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Guinée : les victimes du 28 septembre réclament justice

Bangaly Condé
28 septembre 2020

Le 28 septembre 2009, des militaires avaient selon l'Onu, tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans un stade de Conakry. Onze ans après, ces crimes restent impunis.

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Des corps exposés en octobre 2009, pour une prière, dans une mosquée de Conakry
Des corps exposés en octobre 2009, pour une prière, dans une mosquée de ConakryImage : AP

En janvier dernier, le gouvernement guinéen avait annoncé la date du mois de juin 2020, pour l’ouverture du procès du 28 septembre 2009. Depuis cette annonce et après la pose de la première pierre du tribunal spécialement prévu à cet effet, difficile d’avoir des informations sur la construction de ce bâtiment et encore moins sur la date du procès.

Le ministère de la Justice affirme que tout est prêt pour la tenue du procès sans donner cependant de détails. Les personnes rencontrées dans les rues de Conakry, dénoncent la lenteur de ce processus. "Ce qui s’est passé est pitoyable, pourquoi n’y a-t-il pas de justice ? On fait tuer les gens inutilement", s'indigne cet habitant de Conkakry joint par la DW avant d'ajouter qu'il y a un manque de volonté des autorités parce que "s’il y avait la volonté on aurait dû faire cela depuis très longtemps. A un moment, ils ont dit qu’ils vont construire un endroit où aura lieu le procès mais jusqu’à présent il n’y a rien eu."

Pour un autre habitant de Conakry, le dosssier doit vite avancer car "Il y a la frustration des gens qui attendent depuis plus de dix ans. Il faut un jugement public pour que ceux qui ont été violés et violentés arrivent à avoir le jugement par rapport à ce qu’ils ont subi."

Le 2 octobre 2009, prière pour les victimes du 28 septembre, à la grande mosquée de Conakry
Le 2 octobre 2009, prière pour les victimes du 28 septembre, à la grande mosquée de Conakry Image : SEYLLOU/AFP/Getty Images

Manque de volonté politique

L’association des victimes parents et amis (AVIPA) dirigée par Asmao Diallo, parle de manque de volonté politique dans ce dossier du 28 septembre 2009. Elle demande l’implication de tous les acteurs pour que justice soit rendue. "Tant qu’on n’a pas la justice nous serons obligés de commémorer pour rappeler à nos dirigeants que les victimes sont toujours là. Et on attend, on ne va pas changer de position. Notre position c’est quoi ? C’est le combat pour obtenir un procès équitable, un procès clair pour toutes les victimes du 28 septembre. Nous réclamons une protection nationale pour toutes les victimes", affirment Asmao Diallo.

Dans ce dossier du 28 septembre 2009, plusieurs personnalités ont été entendues par le pool de juges d’instruction dont certaines sont toujours en fonction. Le budget de la cour est estimé à 78 milliards de francs guinéens, 77% seront payés par l’Etat Guinéen et 23% par les partenaires internationaux dont l’union Européenne. 

"Il y a de la frustration chez des gens qui attendent depuis plus de dix ans" ( Citoyen guinéen)

Crime contre l'humanité

Le 28 septembre 2009, les forces de défense et de sécurité et des militaires avaient battu, poignardé et tué par balles des opposants au régime militaire. Des opposants rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour réclamer que le président autoproclamé depuis décembre 2008, Moussa Dadis Camara, ne se présente pas à la prochaine élection présidentielle.

Une Commission d’enquête internationale nommée par l’ONU a établi en décembre 2009 que l’attaque  a fait au moins 157 morts et disparus, dont un certain nombre de femmes décédées des suites de violentes agressions sexuelles.

La Commission a également conclu que ce massacre constitue un "crime contre l’humanité", et a conclu à la responsabilité pénale individuelle de plusieurs responsables guinéens, dont Moussa Dadis Camara.