ils avaient accès aux ressources de l'Etat et les redistribuaient dans leurs circonscriptions électorales. Depuis la chute de Moubarak et la dissolution du NDP, la plupart d'entre eux sont discrédités.

Muslimbrüderschaft in Ägypten
Frères musulmans au Caire, janvier 2011Image : picture alliance/ZUMA Press

L'hebdomadaire Die Zeit a envoyé un journaliste à Mahalla al-Kubra. C'est là que se trouve la plus grande usine textile d'Egypte. Ses ouvriers, note le journal, sont réputés et craints pour leur colère. La direction de l'usine a autant peur d'eux que les puissants qui résident au Caire. Là se trouve le berceau de la révolution de 2011. A l'approche des élections qu'en est-il de la colère des ouvriers? A qui donneront-ils leurs voix? Comme l'explique Hamdi Hussein, un ouvrier à la retraite interrogé par le journal, l'objectif maintenant a pour nom "justice", en clair arrêt des privatisations, transfert du pouvoir à un "gouvernement du peuple" démocratiquement élu, et introduction d'un salaire minimum de 1 200 livres (environ 150 euros). Les ouvriers de l'usine textile n'en reçoivent actuellement que la moitié. Raison pour laquelle sans doute les Frères musulmans sont donnés favoris. Les islamistes, souligne un autre ouvrier, font quelque chose contre la pauvreté. Bref, constate le journal, dans l'ancien fief du socialisme arabe, la droite et les religieux ont à présent une chance énorme.

Sambia Wahlsieger Präsident Michael Sata
Michael Sata, lors de l'élection présidentielleImage : AP

De la parole aux actes en Zambie

La presse allemande s'intéresse également aux ouvriers des mines de cuivre en Zambie. Le nouveau président zambien Michael Sata leur a fait beaucoup de promesses pendant sa campagne électorale. Michael Sata, lit-on dans die Tageszeitung, a été élu en septembre avec les voix des pauvres. Il lui faut maintenant apporter la preuve que ses promesses d'amélioration de la situation sociale n'étaient pas des paroles en l'air. Alors que la Zambie est le premier producteur de cuivre en Afrique, il vient d'attirer sur lui la colère des propriétaires de mines. Dans son nouveau budget national il a doublé - de 3 à 6% - les royalties à payer par les sociétés minières étrangères sur les exportations de cuivre. Le président Sata, poursuit le journal, avait promis avant son élection d'accroître les revenus de la population et de redistribuer les recettes tirées des riches mines de cuivre. Mais plus de taxes signifie moins de bénéfices pour les compagnies minières, souvent chinoises. Michael Sata, note le journal, est un virulent détracteur de ce qu'il appelle le "bradage de la Zambie aux Chinois". Il a recueilli beaucoup de voix en promettant de réformer l'industrie minière. Mais il tente quand même, à présent, de coopérer avec les Chinois, car la Zambie a de toute urgence besoin de capitaux.

Symbolbild Überschwemmungen Westafrika
Inondations à Dakar en 2009Image : picture alliance/dpa

Durban et le changement climatique

A l'approche de la conférence de Durban sur le climat, la presse relate cette semaine comment l'Afrique australe se prépare au changement climatique annoncé. Le Tagesspiegel de Berlin prend l'exemple du parc transfrontalier à cheval sur l'Afrique du sud, le Mozambique et le Zimbabwe. C'est, écrit-il, un projet phare pour une protection transfrontalière de la nature et un modèle de coopération dans la lutte contre le changement climatique. Dans cette partie du globe, c'est déjà une amère réalité. Comme le souligne Baldeu Chande, directeur du parc du Limpopo au Mozambique, "les gens sentent que quelque chose cloche, mais ils en ignorent la cause": Dans certaines régions, note le journal, il ne pleut pratiquement plus, dans d'autres les pluies sont si abondantes que des contrées entières sont inondées. Le Mozambique en a fait plusieurs fois l'expérience. Le Tagesspiegel explique aussi comment, avec des fonds du ministère allemand de l'environnement, une surveillance par satellite va être mise en place pour surveiller la forêt de Miambo, le deuxième plus grand bassin forestier d'Afrique. Le Mozambique, le Zimbabwe, l'Angola, le Malawi, la Namibie et le Congo se sont engagés à stopper son déboisement. Les Africains, ajoute le journal, y voient une contrepartie à la réduction, par les pays industriels, de leurs émissions de CO².

Afrika Elefant Silhouette
Image : Westa Zikas - Fotolia.com

Protection de la faune: le Kenya innove

La protection de la nature est aussi au coeur d'un article sur le Kenya. Il est question d'une nouvelle forme de réserve naturelle, censée profiter pareillement aux populations locales, à la faune et aux visiteurs. Comme le rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le tourisme est au Kenya la principale source de devises. Les safaris fournissent ici l'essentiel des recettes. Le pays est conscient depuis longtemps de l'importance économique de sa faune et protège les animaux dans de nombreux parc nationaux. Mais note le journal, la création de parcs naturels s'est souvent faite au détriment des populations locales, Beaucoup de Massai ont été chassés de chez eux lors de la création, dans les années 70, du Massaï Mara, la réserve la plus célèbre du Kenya. Alors en quoi consiste la nouvelle approche? Eh bien elle s'appuie d'abord sur la liberté de choix. Personne n'est contraint de céder sa terre. Qui préfère rester, peut rester. Les autres louent leur terre pour 15 ans à un consortium, à un prix équivalent à celui d'une terre agricole et valable pour toute la durée du bail. Si le tourisme chute, les propriétaires terriens massaï touchent quand même leur argent, souligne le journal qui note que la nouvelle formule a déjà beaucoup de succès.

Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Fréjus Quenum