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En Italie, les migrantes exploitées sexuellement

Jan-Philipp Scholz | Emilie Ginestou
8 février 2017

Des dizaines de milliers de jeunes Africaines sont exploitées comme prostituées, sous la coupe de réseaux mafieux nigérians, spécialisés dans le trafic d'êtres humains. Notamment en Italie.

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Italien Florenz Bild 12:Frau Opfer Menschenhandel
Image : DW/A. Kriesch/J.-P. Scholz

Elles seraient 200 000 à 400 000 migrantes à vivre le calvaire de la prostitution en Europe. Parmi elles, beaucoup sont nigérianes. Elles sont trompées par de fausses promesses, et se retrouvent piégées dans les bordels de Lyon, Madrid ou Turin. 

Certains bénévoles d'associations catholiques parviennent parfois à mettre ces jeunes filles à l'abri dans des foyers. Elles sont reconnues comme victimes de violences sexuelles, ce qui les protège provisoirement de l'expulsion. Kate vient de Benin City, au Sud du Nigeria. Elle est en Italie depuis un an: "Ils m'ont dit qu'ils me trouveraient un travail. Qu'il y avait beaucoup d'opportunités ici. Mais ils n'ont pas précisé que ce serait dans la rue."

Le calvaire de ces femmes commence souvent bien avant l'arrivée sur le sol européen. Le voyage est marqué par les violences: "J'ai été violée deux fois. Une fois au Nigeria, par l'homme qui me menait à Kano. La deuxième fois dans le désert. Des soldats qui m'ont fait la même chose."

Nigeria Bayero Universität in Kano
Kate a été amenée à Kano, lors de son périple vers l'EuropeImage : Aminu Abubakar/AFP/GettyImages

Des dettes envers les réseaux mafieux

Les réseaux mafieux sont dominés en Italie par les "Madames", des femmes qui exploitent d'autres femmes. Leurs complices se chargent de recruter des filles et les amènent jusqu'en Europe. Katia, une bénévole, a entendu de terribles histoires.

"Il n'est pas rare que des filles nous racontent qu'elles ont été attaquées par des groupes d'hommes. Ils les violent, les oblige à faire des choses étranges. Et ils ne leur donnent presque rien."

Ces jeunes femmes font jusqu'à 20 passes par jour. Leurs dettes sont énormes : de 30 à 40 mille euros. C'est le prix du voyage, puis de la vie quotidienne. Dépourvues de papiers, elles ne peuvent se tourner vers la police par peur de l'expulsion.

Les bénévoles sont déterminés à offrir un nouveau départ à ces jeunes filles. Cela commence par l'obtention de papiers et par le dépôt d'une plainte pour sévices sexuels. Une démarche souvent difficile pour ces filles qui restent longtemps terrorisées.