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En Côte d'Ivoire, mystère sur une réforme constitutionnelle

5 mars 2020

Lors de son discours devant le congrès, le président Alassane Ouattara devrait évoquer la réforme dont le contenu est jusqu'ici gardé secret. Le discours intervient à quelques mois de la présidentielle d'octobre.

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Le président Alassane Ouattara (78 ans) estime que le changement de constitution lui permet de briguer à nouveau le mandat suprême
Le président Alassane Ouattara (78 ans) estime que le changement de constitution lui permet de briguer à nouveau le mandat suprêmeImage : REUTERS/T. Gouegnon

"On cherche à mettre les Ivoiriens devant le fait accompli" - André Sylver Konan

C'est un discours sur l'état de la nation qui a lieu chaque année. Mais le contexte actuel rend l'intervention du président Alassane Ouattara un peu particulière. C'est la première fois que le congrès se réunit, depuis la création du Sénat par la constitution actuelle, adoptée en 2016.

Ensuite, le pays se trouve à moins d'un an d'une élection présidentielle qui suscite déjà des remous. Le chef de l'Etat ivoirien devrait lever le voile sur le contenu de cette réforme constitutionnelle qu'il a lui-même annoncée au début de l'année 2020.

Une réforme qui déclenche beaucoup d'interrogations

Aucune explication n'a été donnée sur les articles qui seront retouchés.

D'après plusieurs sources concordantes, la nouvelle constitution ivoirienne devrait être définitivement adoptée avant la fin du mois de mars 2020. Ceci permettrait au pays de se conformer aux directives en vigueur dans l'espace UEMOA.

Celles-ci imposent aux Etats membres de retoucher la loi fondamentale au plus tard six mois avant l'échéance prévue pour l'élection présidentielle. En Côte d'Ivoire, cette élection devrait intervenir au mois d'octobre.

Mystère autour des articles qui seront modifiés

Tous les proches du président Ouattara que la DW a contactés renvoient à son intervention ce jeudi (05.03.2020) devant le Congrès.

Une stratégie de passage en force selon André Sylver Konan, analyste ivoirien. "On est à sept mois d'une élection présidentielle et à quelques heures du début du processus de révision constitutionnelle, personne en Côte d'Ivoire - je dis bien personne à part le président et peut-être certains ministres - personne ne sait quel texte exactement sera soumis à révision", s'inquiète ce journaliste d'investigation ivoirien, par ailleurs analyste politique.

En 2016, l'adoption de l'actuelle constitution avait suscité des manifestations hostiles au pouvoir
En 2016, l'adoption de l'actuelle constitution avait suscité des manifestations hostiles au pouvoirImage : picture-alliance/dpa/L. Koula

"C'est la stratégie constante du passage en force. C'est-à-dire qu'on cherche à mettre les citoyens ivoiriens devant le fait accompli dans un parlement monocolore où les textes passent comme une lettre à la poste", dénonce-t-il.

La constitution ivoirienne peut être modifiée à la majorité des 2/3 de l'Assemblée.

Les assurances d'un député de la majorité

Yaya Sangaré, député du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont est aussi membre le président Alassane Ouattara, relativise les inquiétudes exprimées sur le mystère qui entourait les aspects de la modification constitutionnelle.

"Nous savons déjà qu'il y aura une révision constitutionnelle qui va s'opérer, ce qui est d'ailleurs légal. La constitution donne le droit au président de la république de saisir le parlement à l'effet de réviser la constitution. Mais je suppose, connaissant le président de la république, qu'il va annoncer de bonnes choses pour la Côte d'Ivoire", affirme le député ivoirien.

L'ancien président Henri Konan Bedie (86 ans) n'exclut pas lui aussi de se présenter au nom de son parti le PDCI
L'ancien président Henri Konan Bedie (86 ans) n'exclut pas lui aussi de se présenter au nom de son parti le PDCIImage : AFP/Getty Images/S. Kambou

Parmi les sujets qui agitent la vie politique de la Côte d'Ivoire en ce moment, il y a les critères de participation à l'élection présidentielle.

William Atébi, un cadre du Front populaire ivoirien (FPI, aile Affi Nguessan), parti d'opposition, pense que le climat politique bénéficiera d'une remise en liberté des détenus politiques.

Lors d'une sortie médiatique, le président Ouattara a laissé entendre qu'il n'empêcherait personne de se présenter à l'élection du mois d'octobre, y compris lui-même.

Réagissant à cela, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié a évoqué un "tripatouillage", et l'ancien Premier ministre Guillaume Soro, candidat déclaré à la présidentielle et actuellement en exil, a jugé la réforme constitutionnelle "inacceptable".

Lire ausi → Alassane Ouattara n’exclut pas un troisième mandat

Il est aussi prévu une modification de la loi électorale. Celle-ci devrait être présentée le 28 mars 2020 devant l'Assemblée nationale.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum