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En Inde, la colère des femmes

Katia Bitsch30 décembre 2012

La mort d'une jeune étudiante après un viol collectif a déclenché un mouvement de protestation inédit. Les femmes demandent au gouvernement d'agir. À New Delhi, toutes les 18 heures, un viol est signalé à la police.

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Une manifestation le 29 décembre à New Delhi
Une manifestation le 29 décembre à New DelhiImage : Reuters

Le 16 décembre 2012, dans la capitale indienne, une étudiante en médecine de 23 ans est violée pendant près d'une heure à l'intérieur d'un minibus. Ses agresseurs, dont le chauffeur, l'ont ensuite frappée à coups de barre de fer avant de la jeter du véhicule en marche.

Indien junge Frau Vergewaltigung Opfer Gewalt Singapur
La victime, tranférée à Singapour dans un état critique, est morte ce samediImage : dapd

Le bus avait traversé plusieurs barrages de police durant le calvaire de la victime sans que personne ne se soucie de ce qui se passait. Face à la sauvagerie de cette agression, la foule a laissé exploser sa rage jusqu'ici contenue. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer les violences faites aux femmes.

Le "test du doigt"

Les viols collectifs sont fréquents en Inde mais peu de victimes déposent plaintes, découragées par un système judiciaire poussif et par le laxisme des policiers hommes. Dans les campagnes pauvres de l'Inde, les victimes de violences sexuelles sont souvent réduites au silence afin de préserver l'honneur de leur famille. Selon l'ONG Human Rights Watch, les femmes violées doivent souvent passer de multiples examens médicaux dégradants comme le "test du doigt", une pratique utilisée pour vérifier si la femme a régulièrement des rapports sexuels.

Cette année, dans la capitale indienne, 24.206 agressions sexuelles ont été rapportées. Un chiffre en hausse de 9,2% par rapport à 2011. D'après des statistiques gouvernementales, le nombre d'agressions sexuelles a augmenté de 17% dans le pays entre 2007 et 2011.

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Les funérailles de la "fille de l'Inde" ont eu lieu ce dimancheImage : picture-alliance/dpa

Cet énième viol brutal du 16 décembre a été l'événement déclencheur ; les femmes réclament désormais plus de sécurité et la fin de l'impunité. L'ampleur de la mobilisation a poussé le gouvernement à promettre des peines plus lourdes pour les crimes sexuels et des mesures concrètes pour la sécurité des femmes.

« La fille de l'Inde »

Quinze jours après son agression, la jeune femme, soignée dans un hôpital de Singapour est morte des suites de ses blessures. Le Premier ministre Manmohan Singh a exprimé son souhait que les "émotions et énergies" déclenchées par l'événement soient utilisées de manière "constructive". Sonia Gandhi, chef du parti du Congrès (au pouvoir) a également affirmé que le combat de celle que l'on surnomme désormais « la fille de l'Inde » n'aura pas été vain. Elle est désormais devenue le symbole de la lutte des femmes.